Fellini est un cinéaste de la forme, c’est à dire qu’il est plus intéressé par la façon d’exprimer son propos que par le propos lui-même. C’est sans doute pour cette raison qu’il affectionne les films à sketches, dont Roma est un exemple. Ces sketches s’enchaînent à la manière des mouvements d’une œuvre musicale, en effets kaléidoscopiques censés construire une image globale.
L’auteur compile ici ses souvenirs et ses impressions de la capitale romaine, actuels et anciens, et présente ces derniers en abyme, en filmant une équipe de tournage à l’œuvre.
Dès les premiers instants, l’inventivité et la truculence s’imposent. Comique de situation, outrance du langage : les latins tels qu’on les imagine, de sortie et à domicile, en forçant le trait. Puis viennent les moments d’émotion, et, sous-jacente, une réflexion sur le destin de cette ville triple : capitale d’empire antique, siège du pontificat, et métropole contemporaine.
Si l’excellence domine, si la construction est pensée, si l’alternance de poésie, d’émotion et de burlesque est bienvenue, des coupures s’imposaient au montage. Quasiment toutes les séquences sont trop longues, ce qui appuie inutilement les effets et engendre la lassitude.
Vers la fin, on s’impatiente, incapable donc de profiter pleinement du ballet final des motos dans Rome endormie, une conclusion pourtant étonnante et magistrale.
Par ailleurs, une certaine complaisance pour la vulgarité nuit par moment au propos.
Une œuvre importante des grandes heures du cinéma italien, mais qui aurait gagné à une durée standard, soit une vingtaine de minutes en moins.