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Kurosawa
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5,0
Publiée le 21 mai 2015
Sous l'occupation nazie, le lieutenant Fontaine est fait prisonnier. Une seule motivation l'habite: s'évader. Pendant une heure et demie, le spectateur va se trouver dans la tête du protagoniste, jusqu'à se poser les mêmes questions que lui, éprouver les mêmes peurs et les mêmes doutes, notamment au moment où Jost est incarcéré avec Fontaine. L'arrivée du jeune homme est-elle une stratégie des allemands pour connaître les motivations du protagoniste, ou bien est-elle sans liens avec ces dernières ? La réussite du processus d'identification est donc totale, rendue possible par l'utilisation d'une voix-off à la fois très littéraire et précise. Car Bresson a le sens du détail, comme en atteste un rythme lent et des plans brillamment composés qui permettent un réalisme psychologique d'abord impressionnant avant de devenir oppressant dans une partie finale au suspense implacable. "Un Condamné à mort s'est échappé" traite du courage, de la confiance ou encore de la détermination, mais demeure avant tout un film magistral sur l'espoir et l'instinct de survie.
Est ce parce qu'un film à plus de 50 ans que l'on doit faire abstraction de l'ennui total que celui ci dégage. Tout simplement ennuyeux, lent, soporifique
Après 60 ans comme spectateur de cinéma, je me demande si ce n’est pas le plus grand film du monde dans sa catégorie. Tout y est sur le plan formel : un suspense à couper le souffle, des prises de vue magistrales, un montage parfait, un bande son totalement innovante qui veille à ne jamais faire pléonasme avec l’image. Tout y est quant à l’esprit et cela sans lourdeur : l’esprit de sacrifice, le goût du combat pour la liberté, l’espérance et même la rédemption pour le jeune dévoyé. Tout est suggéré par l’image en mouvement, des dialogues réduits à l’essentiel, un bruitage parfait, des acteurs sobres et hiératiques comme des icônes slaves. Vu quand j’étais jeune au cinéclub, je ne ma lasse pas de le revoir. Bresson a porté le classicisme cinématographique français (Dreyer, Epstein) à des sommets inégalés.
Inspiré d'une histoire vraie (celle d'André Devigny), ce film constitue le premier succès public de Robert Bresson. Il marque aussi une étape importante dans l'évolution du style du cinéaste. Une évolution qui a déjà été amorcée dans sa précédente réalisation, Le Journal d'un curé de campagne, et qui sera confirmée dans la suivante, Pickpocket. Bresson s'éloigne de l'esthétique dominante de l'après-guerre (dialogues littéraires, musique lyrique, éclairages très travaillés... comme on pouvait en trouver dans Les Anges du péché ou Les Dames du bois de Boulogne, ses deux premiers long-métrages) pour aller vers plus de dépouillement, d'ascèse. La voix off est encore présente, les dialogues sont très écrits, mais le réalisateur commence à cultiver une atonalité qu'il accentuera par la suite. L'accompagnement musical est par ailleurs limité (quelques notes de Mozart). Et surtout, Bresson épure sa mise en scène, focalise sur des gestes et des sons (d'une importance capitale pour le héros du film) avec une précision extrême qui aboutira à une forme d'abstraction dans Pickpocket. Le résultat est sec mais intense. Le suspense fonctionne, malgré un titre qui donne l'issue du drame... Se dégage de ce récit une authenticité sans fard, une austérité qui traduit peut-être à la fois un désir de neutralité factuelle (comme en témoigne le titre) et une inspiration religieuse (le sous-titre, "Le Vent souffle où il veut", est une citation de l'Évangile selon saint Jean). Certains ont vu dans ce film de Bresson, cinéaste chrétien janséniste, une métaphore de la grâce. Sur un plan cinématographique, c'était pour Truffaut, en 1956, "le film le plus décisif de ces dix dernières années".
Film assez austère, mais qui reste cependant haletant grâce à la grande précision du réalisateur dans la description de ce processus d'évasion. Les acteurs ne jouent pas toujours très juste mais passons.
Comme à son habitude, Robert Bresson signe là une référence en matière de sobriété, peut-être même la plus aboutie de sa filmographie qui, par la suite, sombrera dans une austérité artistique très lymphatique. Un condamné à mort s’est échappé est un film intense de par la place centrale que prend son personnage aussi bien dans les décors épurés que dans la narration linéaire donnant une importante capitale à la voix-off didactique. Cette façon de nous faire suivre minutieusement l’évasion de sa cellule par un prisonnier de guerre en faisant abstraction de tout élément scénaristique superficiel est certes très loin de la conception survitaminée du cinéma que nous en donnent les productions actuelles mais reste une leçon pour tout réalisateur désireux d’installer une empathie et un suspense efficaces sans avoir à déployer des moyens colossaux.
Laissant de côté le film poétique dramatique, Bresson se tourne vers le thriller historique, portant sur la Résistance. Il fonde son histoire d'après des faits réels et construit sur le seul point de vue du héros : ce moyen narratif et la voix-off permettent de rattacher le spectateur à ce personnage et à ne pas le négliger. Le cinéaste réussit donc à créer un suspense, donnant sur une fin toutefois superficielle. Il met aussi en valeur le hors-champ, se concentrant sur le son : la fameuse séquence où le héros assomme un garde au moment où un train passe. Et pour une fois, les "modèles" de chez Bresson semblent jouer juste. Peut-être un des meilleurs du cinéaste.
Prix de la mise en scène à Cannes, ce film carcéral à l'approche minimaliste raconte comment un homme prisonnier des nazis va réussir à s'évader, la méthode nous rappelle d'ailleurs des films comme " Les Evades ", modèle du genre.
"Un Condamné à mort s'est échappé" se veut minimaliste par la quasi absence de dialogues, de musique, par la sobriété du décor et le nombre de personnages réduits. Epuré de tous ces artifices, le film n'en est que plus percutant et le spectateur ne peut que se focaliser sur le personnage central, ses pensées exprimées par une voix off et surtout par son obsession de l'évasion. Une évasion d'ailleurs haletante à l'ambiance oppressante. Un film dirigé de main de maître par Robert Bresson qui offre une oeuvre dôtée d'une âme et d'un caractère. Du grand cinéma !!!!
Sorti en 1956 et réalisé par Robert Bresson, ce film nous raconte la détention d'un résistant durant la seconde guerre mondiale ainsi que la préparation de son évasion. Adoptant le noir et blanc, le film montre dés le début un minimalisme évident dans sa réalisation. En effet, les plans sont des plus simples, jouant énormément sur la suggestion, mais sont explicités par la voix off du personnage permettant de comprendre chaque plan, chaque action. Coté bande son, le minimalisme est aussi présent et l'ensemble est rythmé par les bruits des serrures, des exécutions et des pas dans les couloirs, tandis que la musique de Mozart n’apparaît que de façon sporadique à des moments importants du film. Au final, ce film est un des chefs d'oeuvres méconnu du cinéma français qui mérite d’être (re)découvert par le plus grand nombre.
Robert Bresson délivre ici une épure totale qui parvient à rivaliser avec les meilleurs films de prison et ceci sans recourir aux canons habituels du genre (trafic en tout genre, matons pervers, rivalités entre clans,...). Il se concentre sur son héros et sa minutie à préparer sa sortie, fruit de sa détermination à ne pas subir le sort qui lui est réservé. Bresson se plait à nous décrire la monomanie de la vie en prison, propice à partir d'une étude en règle des habitudes, à l'échafaudage de tous les plans. "Si la patience est de votre côté, les conditions de votre réussite finiront par se présenter" telle est la leçon à retenir. Les paroles sont réduites au minimum et c'est par l'image rendue par un objectif unique se rapprochant de la vision humaine (50 mm) que Bresson transmet son message. Seule la voix off nous renseigne sur le ressenti du héros, celle-ci disparaissant dès que Fontaine se voit adjoindre un camarade de cellule dont il se méfiera dans un premier temps, finissant par comprendre que c'est à deux que les meilleures chances s'offriront à lui. Les bonus du DVD expliquent fort bien les motivations du réalisateur et sa manière de travailler. On apprend notamment que Bresson était un réalisateur catholique, ce qui explique la position de prière extatique de Fontaine devant le vitrail de la prison lors de ses escapades nocturnes dans les couloirs pour découvrir son environnement. Par une belle leçon de cinéma Bresson nous propose en 1956 son film le plus accessible.
Je ne suis pas un inconditionnel du dépouillement du style de Bresson qui me paraît souvent artificiel, affecté. Mais il fonctionne parfaitement avec « Un condamné à mort s’est échappé ». Le sens du détail, la précision, l’atonie et la monotonie, une certaine opacité aussi, sot parfaitement en symbiose avec le sujet, la vie en prison, les préparatifs de l’évasion, le suspens pendant son déroulement. Le film gagne à être vu à proximité de « Le trou » de Jacques, qui, pour traiter un sujet semblable, à quelques années d’intervalle, utilise des moyens et un style similaires. Bresson va peut-être plus loin dans la rigueur et l’absence de spectaculaire, il montre aussi un sens de l’intériorité qui lui est spécifique, ce qui est peut-être à son avantage.
Bon film sur l'évasion. Perso, je préfère de loin "le trou", mais dans l'ensemble c'est pas trop mal joué sauf le gamin qui récite son texte. Quelques longueurs, mais bon. A voir.
D'une grande sobriété ce film ou docu fiction nous fait partager les certitudes, les doutes et les hésitations d'un héros presque ordinaire. On assiste à sa préparation d'évasion comme si on y était.
Bresson nous offre une ode magnifique dédiée non pas à l'espoir mais à la lutte. "Un condamné à mort s'est échappé", outre un suspens très fort dans les images (les mains, les gestes propres à l'évasion, l'attente), poigne par le monologue intérieur de Fontaine où se battre "contre les murs..contre moi... contre la porte..." est la seule survie. Un espace clos mais tant que ça car : chaque avancée, chaque ouverture, et c'est le coeur de ce film, existe et se prolonge grâce à la fraternité.