Avec un argument légèrement inspiré des Sept Samouraïs d'Akira Kurosawa (des mercenaires au service de paysans à la merci de pillards), Les Sept Mercenaires est un western splendide, cocktail réjouissant d'humour, d'émotion, d'action et de mythologie.
Une mythologie qui est notamment due à une pléiade d'acteurs légendaires. John Sturges, après avoir notamment dirigé Spencer Tracy, Robert Taylor, Burt Lancester ou encore Kirk Douglas, confirme donc son sens
aigu du casting, en rassemblant ici Yul Brynner, mythique de pied en cap avec son crâne chauve et son regard d'airain; Steve Mac Queen dans un rôle joyeusement décalé (alignant les répliques déjantées: "C'est la première fois que je monte dans un corbillard avec un revolver", "Un jour, j'ai croisé un type qui s'était couché tout nu dans un cactus. Je lui ai demandé pourquoi il avait fait ça. Il m'a répondu que l'idée l'avait tenté"); Charles Bronson avec sa gueule inimitable; James Coburn dans le rôle d'un virtuose du lancer de couteau parcimonieux en paroles; Eli Wallach, la Brute chez Leone, qui se révèle une fois de plus irrésistible dans le rôle d'un méchant; ou encore Horst Buchholz, le "James Dean allemand", qui impose ici sa fougue et son impulsivité (il veut à tout prix être l'égal de ses maîtres - Chris, Vin, Britt, et les autres; il joue au toreador avec un taureau sur les bords d'un rivage; ou bien réprimande les paysans peureux à l'arrivée des mercenaires pour imposer son autorité)...
Plus encore que les westerns de Sergio Leone; qui malgré leur indéniable virtuosité font preuve d'une certaine froideur qui éloigne le spectateur des personnages et de l'histoire; ce Magnificent Seven de John Sturges se révèle plein de chaleur, de relief, de coloris. Sans temps morts, avec humanité (le mercenaire joué par Charles Bronson qui dit à un paysan auquel il a pour charge d'apprendre le tir au fusil que c'est comme "traire une vache" ), et une morale au bout néanmoins dénuée de tout pathos ("Seuls les fermiers ont gagnés. Nous on perd toujours."); le film oscille efficacement entre charme (répliques déjantées; capital attractif; sens du pittoresque et de la couleur locale dans la restitution d'une fête de village costumée; amourette entre Chico et une jeune mexicaine, Petra) et mythe (ces 7 mercenaires totalement légendaires; Yul Brynner/Chris qui reste totalement impassible pendant plusieurs minutes, alors que Chico/ Horst Buchholz agite son revolver devant lui, avec énervement; parfait timing des scènes)... Pour moi, le plus beau des westerns.