En 1993, quand True Romance est sorti, le nom de Quentin Tarantino se contentait d'une place de second plan. Difficile de se remémorer, mais à cette époque, le lascar n'avait "que" Reservoir Dogs à faire valoir dans son CV. Le réalisateur Tony Scott avait lui Top Gun, Le flic de Beverly Hills 2 ou Le Dernier Samaritain. Et de son côté, L'acteur Christian Slater était au beau fixe, après les succès de Au nom de la rose, Pump up the volume et Robin des Bois. Pas étonnant donc de retrouver leurs noms en priorité sur l'affiche. Mais amusant, 25 ans après, de constater que le film est avant tout affilié au réalisateur culte de Pulp Fiction.
Et True Romance occupe une place un peu particulière. De l'aveu de Tarantino lui-même, le film est le plus autobiographique qu'il ait écrit. On aurait pu s'en douter, tant Clarence (le personnage principal) semble être un double fictionnel du scénariste. Féru de cinéma, vendeur de comics (QT a longtemps bossé dans un vidéoclub), fan d'Elvis. Mais surtout beau parleur qui cultive l'audace comme d'autres les cadavres. Aussi, quand il décide de tailler la route avec Alabama (après un coup de foudre mutuel), il va devoir la jouer serré avec les caïds qui tentent de les retrouver, et s'il n'y avait que ça...
Bref, tous les ingrédients sont réunis pour un conte délicieusement barré et généreusement monté.
Tony Scott tient à ces personnages (et on le comprend). Par conséquent, sa réalisation conserve son identité colorée et brute tout en se montrant plus posée.
On est bien dans l'univers de Tarantino, avec ses monologues/dialogues onctueux et ses personnages à la fois familiers et bigger than life. Le duo Christian Slater/Patricia Arquette est une vraie pépite. Quand l'un séduit avec sa bonne humeur et ses belles répliques, l'autre fait fondre avec sa sensibilité qui cache mal sa détermination. Tous ont droit à leur moment de gloire. Je pense notamment à ce dialogue génial entre Christopher Walken et Dennis Hopper (tous deux incroyables) et à ce final aussi barré que sanglant. Une Balade sauvage (film auquel True Romance rend hommage dans sa Bande Originale) rafraichissante, avec la recette imparable de caractères hauts en couleur brassés dans une intrigue noire, tendre et drôle. Un conte postmoderne avec des losers magnifiques et des portes-flingues qui jacassent. Trop beau pour être vrai? True Romance existe bien.