Le Dernier voyage de Tanya

Autant faire confiance aux deux passereaux transportés dans leur cage en voiture. On verra bien où on va avec ces deux hommes devant et, allongée à l'arrière, le cadavre d'une bienheureuse qui semble dormir : justement, la route est longue, ces hommes peu loquaces... S'assoupir avec quelques sursauts, aucune incidence. Surtout ne pas quitter la salle ! Car une seconde tranche de vie commence, à partir du feu crépitant au bord de l'eau. Des bruants sautillent sur les branches dénudées. Jouez violons, et vlan, l'alliance à la flotte ! Etrange "tristesse mêlée de gaité", les traditions finnoises sont source d'éternelle poésie... Comme souvent chez les slaves, présent et passé font bon ménage : l'écran s'anime de tous côtés : glissant tel un cygne de la droite, ce garçon en bateau, puis deux silhouettes sortant tout en haut du blanc immaculé... C'est somptueux. Le romancier et scénariste Denis Osokin aurait une fois de plus épaulé le réalisateur Alekseï Fedorchenko (44 ans), un audacieux qu'on aurait tort de prendre pour un freluquet même s'il fait dire à un veuf que les femmes sont des fleuves.