Saison 1 : La dernière adaptation en mini série de l'oeuvre décidément immortelle de Conan Doyle a pour elle nombre d'atouts significatifs : en tout premier lieu, une paire d'acteurs parfaits, le solide Martin Freeman qui compose ici l'un des meilleurs (ou en tous cas l'un des plus touchants) Dr Watson jamais vus à l'écran, et surtout Benedict Cumberbatch, la star qui monte et qui renouvelle sans les trahir les traits de caractère du grand Sherlock Holmes... Ensuite, et c'est là que ca devient vraiment passionnant, une actualisation féroce des situations, tout en tentant de respecter l'esprit des textes originaux : du coup, chaque épisode se transforme en un passionnant jeu intellectuel pour tout spectateur un tant soit peu féru en la matière, puisque, outre la fascination intacte pour les talents de déduction du plus grand détective jamais inventé, il s'amusera à retrouver dans chaque chapitre ce qui appartient à l'original. Enfin, l'inscription de la fiction dans le Londres moderne, particulièrement bien filmé, qui offre à la série un ancrage géographique et émotionnel remarquable, qui va bien plus loin que ce que l'on peut voir en général dans les séries. S'il y a un léger bémol, c'est dans certains scénarios trop alambiqués et dont la crédibilité passe surtout grâce à la vitesse de la narration (en accord avec la vitesse de la parole de Sherlock, et de ses déductions) qu'on identifiera la seule véritable faiblesse de cette série par ailleurs brillantissime. Des trois épisodes constituant cette première saison, c'est quand même le "pilote" qui est le plus bluffant, organisant la rencontre - incroyablement émouvante par instants - de ces deux archétypes que sont Holmes et Watson d'une manière totalement "moderne" (au bon sens du terme) et avec un humour irrésistible. Tout simplement merveilleux !
Saison 2 : Finalement, comme dans les "buddy movies" à l'américaine, mais en plus... anglais (subtil, profond, décalé...), ce que l'on aime le plus dans la brillante série "Sherlock", c'est le développement de la relation entre Watson et Holmes (avec ces amusantes références - répétées en forme de running gag - à la possible homosexualité, qui désamorcent d'ailleurs finement le soupçon qui a toujours pesé sur l'oeuvre de Conan Doyle) : Freeman et Cumberbatch sont tout simplement excellents dans la manière dont ils font exister à l'image comme dans nos coeurs ce "couple" terrible ! Dans cette deuxième saison, on déplorera par contre la dérive de la mise en scène, de plus en plus inutilement tape à l'oeil, et d'un faux modernisme qui frôle le contresens : car le rythme frénétique infligé à de nombreux passages prive finalement le téléspectateur du plaisir essentiel de confronter sa propre lecture des faits à celle de Sherlock, et nous amène souvent à penser que les courts-circuits narratifs qui nous sont ainsi imposés dissimulent de nombreuses incohérences logiques, ce qui n'était évidemment pas le cas chez Conan Doyle... La saison est composée de 3 épisodes, 3 films de 90 minutes en fait, qui varient du passable - "le Chien des Baskerville" sous influence paranoïaque autour des manipulations génétiques, bof bof - à l'excellent - "...Belgravia" où les documents secrets sont enfermés dans un Blackberry dont il s'agit de découvrir le mot de passe, et où la passion pour une femme fatale vient tournebouler Sherlock -, en passant par le malin chapitre final, qui adapte assez génialement le fameux épisode de la mort de Moriarty et de Holmes, ainsi que, bien sûr, l'argument assez forcé du possible retour de ce dernier, imposé à l'époque par un public qui n'acceptait pas de voir disparaître son héros. Le tout compose une saison hautement réjouissante, qui, heureusement, ne sera pas la dernière de cette passionnante mini série.
Saison 3 : Eh oui, la troisième saison de "Sherlock", qui ne devrait pas (plus ?) être la dernière, vues les critiques dithyrambiques et le succès de la série, pourrait bien être la meilleure de toutes. Si le premier épisode, travaillant sur des variations de la manière dont Sherlock pourrait avoir échafaudé sa mort "publique", nous laisse légèrement sur notre faim, le second, avec son interminable discours du garçon d'honneur construit en parallèle avec une enquête, et surtout, le tout dernier, avec ses coups de théâtre jouissifs et sa conclusion malicieuse, sont un véritable régal. Certains pourront se plaindre du fait que l'aspect "policier" passe nettement au second plan dans cette troisième saison derrière les relations complexes et hilarantes entre les personnages - Sherlock et Watson, bien entendu, mais pas seulement... -, la série assumant alors la tradition "soap" de tout feuilleton télé qui se respecte. Mais grâce à une mise en scène constamment inventive et surtout à l'interprétation impeccable du tandem Cumberbatch - Freeman (ce dernier n'ayant sans doute jamais été meilleur qu'ici), "Sherlock" reste un divertissement brillantissime.