Park Chan-wook : rétrospective en huit films
mardi 30 avril 2013 - 05h00

A l'occasion de la sortie de "Stoker", focus sur les films du réalisateur sud-coréen Park Chan-wook. Dossier réalisé par Clément Cusseau

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© Le Pacte

 

"Parce que le le Christ a racheté nos pêchés, nous pouvons accueillir la mort comme un repos éternel." Extrait de l'Aria de Jean-Sébastien Bach

 

De quoi ça parle ?

Sang-hyun est un jeune prêtre coréen, aimé et respecté. Contre l'avis de sa hiérarchie, il se porte volontaire pour tester en Afrique un vaccin expérimental contre un nouveau virus mortel. Comme les autres cobayes, il succombe à la maladie mais une transfusion sanguine d'origine inconnue le ramène à la vie. De retour en Corée, il commence à subir d'étranges mutations physiques et psychologiques : le prêtre est devenu vampire. Mais la nouvelle de sa guérison miraculeuse attire des pèlerins malades qui espèrent bénéficier de sa grâce. Parmi eux, Sang-hyun retrouve un ami d'enfance qui vit avec sa mère et son épouse, Tae-Ju. Il succombe alors à la violente attirance charnelle qu'il éprouve pour la jeune femme...


Ce qu'il faut savoir

Après plusieurs projets avortés à l'étranger (dont le remake d'Evil Dead), Park Chan-wook repousse son aventure hollywoodienne encore une fois pour réaliser Thirst, ceci est mon sang. Néanmoins, ce refus n'est pas total puisque le film sera financé majoritairement par le studio américain Universal. Cela sans occulter la liberté artistique du cinéaste depuis plusieurs années qui signe une œuvre très surprenante qui s’inscrit non seulement dans la logique de son œuvre mais lui permet également de créer un pont narratif avec Stoker, son film suivant.

 

Toujours aussi intéressé par l'aspect visuel, Park Chan-wook n'en néglige toutefois pas ses obsessions de narration et quelques-uns de ses thèmes de prédilection : l'enfermement, la rédemption ou encore la manipulation. On pourrait considérer Thirst comme un film de vampires, mais ce serait une erreur tant on réalise bien assez vite réalité le thème est secondaire et sert de prétexte au réalisateur pour raconter une histoire sur des êtres humains de plus en plus isolés du reste du monde au fur et à mesure qu'ils se salissent les mains (de sang). Une narration qui n’est pas sans rappeler celle de sa trilogie.

 

Un projet de longue haleine


Thirst est un projet très personnel pour Park Chan-wook. Dès le tournage de Joint security area, il présente le film à Song Kang-Ho auquel il propose le rôle principal. Il faudra cependant neuf longues années pour qu'il se tourne, période durant laquelle les deux hommes deviendront connus mondialement et collaboreront dans Sympathy for Mr. Vengeance et Lady vengeance. En situant l’histoire à notre époque, le cinéaste se démarque de la référence en la matière, à savoir Dracula de Bram Stoker (qui paradoxalement sera une forte inspiration pour son film suivant qui n’aura pourtant pas pour sujet les vampires), car sa vraie fascination, c'est d'étudier le genre humain au sein d'une société inégalitaire dans laquelle deux êtres aliénés par l’isolation et le rejet se retrouvent livrés à eux-mêmes.

 

La violence n'a jamais été autre qu'un facteur d'expression pour les personnages de ses films, qu'elle soit sur fond de politique (Joint security area), sociale (Sympathy for Mr. Vengeance) ou alors psychologique (Old Boy et Lady vengeance) en plus d’être graphique. Ici, deux personnes rejetées par la société (un prêtre et une femme) se retrouvent, par les hasards du destin, liés et entrainés dans une spirale de violence qui ne leur laissera très vite qu'une seule issue possible : la mort. En somme, une sorte de Bonnie and Clyde coréens sur fond d’histoire de vampires.

 

La forme de vampirisme qui touche les deux protagonistes est évoquée comme une sorte de maladie que l'on pourrait identifier comme le SIDA, autre mal qui se transmet par le sang. Ce parallèle n'est pas à prendre à la légère d'autant plus lorsqu’on connait l'importance qu'accorde Park Chan-wook sur les travers de la société moderne. A travers Thirst, son indignation se porte sur les écartés et marginaux à qui l'on enlève toute humanité Un point de vue globalement pessimiste mais contrebalancé par l'humaniste dont fait preuve le réalisateur, qui a souvent accordé sa sympathie aux personnages désireux de se remettre dans le droit chemin (et, à l'inverse, a su punir ceux qui ne le méritent pas, comme dans Old Boy).

 

Dernier film réalisé par Park Chan-wook avant son premier essai hollywoodien, Thirst surprend tant par le fond que la forme, et l'audace narrative de ce film a de nouveau valu au cinéaste l'éloge de la critique et du festival de Cannes qui lui a remis un prix du jury, cinq ans après le triomphe de Old Boy.

 

L'anecdote en +

Bien qu'il ne s'agisse pas à proprement parler d'une adaptation, le film s'inspire grandement du roman Thérèse Raquin d'Émile Zola bien que le contexte du récit soit modifié. Le livre est néanmoins crédité dans le générique de fin comme l'inspiration principale du scénario.

 

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Commentaires

  • Tony V.

    Park Chan-Wook est tout simplement le metteur en scène le plus doué de notre époque !!!

    Cet homme, pour ma par, a sauvé le cinéma contemporain qui était en perdition dans la facilité et dans la médiocrité depuis pas mal d'années. Ce prodige a réussi à redonner de la divinité à cet art qui s'était perdu dans les limbes hollywoodiennes grâce à la magnificence de sa mise en scène, sa photographie et de ses scénarii, tous ça en à peine huit films !! serieusement, certains réalisateurs dit "bankable" devrait prendre exemple sur ce génie digne de ses ainés F.W Murnau, Hitchcock...

    Bref, il est l'un des réalisateurs les plus talentueux de sa génération et j'espère qu'il réalisera des chefs d'oeuvres pendant encore trèèèèèèèèèèèèès longtemps.

  • MaitreMechant2

    Très impressionné par SFMVengeance, Thirst et surtout Old Boy, le reste moins. Je considère qu'il est aujourd'hui avec KIM JEE WOON un des phares du cinéma asiatique. Cinéma qui a sa touche, saveur particulière autrefois détenue par Kitano, Woo et s'efface malheureusement petit à petit.

  • winni44

    old boy reste pour moi le film qui m'a mis une telle claque... j'en suis resté scotché dans mon siège avec cette fin et ce jeu d'acteur... j'en suis resté sans voix pendant de longs moments.

  • captain-thono

    Un grand..., tres grand réalisateur

  • bernard Z.

    Old boy est tout simplement la dernière énorme claque que j ai pris dans une salle obscure et ça remonte déjà,toujours pas eu d'équivalent c'est dire...

  • beautifulfreak

    Un grand réal, et son dernier est très classe.

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