De quoi ça parle ?
Raphaël n’a qu’un œil. Il est le gardien d’un manoir dans lequel plus personne ne vit. À presque 60 ans, il habite avec sa mère un petit pavillon situé à l’entrée du grand domaine bourgeois. Entre la chasse aux taupes, la cornemuse et les tours dans la Kangoo de la postière, les jours se suivent et se ressemblent. Par une nuit d’orage, Garance, l’héritière, revient dans la demeure familiale. Plus rien ne sera plus jamais pareil.
L'Homme d'argile, au cinéma ce mercredi, est le premier long métrage d'Anaïs Tellenne. Il est passé plusieurs festivals dont celui de Venise et de Saint Jean de Luz. Elle a précédemment réalisé plusieurs courts métrages, qui lui ont permis d'avoir l'idée de départ de ce long métrage : l'idée de filmer l'acteur Raphaël Thiéry. Elle confie s'être inspirée "de certains aspects de son existence pour construire ce conte". "Borgne et doté d’un physique hors norme, il a appris à vivre en ayant l’habitude de la condescendance, du rejet et de la méfiance", ce qui a déclenché en elle cette histoire pas si éloignée de... La Belle et la bête.
3 bonnes raisons de se laisser séduire!
1 / Un conte poétique et sensuel
L'homme d'argile s'inspire librement de La Belle et la bête. Il s'agit plus exactement d'une relecture. Le film croise le conte initiatique, la comédie burlesque et le drame, et assume l'idée d'un film hybride, mélangeant les genres. Le film se veut également très sensoriel dans son approche, qu'il s'agisse de la texture de son image, ou de la texture qu'il nous offre à l'écran. L'argile y prend un tour très sensuel, à l'image d'un film culte comme Ghost !
"La relation qu’ils tissent ensemble est extrêmement singulière et aucun mot, aucune étiquette ne saurait la définir avec précision. Ce n’est ni une histoire d’amour, ni une amitié, ni une collaboration professionnelle. Avec les moyens d’expression propres au cinéma, j’ai voulu explorer la nature d’une relation unique et la faire ressentir", explique la cinéaste au sujet du duo central de son film.
2 / De nombreuses références
L'homme d'argile charme pour ses références assumées. L'artiste qu'incarne Emmanuelle Devos rappelle des plasticiennes comme ORLAN, Sophie Calle ou Marina Abramovic. "Le personnage de Garance est né de ma fascination pour des artistes comme Sophie Calle ou Marina Abramovic. Je trouve d’un culot extraordinaire de réussir à faire de son intimité une matière créative. Contrairement à ce que certaines personnes peuvent penser, je ne suis absolument pas Garance. Je ne me sers pas de Raphaël comme elle peut le faire. Je ne lui vole rien de ce qu’il ne veuille me donner".
3 / Un duo captivant
L'homme d'argile repose sur un tandem attachant, formé d'Emmanuelle Devos et Raphael Thiéry. L'acteur a "longtemps partagé son temps entre ses activités de garde forestier, sa compagnie de théâtre et le groupe de musique traditionnelle dans lequel il jouait de la cornemuse, jusqu’à ce qu’un jour, Alain Guiraudie, le révèle dans Rester vertical", rappelle Anaïs Tellenne dans le dossier de presse du film.
"Quand je filme Raphaël Thiéry, je suis passionnée par le paradoxe qu’il dégage : une immense tendresse dans un corps de brute. Avec son émancipation dépourvue de virilité, sa soif pudique d’absolu, sa quête d’amour et son désespoir neurasthénique, j’ai souhaité faire de son personnage une Madame Bovary d’aujourd’hui."
Emmanuelle Devos apporte quant à elle beaucoup d'humanité à ce personnage pour lequel on pourrait ressentir des sentiments ambivalents. L'un de ses plus beaux rôles, qu'elle enchaine quelques semaines à peine après Un silence de Joachim Lafosse, dans lequel elle était déjà remarquable.
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L'homme d'argile sort ce mercredi au cinéma.
