Avec près d'une centaine de westerns à son actif, John Wayne est une référence du genre. Ayant traversé aussi bien son âge d'or que son déclin, l'acteur y a construit sa légende pendant plus de 40 ans. Mais l'un d'eux ne trouvait pas grâce à ses yeux : Les Cordes de la potence, réalisé par Andrew V. McLaglen.
John Wayne en petite forme ?

On y suit le jeune Daniel Cahill, arrêté pour ivresse et avoir causé pour 37 dollars de dégâts au saloon. Il se retrouve en cellule avec trois bandits qui le convainquent de s'évader et de cambrioler la banque, pour ensuite revenir en prison comme si de rien n'était. Le père de Daniel, le Marshall J.D. Cahill, revient en ville avec les hors-la-loi qu'il était parti arrêter. Lorsqu'il apprend que la banque a été cambriolée, il commence à mener l'enquête, et fait de Daniel son adjoint.
A l'époque du tournage, John Wayne n'est pas en bonne forme, plus vraiment le roi du box-office, mais possède une base de fans solide. Les Cordes de la potence est un "John Wayne Movie" dans la plus pure tradition du genre, dans lequel il semble invincible (il est montré n'ayant jamais besoin d'être soigné malgré ses blessures), au caractère bien trempé, et ne s'en laissant compter par personne malgré son âge (Wayne avait 66 ans).
On peut pourtant déceler que l'acteur ne monte plus à cheval sur les plans larges (on reconnaît aisément une doublure) et qu'il doit se contenter d'apparaître sur les plans rapprochés en étant déjà à cheval au début de la scène. Sans doute à cause de difficultés pour y monter.
Un film pas vraiment bien fait

Produit par l'acteur, à sa sortie, Les Cordes de la potence est vilipendé par une partie de la critique américaine, notamment le New York Times, qui écrit : "Reconnaissant peut-être les nouvelles limites de leur star, ils passent beaucoup de temps à essayer de transformer un western conventionnel en un film d'enfants en danger", ajoutant : "[les enfants] sont terrorisés par les voleurs qu'ils ont autrefois aidés, dans des situations librement empruntées à Tom Sawyer, mais sans esprit ni sentiment véritable."
Lors d'une interview donnée à Tony Macklin retrouvée par SlashFilm, John Wayne déclarera lui-même en 1975, deux ans après la sortie du film : "C'était juste un film pas vraiment bien fait. Il avait besoin d'une meilleure écriture et de plus de soin dans sa fabrication."

Il n'est pas faux que l'on voit moins John Wayne dans ce film, car on sent que le temps passe et que la star n'est plus vraiment ce qu'elle a été. Cela s'en ressent aussi sur le fait que Wayne est assez isolé à l'image.
Les Cordes de la potence, comme avant lui Big Jake (1971) et Les Cow-boys (1972), interroge la paternité, l'absence du père tout à son travail, renvoyant vers des questionnements possibles de l'acteur quant au partage entre sa vie personnelle et professionnelle durant les décennies passées. Vaut-il vraiment d'être mis au ban comme un mauvais John Wayne ? A vos claviers !