Melissa Gilbert, l’iconique Laura Ingalls de La Petite Maison dans la prairie, n’a jamais eu peur de dire ce qu’elle pense. Et lorsqu’on évoque le reboot de La Petite Maison dans la Prairie, commandé par Netflix, elle ne cache pas son enthousiasme. Pour elle, ce projet représente bien plus qu’un simple retour nostalgique : c’est l’occasion de raconter autrement une histoire intemporelle.
"Il y a de la place dans l’univers de La Petite Maison dans la Prairie pour que toutes sortes d’histoires soient racontées, tout comme il y a toujours eu de la place dans l’univers des Quatre Filles du Docteur March pour continuer à raconter cette histoire", confie-t-elle à Entertainment Weekly.
Une nouvelle approche qui visiblement la passionne. Selon elle, la version des années 70 était avant tout une vision personnelle, celle de Michael Landon, son créateur et l'interprète de Charles Ingalls. Aujourd’hui, il est temps de laisser une nouvelle équipe apporter sa propre interprétation.

Un retour aux sources
Netflix mise sur une adaptation plus fidèle aux livres de Laura Ingalls Wilder, autrice des romans inspirés de sa propre histoire. Derrière ce projet, la scénariste et productrice Rebecca Sonnenshine (The Boys, Vampire Diaries) promet une réinvention ancrée dans les textes d’origine.
Melissa Gilbert voit cela comme une opportunité de faire les choses différemment : "Il s'agit d'histoires célèbres, et personne n'a jamais respecté les livres à la lettre. L’original était l’interprétation de Michael Landon, et il est maintenant temps pour une autre interprétation."
Loin d’être une simple redite, ce reboot veut explorer des thématiques qui n’étaient pas aussi accessibles à la télévision dans les années 70. Une diversité de personnages, un regard plus large sur les évènements historiques : voilà ce que promet cette nouvelle mouture.

Une série plus engagée qu’on ne le croit
Depuis l’annonce du projet, certaines voix se sont élevées, dénonçant une supposée "woke-isation" du récit. Parmi elles, la journaliste conservatrice Megyn Kelly, qui a exprimé ses craintes de voir la série dénaturée par des préoccupations trop modernes.
Mais Gilbert a une réponse cinglante : "Avez-vous regardé l’original ? Avez-vous vu l’épisode La Sagesse de Salomon [où un garçon noir de 11 ans fuit sa famille parce qu'il en a assez d'être traité différemment, vit quelque temps avec la famille Ingalls et se réjouit de pouvoir aller à l'école, ndlr] ? Je ne pense pas que nous ayons été plus woke que cela. A-t-elle vu l’un des épisodes que nous avons réalisés sur l’addiction aux drogues, sur le nativisme, sur les Amérindiens, sur les bigots, sur l’antisémitisme, sur le viol, sur les abus sur les enfants, sur la négligence envers les enfants, sur l’industrialisation ?"
Elle marque un temps d’arrêt. Puis ajoute : "Ce n’est pas mon rôle de défendre le mot ‘woke’, mais à mon avis, cela signifie simplement avoir de la compassion pour tous. Je ne comprends pas pourquoi c’est une mauvaise chose, et je ne pense pas que quiconque puisse jamais me convaincre du contraire."
Difficile d’être plus clair. Pour Melissa Gilbert, La Petite Maison dans la Prairie a toujours été une série engagée. Ce reboot ne fera que mettre l'accent sur ce qui a toujours été là.

Une modernisation nécessaire
Mais alors, ce nouveau projet peut-il séduire à la fois les nostalgiques et une nouvelle génération de spectateurs ?
Dean Butler, qui jouait Almanzo Wilder, admet une certaine appréhension. "Si ça fonctionne, est-ce qu’ils vont nous oublier ?", s’interroge-t-il. "Mais en même temps, il est difficile de recréer quelque chose qui touchera les gens comme l’a fait l’original."
Il doit pourtant se douter que les attentes du public ont évolué. Ce que les téléspectateurs recherchent aujourd’hui n’est pas ce qu’ils attendaient il y a cinquante ans. "Si cette adaptation réussit à combler ces attentes tout en attirant les anciens fans, alors ce sera une réussite", conclut-il philosophe.
Alison Arngrim, alias l'inénarrable Nellie Oleson, tente quant à elle de rassurer tout le monde : "Ce reboot fait partie du multivers de La Petite Maison dans la prairie. Ce n’est pas un projet qui va tout chambouler." Selon elle, les ayants droit de Laura Ingalls Wilder veillent au grain et ne laisseront pas la série s’éloigner trop du matériel original.

Une relecture ancrée dans son temps
Alors, pourquoi ce reboot suscite-t-il tant de débats ? Peut-être parce qu’il touche à un pan de mémoire collective que certains voudraient figer dans le passé. Pourtant, comme le souligne Melissa Gilbert, La Petite Maison dans la prairie n’a jamais été qu’un récit figé.
Cette nouvelle adaptation est l’occasion de raconter des histoires longtemps restées en marge. De montrer des perspectives oubliées. De questionner ce que nous considérons comme "classique".
Bien sûr, tout le monde ne sera pas convaincu. Certains continueront à voir dans cette modernisation une trahison. Mais comme l’a dit Melissa Gilbert : "Il y a de la place pour tout le monde". Et après tout, n’est-ce pas là l’essence même d’une grande histoire ?