Netflix : sous-estimé, ce film offre pourtant l’une des meilleures performances de Guillaume Canet
Emilie Semiramoth
Emilie Semiramoth
Cheffe du pôle streaming, elle a été biberonnée aux séries et au cinéma d'auteur. Elle ne cache pas son penchant pour la pop culture dans toutes ses excentricités. De la bromance entre Spock et Kirk dans Star Trek aux désillusions de Mulholland Drive de Lynch, elle ignore les frontières des genres.

Malgré une note moyenne de 3,2 sur 5, ce thriller sombre offre l’une des meilleures performances de Guillaume Canet, magistral en tueur méthodique et torturé.

Un film passé sous les radars

Sorti en 2014, La Prochaine fois je viserai le cœur de Cédric Anger n’a pas vraiment reçu l’accueil qu’il méritait. Avec une moyenne de 3,2 sur 5 pour 4 478 notes sur AlloCiné, le film divise. Certains spectateurs lui reprochent sa froideur clinique et son absence de psychologie, tandis que d’autres louent son atmosphère oppressante et son approche implacable du fait divers dont il s’inspire.

Pourtant, en s’éloignant du polar traditionnel pour adopter une mise en scène presque hypnotique, le film propose une plongée dérangeante dans l’esprit d’un tueur. Et au centre de cette œuvre glaçante, il y a Guillaume Canet, dans l’un des rôles les plus audacieux de sa carrière.

La Prochaine fois je viserai le coeur
La Prochaine fois je viserai le coeur
Sortie : 12 novembre 2014 | 1h 51min
De Cédric Anger
Avec Guillaume Canet, Ana Girardot, Jean-Yves Berteloot
Presse
3,7
Spectateurs
3,2
Streaming

Guillaume Canet, impressionnant de retenue et d’intensité

Dans le rôle de Franck Neuhart, double de fiction d’Alain Lamare, un gendarme psychopathe ayant semé la terreur dans l’Oise à la fin des années 1970, Canet livre une prestation d’une intensité rare. Loin des rôles plus accessibles qui ont fait son succès, il compose ici un personnage mutique, méthodique et habité par une violence intérieure étouffante.

Le choix de ne pas surjouer l’émotion renforce la tension du film. Chaque regard, chaque geste maladroit, chaque moment de solitude de Neuhart en dit long sur son tourment intérieur. C’est dans cette subtilité que réside la force de l’acteur : il incarne la banalité glaçante du mal avec une justesse terrifiante.

Capture d'écran YouTube

Un polar à contre-courant

Contrairement aux polars français plus classiques, La Prochaine fois je viserai le cœur évite les effets dramatiques appuyés. La mise en scène froide et épurée de Cédric Anger rappelle l’approche de David Fincher dans Zodiac, toutes proportions gardées, préférant l’observation minutieuse à la surenchère d’action.

Loin de chercher à expliquer les motivations de son personnage, le film se concentre sur ses actes, ses rituels, son isolement. La lumière blafarde de Thomas Hardmeier participe à cette immersion suffocante. Ce réalisme brut, allié à l’absence de justification psychologique, peut désarçonner, mais c’est précisément ce qui donne au film sa singularité.

Un film qui mérite d’être réhabilité

Si la note globale du film reste modeste, c’est peut-être parce que La Prochaine fois je viserai le cœur est une œuvre qui ne cherche ni à séduire ni à rassurer. Il dérange, et c’est ce qui en fait un thriller aussi efficace.

Guillaume Canet y trouve un rôle à contre-emploi, loin des personnages plus charismatiques ou sympathiques qu’il a pu interpréter. Son engagement total dans ce rôle mérite d’être salué, et le film mérite, lui, d’être redécouvert.

La Prochaine fois je viserai le cœur est disponible jusqu'au 14 mars sur Netflix

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