Quelques jours après la fin de cette folle saison des prix aux Etats-Unis, émaillée de nombreux rebondissements et polémiques, Jacques Audiard, réalisateur d'Emilia Perez, a tiré le bilan de cette période intense, avec son lot de surprises.
Oscars 2025 : qui sont les Français récompensés lors de la 97e cérémonie ?Au micro de France Inter. le cinéaste a accepté de livrer son sentiment sur ces derniers mois qu'il a traversé, du Festival de Cannes 2024 à la cérémonie des Oscars 2025. Jacques Audiard se dit "heureux, épuisé, soulagé, fier, agacé", tout à la fois.
Interrogé sur l'intense exposition qu'il a connu, et sur la peur qu'elle peut générer, le réalisateur a décrit la violence de la course aux Oscars.
C'est usant et ça nous fait perdre de vue l'objectif, qui est le cinéma
"Il y a une dizaine d’années, mon film Un Prophète était aussi à Los Angeles (le film était en lice pour l'Oscar du meilleur film étranger en 2010, Ndlr.) C'était dur, compétitif. On n'est pas forcément habitués à ce niveau de compétition ici, mais c'était des Bisounours à l'époque. Maintenant, c'est devenu une guerre ouverte entre les productions, les distributeurs, les studios. C'est usant et ça nous fait perdre de vue l'objectif, qui est le cinéma. Là, on ne parle plus de cinéma."
Il poursuit : "Il faut être prêts à dégainer les plus grosses saloperies contre l'autre. Non, ce n'est pas un jeu équitable. C'est très singulier parce que ça me fait un peu douter de... Heureusement, on croise les confrères qui sont jetés dans la même fosse ! Ce sont les gens de l'industrie, du capital, du commerce qui vont créer cette tension."
Heureusement, on croise les confrères qui sont jetés dans la même fosse !
Questionné également sur l'Amérique à l'ère de Trump, il réagit notamment sur le sujet des réseaux : "Il faut savoir qui est à la tête des réseaux sociaux. Il y a une fabrication d'opinion, de fake news."
Pour mémoire, Emilia Pérez a décroché 2 Oscars, celui de la meilleure actrice dans un second rôle pour Zoe Saldaña, et de la meilleure chanson originale, El Mal, pour Camille, Jacques Audiard et Clément Ducol.
Aux César, il a remporté 7 trophées dont ceux du Meilleur Film et de la Meilleure Réalisation.