Une fois de temps en temps, au cinéma, apparaît presque miraculeusement une comédie qui est appelée à demeurer pour toujours dans l'esprit de ses spectateurs. Une longévité qui s'explique parfois par le talent de ses comédiens, parfois par l'inventivité de son scénario, et presque systématiquement par l'efficacité de ses dialogues.
En effet, certains longs métrages nous proposent un véritable festival de répliques culte qui, dès lors qu'elles ont été prononcées à l'écran, s'en affranchissent totalement pour s'inviter dans notre langage courant. C'est par exemple le cas avec Le Dîner de cons, avec Les Visiteurs, avec Les Trois frères, et bien sûr avec Astérix et Obélix: Mission Cléopâtre.
"C'est une bonne situation, ça, scribe ?"
Réalisée par Alain Chabat en 2002, cette hilarante adaptation des aventures du petit Gaulois a su préserver l'esprit de l'oeuvre originale tout en l'assaisonnant avec l'humour si caractéristique des Nuls. Le résultat ? Des punchlines en pagaille, dont certaines ont littéralement traversé les décennies.
Celle que l'on ressort sans doute le plus souvent lorsqu'on se retrouve entre amis fans du film, en dépit de sa longueur, est évidemment la tirade d'Otis, improvisée par Edouard Baer face aux Gaulois.
Alors qu'Astérix, Obélix et Panoramix arrivent sur le chantier du palais de César et font la connaissance du dénommé Otis, le druide (interprété par Claude Rich) demande à ce dernier si "c'est une bonne situation, scribe".
Pathé
"Moi je crois pas qu'il y ait de bonne ou de mauvaise situation"
L'assistant de Numérobis se lance alors dans un monologue philosophique totalement inattendu, absolument désopilant, et que de nombreux spectateurs connaissent encore par coeur 23 ans après :
"Mais... Vous savez ? Moi je crois pas qu'il y ait de bonne ou de mauvaise situation. Moi si je devais résumer ma vie aujourd'hui avec vous, je dirais que c'est d'abord des rencontres. Des gens qui m'ont tendu la main peut-être à un moment où je ne pouvais pas, où j'étais seul chez moi. Et c'est assez curieux de se dire que les hasards, les rencontres, forgent une destinée. Parce que quand on a le goût de la chose, quand on a le goût de la chose bien faite, le beau geste, parfois on ne trouve pas l'interlocuteur en face, je dirais le miroir qui vous aide à avancer."
"Alors ce n'est pas mon cas, comme je le disais là, puisque moi au contraire j'ai pu, et je dis merci à la vie, je lui dis merci, je chante la vie, je danse la vie, je ne suis qu'amour. Et finalement quand beaucoup de gens aujourd'hui me disent 'Mais comment fais-tu pour avoir cette humanité ?', eh bien je leur réponds très simplement."
"Je leur dis que c'est ce goût de l'amour, ce goût donc qui m'a poussé, aujourd'hui à entreprendre une construction mécanique, mais demain, qui sait, peut-être simplement à me mettre au service de la communauté, à faire le don de soi."
"J'avais envie de l'amuser"
Comment cette fabuleuse tirade a-t-elle vu le jour ? Grâce à la bienveillance et au grain de folie d'Alain Chabat, qui a réussi à mettre Edouard Baer suffisamment à l'aise pour lui permettre d'improviser ce moment d'anthologie face à Christian Clavier, Gérard Depardieu, Jamel Debouzze et Claude Rich.
"Je ne suis pas arrivé avec un numéro de music-hall. Alain Chabat m'a mis dans un état tel que j'avais envie de l'amuser", a ainsi déclaré le comédien au micro de Konbini, précisant que le réalisateur lui avait permis de se libérer face aux grandes stars qui le regardaient jouer, et que Chabat s'était ensuite battu avec les producteurs pour conserver une grande partie de la scène au montage.
Quelle est votre réplique préférée dans Mission Cléopâtre ?
(Re)découvrez la bande-annonce de film...
