En Guadeloupe, la colère gronde
Katia (Marina Foïs) dirige l’observatoire volcanologique de Guadeloupe depuis une dizaine d'années. Elle forme un duo de choc avec Aimé (Théo Christine), jeune Guadeloupéen auquel elle transmet sa passion du métier. Alors qu’elle se prépare pour une nouvelle mission à l’autre bout du monde, la menace d’une éruption majeure de la Soufrière se profile. L'île est aux abois et Katia va devoir assurer la sécurité de la population…
Après Bébé tigre et Embrasse-moi, le réalisateur Cyprien Vial revient au drame avec Magma, long-métrage à la portée écologique mais aussi – et surtout – politique. Car loin de la métropole, les habitants de l’île de la Guadeloupe semblent prisonniers d’une géographie capricieuse à laquelle ils ne peuvent échapper, autant que des décisions d’une gouvernance déconnectée.
“On parle souvent de la Guadeloupe comme d’un territoire oublié de la République, explique le cinéaste. Les habitants du sud Basse-Terre ont des caractères de montagnards habitués aux épreuves. En plus des coupures d’eau et d’électricité, de la vie chère, des cyclones, les dangers volcaniques ne les empêchent pas de vivre dans une forme de sérénité qui impressionne.”
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Cyprien Vial attache donc une attention particulière à filmer la sublime nature guadeloupéenne, avec ce qu’elle implique de dangers, mais surtout à capter la frustration de ses habitants, dont la colère gronde comme le volcan prêt à s’éveiller. Un engagement partagé de manière évidente par ses comédiens, Marina Foïs et Théo Christine.
Une distribution éclectique mais passionnée
Après Polisse, La Fracture et As Bestas, les cinéphiles seront ravis de retrouver Marina Foïs à l’affiche de Magma, dans le rôle de la volcanologue Katia. Aussi savante que passionnée, la spécialiste a pourtant encore beaucoup à apprendre sur la Guadeloupe, dont elle n’est pas originaire.
“Katia pourrait être considérée comme une alliée à la cause guadeloupéenne, mais elle ne peut atteindre l’intérieur de cette problématique, parce qu’elle ne la ressentira jamais dans sa chair, explique son interprète. Elle a beau être respectueuse des gens et de la situation, curieuse, empathique, elle a beau s’être fondue dans l’île, elle n’est pas guadeloupéenne, elle ne peut pas savoir ce que cela fait d’être déplacé et de perdre son emploi, comme cela est arrivé à beaucoup lors de l’éruption volcanique de 1976. Elle ne porte pas les stigmates de l’Histoire et de la colonisation.”
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Particulièrement déterminé – voire entêté – son personnage est heureusement accompagné d’Aimé, un jeune volcanologue originaire de l’île qui n’hésite pas à la confronter à ses convictions profondes. C’est à Théo Christine, la révélation de Suprêmes et Vermines, que Cyprien Vial a confié ce rôle particulièrement inspirant.
“Après Vermines, on me proposait beaucoup de films de genre, raconte le comédien. Lorsque j’ai reçu le scénario de Magma, je m’attendais à un film catastrophe et j’ai eu l’agréable surprise d’y trouver une dimension sociale. Cela a fortement résonné en moi, car je suis originaire de la Martinique, mais ma grand-mère a vécu en Guadeloupe et connu le déplacement de population en 1976. Aux Antilles, chaque île a son histoire avec son volcan.
[...] Si Katia a l’ascendant sur Aimé du fait de son statut et de son expérience professionnelle, lui connaît l’île et le volcan par cœur, ils se complètent bien. [...] Un lien fort est né entre eux et découle de leur passion commune.”
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Servi par une distribution passionnée, Magma vous embarque dans une épopée sublime et envoûtante au sous-texte politique absolument essentiel. Une réussite, à découvrir dès maintenant au cinéma.
