Ça parle de quoi ?
Tout débute avec les photos d'une famille. Une famille inconnue, qu’on a l’impression pourtant de connaître. Au centre : ce garçon. Qui est-il ? Quelle est son histoire ? Et si chaque individu était aussi le héros involontaire d’un conte ? Une enquête familiale vertigineuse, où réalité et fiction se mêlent jusqu’à se confondre parfois.
Roman photo(s)
En 2023, Mona Achache mêlait drame et documentaire dans Little Girl Blue, où elle faisait appel à Marion Cotillard pour faire renaître sa mère, décédée peu de temps avant, grâce à ses tenues, ses textes et ses photos, en plus de divers artifices propres au cinéma. Un long métrage vertigineux et à la frontière de l'expérimental, auquel on pense devant les premières minutes du Garçon, qui fait aussi se rencontrer deux genres pour faire revivre quelqu'un au travers des souvenirs dont on dispose de lui.
À une exception (de taille) près : Zabou Breitman et Florent Vassault ignorent tout de cet homme que l'on voit sur de nombreuses photos, achetées au hasard d'une déambulation dans une brocante. Elle décide alors d'imaginer et mettre en scène 24 heures de sa vie avec des acteurs (dont Isabelle Nanty et François Berléand) pendant que lui part sur les traces de ce mystérieux garçon du titre, afin de voir si ce qu'ils imaginent de sa vie en scrutant quelques clichés correspond à la réalité.
Moonlight Distribution
Si la partie fiction est la moins convaincante des deux, l'enquête se révèle en revanche captivante. Et leur association donne un résultat peu commun, qui touche à l'essence du cinéma : assembler entre elles des images fixes pour les animer et les faire vivre sur un écran, petit ou grand. Par des effets de montage dans sa partie, Zabou Breitman parvient même à réunir le passé et le présent, alors qu'elle annonce d'emblée avoir tourné son segment sans être tenue au courant des recherches de son complice, nommé aux César pour le montage de La Belle époque.
Et c'est lorsque leurs deux parties se rejoignent et que le destin de leur protagoniste nous est révélé, petit à petit, que le film devient plus fort et émouvant. Quand les certitudes (sur le prénom du personnage notamment) se brisent, alors que les pièces du puzzle s'ajoutent les unes aux autres pour faire naître une histoire pleine de joie, de drames et de rebondissements. On dit parfois que le hasard fait bien les choses, et c'est encore plus vrai ici, tant le spectateur est loin de se douter de la dramaturgie qui se cache derrière les photos trouvées par Zabou Breitman et Florent Vassault.
Au-delà des clichés
Non content d'être émouvant, Le Garçon parvient aussi à être universel. Car son récit lui permet d'aborder des thématiques très actuelles, mais également de parler à chacun et chacune à travers les questions de la famille, du temps qui passe et qui distend les liens entre des proches, ou encore de ce qu'une photo, prise à un instant précis, peut à la fois montrer, cacher et raconter. Et c'est notamment pour cette raison que le long métrage réussit à être aussi touchant, à notre grande surprise puisque nous n'aurions pas imaginé qu'une histoire qui nous était, au premier abord, aussi étrangère, puisse à ce point nous parler.
