Contenu partenaire
Une fable moderne et humaniste à la croisée des genres
Il était une fois, à Gaza, en 2007. Yahya (Nader Abd Alhay), étudiant rêveur, se lie d’amitié avec Osama (Majd Eid), dealer charismatique au grand cœur. Ensemble, ils montent un trafic de drogue, caché dans leur modeste échoppe de falafels. Mais ils croisent le chemin d’un flic corrompu (Ramzi Maqdisi), venu contrarier leur plan.

Présenté à la dernière édition du Festival de Cannes dans la catégorie “Un certain regard”, où il a été récompensé du Prix de la mise en scène, Once Upon a Time in Gaza marque le grand retour en salle des frères Nasser, qui signaient déjà Dégradé en 2015 et, en 2020, le sublime Gaza mon amour.
En salle cette semaine, ce troisième long métrage vient compléter une saga cinématographique palestinienne dont les deux réalisateurs ont fait leur marque de fabrique, en conjuguant les ingrédients qui font le succès de leur recette signature : un attachement profond au peuple palestinien, à sa richesse et à sa diversité, sans jamais prendre le conflit comme origine narrative mais plutôt comme une toile de fond, presque imperceptible.

Et l’hybridation des genres, présente tout au long de Once Upon a Time in Gaza comme en fil rouge, est pour les frères Nasser le moteur d’une véritable démonstration de la pluralité des vies palestiniennes. Agile, le film oscille entre drame, comédie, thriller et buddy movie, sans jamais cesser de surprendre et jusqu’à atteindre la sphère métafilmique lorsque le personnage de Yahya (Nader Abd Alhay) est contacté pour incarner un justicier dans “le premier film d’action palestinien”, à la manière d’un Robin des Bois de la bande de Gaza.
“L’objectif n’était pas juste de surprendre le spectateur, expliquent les cinéastes, mais de montrer un rythme qui reflète celui de la vie à Gaza, souvent fragmentée et pleine de contradictions. À Gaza, il y a la guerre et la mort, mais aussi la vie et la résistance. Il y a l’occupation, mais aussi un désir de (sur)vie.”
Un récit authentique, mais chargé de références
Outre la pluralité de genres qui constitue la trame de son intrigue, Once Upon a Time in Gaza brille d’un casting éclectique, reposant sur trois piliers distincts : l’étudiant idéaliste, le dealer au grand cœur et le flic corrompu. Chacun d’entre eux, à sa manière, illustre une vision du pouvoir. Qu’il soit légal et imposé (le policier incarné par Ramzi Maqdisi), social (Osama) ou encore symbolique (Yahya, qui devient peu à peu avec sa carrière d’acteur une figure de résistance), le pouvoir et son utilisation en disent long sur l’Homme moderne, et cette représentation ternaire n’est pas sans rappeler une autre itération : Le Bon, la Brute et le Truand de Sergio Leone. Une référence que les frères Nasser aiment citer : “Ces personnages n’existent pas seulement à Gaza. Ils existent partout dans le monde. On peut les comparer aux personnages de western : « le bon, la brute et le truand ». [...] Ce qui les rend uniques dans le contexte de Gaza, c’est qu’en dépit de leurs différences, ils partagent tous une chose : ce sont des victimes d’une réalité extrêmement difficile qu’ils n’ont pas choisie.”

Car la justesse de ce troisième long-métrage tient à une dernière chose : son authenticité. Sans traiter à proprement parler de la guerre qui ravage la bande de Gaza, utilisant parfois l'humour et l’absurdité pour dépeindre la situation, le film des frères Nasser respire leur expérience de l’oppression perpétrée par le régime israélien et les forces du Hamas.
Nés en Palestine en 1988, les deux cinéastes s’attachent à représenter le “véritable visage de Gaza”, dont l’isolement depuis la prise par le Hamas en 2007 a créé un enfermement de la communauté sur elle-même, comme dans une réalité à part entière. “On voulait montrer l’aspect ordinaire de Gaza, les tentatives d’avoir une vie « normale » dans une situation totalement anormale.”

Fable humaniste et moderne à la croisée des genres, brillante d’authenticité et de résilience, Once Upon a Time in Gaza est à découvrir au cinéma dès maintenant.