AlloCiné : Quel effet cela vous fait de recevoir ce prix à Santa Barbara ? Comment vivez-vous tout ce cirque médiatique autour de vous ?
George Clooney : J'adore Santa Barbara. C'est un endroit magnifique, très calme. Je venais déjà au Festival par le passé et à chaque fois j'y ai pris du bon temps. Sinon, concernant le "cirque médiatique", je dirais que ça fait partie du business vous savez, que je suis chanceux qu'on m'accorde autant d'attention. Cette année, je suis vraiment comblé d'avoir eu la chance de tomber sur des projets comme Syriana ou Good night, and good luck..
En parlant de "Good night, and good luck.", avec le recul, cela vous a t-il semblé difficile de vous diriger vous-même ?
Au contraire, c'est assez simple je trouve. C'est un autre aspect de votre côté créatif, c'est même très complémentaire de vous diriger en tant qu'acteur. Et puis en tant que réalisateur, je sais exactement ce que je dois faire en tant qu'acteur : en fait, quand je joue la comédie dans ces conditions, je suis mon instinct dans la mesure où je n'ai pas de retour du réalisateur. J'adore ça, c'est vraiment un plaisir. Et puis c'est agréable de porter à l'écran des projets dans lesquels je crois tant.
Ressentez-vous une pression particulière à l'approche des Oscars ?
J'essaye de ne pas trop y penser, même si tout le monde me pose la question. Pour moi, il s'agit surtout de faire un bon film et de voir s'il survivra aux années qui passent. C'est surtout une question de travail et des films que vous laissez derrière vous. J'essaye de ne pas m'arrêter au côté glamour de cette industrie.
Vous avez reçu le Modern Master Award au Festival cette année : que ressentez-vous ?
Et bien c'est assez marrant pour moi, car je ne me considère ni comme moderne, ni comme un maître. Je crois que si vous prenez trop confiance en vous et que vous êtes persuadé de votre maîtrise en quelque chose, vous avez forcément des problèmes d'égo. Encore une fois, l'important n'est pas moi mais mon travail, ou en tout cas ce que j'essaye de faire...
Du coup, que les gens crient votre nom partout où vous allez, c'est quelque chose qui vous gêne ?
C'est sûr que c'est toujours surprenant, mais je ne m'en plains pas... Sans les fans, je ne serais pas ici avec vous. Ca fait partie de mon boulot...
Contrairement à beaucoup d'acteurs, vous aimez vous voir à l'écran ?
En fait, j'adore me regarder ! (Rires) Je crois que tous les comédiens ressentent la même chose, c'est assez gênant de vous regarder. Surtout quand je revois des épisodes de Urgences. On dirait que j'ai 12 ans là-dedans ! Mais il y a quelques films que j'ai faits que j'aime revoir... En espérant que les mauvais films seront oubliés... Mais en tout cas, c'est toujours marrant de se regarder vieillir ! (Rires)
Ce qui est sympa avec vous, c'est que vous êtes toujours le même, aussi cool qu'avant "Urgences" et les nominations aux Oscars...
Vous savez, le succès est arrivé tardivement pour moi, et peut-être que, du coup, j'ai eu la chance de mûrir et d'acquérir une certaine sagesse et une certaine distance vis à vis de tout ça. Et surtout de comprendre qu'au final, même si nous aimons nous persuader que ce succès est notre fait où celui de notre travail, et bien le succès est surtout dû à la chance : être au bon endroit au bon moment. Tout cela, ce n'est que de la chance !
Propos recueillis par Emmanuel Itier à Santa Barbara le 3 février 2006
