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    "Eragon" : Interview du réalisateur Stefen Fangmeier

    Après avoir fait ses preuves dans le domaine des effets spéciaux, Stefen Fangmeier a eu la lourde tache d'adapter "Eragon" sur grand écran. AlloCiné l'a rencontré à Londres, à l'occasion de la Première mondiale du film.

    "Eragon" est votre premier long-métrage en tant que réalisateur, comment avez-vous géré les responsabilités et la pression qui reposaient sur vos épaules ?

    Stefen Fangmeier : J'ai pu observer de nombreux grands réalisateurs, lorsque je n'étais que responsable des effets visuels. Donc je savais toute la pression qu'un réalisateur doit gérer. Il doit également avoir un avis sur tout et être influent. Mais à côté, il veut aussi que le film se fasse par-dessus tout. Et c'est ce qui m'a motivé à franchir le pas et devenir réalisateur. J'ai longtemps travaillé sur les effets spéciaux et je me suis dit que c'était le moment d'aller de l'avant, de mûrir personnellement. L'avantage sur ce film était la confiance que les équipes d'effets spéciaux avaient en moi. Personne ne contestait mes décisions. Mais j'ai dû faire face à plein de nouveaux problèmes auxquels je n'étais pas habitué (les conditions climatiques, etc) et j'étais vraiment soulagé à la fin de chaque journée de tournage quand tout se passait bien.

    Vous n'étiez pas frustré de ne pas pouvoir vous consacrer entièrement aux effets spéciaux ?

    Non, parce que j'étais vraiment prêt à devenir un réalisateur à temps plein. Ce qui m'importait ici était de faire face à de nouveaux problèmes. Par conséquent, je n'ai aucun regret.

    Comment avez vous travaillé la relation entre Eragon et Saphira, son dragon numérique ?

    C'est le point essentiel du film. On a dû beaucoup travailler avec Ed pour que cette relation fonctionne à l'écran. Et il s'est révélé être excellent lorsqu'il s'agissait d'interagir avec "rien" pendant le tournage. Il devait laisser son imagination créer le dragon face à lui pour qu'il puisse lui répondre. En tant que responsable des effets visuels, j'ai vu beaucoup de bons acteurs avoir beaucoup de difficultés avec ce genre de rôles. Mais Ed s'en est très bien sorti. Comme j'ai beaucoup d'expérience dans les effets spéciaux, ils avaient confiance dans le fait que Saphira allait être réussie, ce qui leur a permis de jouer de manière assez sereine.

    Selon vous, qu'est ce que l'histoire de "Eragon" apporte en plus par rapport à d'autres romans fantastiques ?

    La relation avec le dragon principalement. Comparé aux précédents films avec des dragons Saphira est véritablement l'un des personnages principaux. Et j'ai aussi été séduit par les autres protagonistes de l'histoire, notamment celui d'Eragon dont le destin de simple fermier se voit véritablement bouleversé. Il doit alors accepter sa nouvelle situation. Ce qui m'a plu aussi, c'est le fait que toute l'histoire se déroule à travers ses yeux. Il y a très peu d'intrigues parallèles. Les personnages essayent soit de le soutenir soit de le tuer. C'était important pour moi de ne pas se perdre.

    Est-ce que Peter Jackson a fixé de nouveaux standards que tout film de Fantasy, comme "Eragon", se doit d'atteindre ?

    Non. J'ai voulu justement aller à l'opposé de ce qu'il avait réalisé en faisant un film plus modeste. Je ne voulais pas que l'on puisse comparer nos deux films, que ce soit en terme de durée, du nombre de personnages, etc. En aucun cas, je souhaite me comparer à Peter Jackson.

    Avez-vous tenu compte des attentes des fans du roman ?

    J'étais bien conscient de cette attente. J'en ai moi-même fait l'expérience quand j'ai vu les adaptations de livres que j'appréciais. Et ça correspond rarement à ce que l'on imagine quand on lit le livre... J'ai dû apporter quelques changements par rapport à l'oeuvre de Christopher Paolini, principalement afin d'éviter une comparaison trop facile avec Le Seigneur des anneaux. J'ai ainsi retiré les cornes des Urgals, nos elfes n'ont pas nécessairement les oreilles pointues, etc. Il y aura donc quelques déceptions parmi les fans, mais d'un autre côté j'espère leur apporter de bonnes surprises. On ne peut pas satisfaire tout le monde avec un film, mais il faut avant tout veiller à ne pas trahir le texte d'origine. Et il a beau avoir énormément de fans, cela ne suffit pas pour transformer le film en succès. C'est pour cela qu'il fallait rendre le livre intéressant également pour ceux qui ne l'ont pas lu. J'imagine que 60 à 70% des spectateurs qui iront voir le film seront dans ce cas.

    Comment avez vous choisi Ed Speleers ?

    J'ai rencontré Ed seulement six semaines avant le début du tournage et à ce moment, les studios menaçaient de repousser le film si jamais on ne trouvait pas d'acteurs. Au moment où je l'ai vu, j'ai senti qu'il était parfait pour le rôle, et ce n'était pas uniquement dû à son physique. Les femmes vont sans doute trouver Ed Speleers très attirant. Mais pour moi, ce qui importait était son naturel, sa diction, et il avait ce petit "plus" qui me plaisait.

    Pour vous, Saphira est-elle plutôt "la belle" ou "la bête" ?

    Elle est beaucoup plus une bête pour moi... En plus de son aspect très féminin, je voulais qu'elle puisse aussi devenir très brutale... Elle devait cracher du feu, dévorer des gens. Il fallait qu'elle soit un véritable symbole de puissance ! Il fallait qu'elle s'épanouisse sur les champs de bataille plutôt que dans un salon de beauté.

    Allez vous réaliser la suite de Eragon "L'Aîné" ?

    Nous n'en avons pas encore véritablement parlé. Tout le monde préfère attendre les premiers résultats du film. On ne peut vraiment pas les prévoir. Cette incertitude fait partie du métier, et c'est aussi ce qui le rend excitant. Il y a aussi le problème du troisième livre. On ne sait pas encore quelle direction va prendre l'histoire. Christopher Paolini travaille toujours dessus. Une fois le script achevé, ce serait intéressant de réaliser les deux derniers épisodes en même temps, comme Pirates des Caraïbes. Ce serait avantageux financièrement également. Mais il faut attendre un peu que l'histoire se développe, et que les scénarii se fassent. Il ne faut pas brusquer les choses. De mon côté, j'espère tourner un autre film l'été prochain, j'ai lu de très bons scénarii récemment.

    Propos recueillis par Eric Kervern le 11 décembre 2006

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