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    "Le Royaume Interdit" : rencontres musclées

    A l'occasion de la sortie en salles du "Royaume interdit", rencontres avec la star asiatique Jackie Chan et le réalisateur Rob Minkoff. Ce dernier, qui est aussi le papa du "Roi Lion", en profite pour nous donner sa vision du cinéma d'animation.

    Restons dans l'animation maintenant, puisque vous avez travaillé pour les studios Disney, pour qui vous avez co-réalisé "Le Roi Lion" : que pensez-vous de la situation de l'animation aujourd'hui ? Pensez-vous que trop de films sont faits, mais que trop peu sont bons ?

    Je pense que trop de films d'animation sont fait suivant le même style, et que trop peu prennent le risque d'en changer. L'animation est pourtant un genre magnifique, même s'il est clair que beaucoup trop de films sont produits. Il faudrait vraiment varier les sujets, pour toucher d'autres publics que ceux de ces comédies familiales colorées, dont les gens commencent d'ailleurs à être lassés.

    Vous venez de parler de changement, et il y a justement eu deux films qui ont récemment oeuvré dans ce sens : "Persepolis" et "Valse avec Bachir", qui avaient tous deux un côté politique. Pensez-vous que politique et animation soient compatibles ?

    Bien sûr ! Pour moi, tout est possible en matière d'animation, et ce genre de films pourraient encourager les autres à prendre des risques, et tenter autre chose que ce qui se fait déjà. Malheureusement, une entreprise comme Disney est devenue un business, et les films comme Kung Fu Panda, qui sortent aujourd'hui, coûtent tellement cher, que les producteurs cherchent avant tout à rentrer dans leurs frais, en dupliquant ce qui marchait avant. Pour moi, la solution est vraiment d'expérimenter, puisque les gens aiment l'animation, mais veulent voir de nouvelles choses.

    Que pensez-vous de l'évolution qu'a connue Disney depuis votre départ ?

    Le fait d'avoir Pixar avec eux est un plus, puisqu'il font incontestablement les meilleurs films d'animation. J'adore ce qu'ils font. Je discutais de la situation de Disney avec John Musker [réalisateur d'Aladdin, ndlr] et nous étions d'accord pour dire que la compagnie avait fait le bon choix en donnant plus de pouvoir à John Lasseter qui, comme chacun le sait, est un génie.

    Qui vous apparaît aujourd'hui comme le plus gros challenger de Pixar ?

    Je ne vois pas de groupe particulier. Pour moi, celui ou ceux qui voudront défier Pixar devront proposer quelque chose de différent. Prenez l'exemple de La Légende de Beowulf : il y a certes à redire sur le style, mais pas sur l'ambition. Pareil pour Monster House, qui était vraiment bien. Beowulf, de son côté, avait beaucoup de problèmes au niveau du design ou de l'animation des yeux, mais les choix artistiques sont remarquables, et ce même si la technologie ne suit pas forcément derrière, car c'était excitant de voir enfin quelque chose de nouveau. Donc pour moi, c'est en relevant ce type de défi qu'il sera possible de concurrencer Pixar.

    Pouvez-vous nous donner votre avis sur les différents films que j'ai sélectionnés : "Kuzco, l'empereur mégalo", pour commencer, que beaucoup considèrent comme le dernier bon Disney.

    C'est amusant parce que Roger Allers, avec qui j'ai réalisé Le Roi Lion, devait aussi faire Kuzco, dont il avait eu l'idée. Il a donc présenté son projet aux producteurs, mais il avait une approche un peu trop sérieuse, qui n'a pas vraiment plu. Du coup le projet a été confié à Mark Dindal, qui avait commencé à y travailler avec Roger. Mais ce qui est arrivé à ce dernier m'a tellement brisé le coeur que j'ai eu du mal à pleinement apprécier le film quand je l'ai vu.

    Que pensez-vous de "Toy Story", le premier long métrage réalisé par Pixar, qui a été une vraie révolution ?

    C'est un film fantastique ! Ce qui est amusant, c'est que pendant le développement du film, j'ai pu voir le story-board, qui était déjà très bon, malgré le fait que bien des détails ont été inventés ensuite, pendant la production. Je me souviens avoir participé à une réunion où il a été question de la séquence au Pizza Planet : il y avait Chris Sanders – le réalisateur de Lilo & Stitch -, Gary Trousdale, Kirk Wise, Peter Docter, John Lasseter... Tout le monde a proposé des gags, et c'est notamment au milieu des débats que Chris Sanders a eu l'idée des martiens à trois yeux. Quand le film a été terminé, j'étais à Rome, pour faire la promotion du Roi Lion, et j'y ai rencontré une actrice travaillant sur le doublage du film, qui m'a permis de le voir, en me " prêtant " une copie du film, que j'ai trouvé fabuleux.

    Que pensez-vous de " Shrek " et " L'Âge de glace ", qui apparaissent comme les seuls films pouvant rivaliser avec Pixar au box-office ?

    J'ai vraiment bien aimé le premier Shrek quand je l'ai vu pour la première fois. Même si les graphismes m'ont moyennement emballé, l'histoire, la sensibilité et l'humour, eux, m'ont plu. En revanche, je n'ai vraiment pas aimé le premier Age de glace – le second si. Je ne comprends vraiment pas l'engouement qu'il y a eu autour de ce film : les graphismes sont affreux, l'humour était un peu trop exagéré à mon sens, surtout avec ce personnage insupportable, Sid (il se met à imiter le personnage en question). Au bout d'un moment, j'avais envie de dire : " bon ça va ! Fiche-moi la paix ! " (rires) Mais le deuxième m'a plu, parce qu'il y avait un meilleur équilibre entre l'humour et le côté sérieux du film, représenté par les événements qui menacent les personnages.

    Avez-vous vu les films d'Hayao Miyazaki ?

    Oui, la grande majorité, et je les ai trouvés fantastiques.

    Seriez-vous prêt à retourner vers l'animation ?

    Bien sûr ! Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, j'aime beaucoup le procédé à l'oeuvre sur Beowulf, et j'adorerai réaliser un film en 3D, de la même façon.

    Propos recuillis par Maximilien Pierrette à Paris le 19 juin 2008.

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