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    "Fish Tank" : rencontre avec Katie Jarvis

    Ce mercredi sort en salles "Fish Tank", Prix du Jury au dernier Festival de Cannes. AlloCiné a rencontré la révélation du film, la jeune Katie Jarvis.

    AlloCiné : La danse mise à part, comment vous êtes-vous préparée au rôle ?

    Katie Jarvis : Pour être honnête, je ne l'ai pas tant préparé que ça. Au moment où je l'ai obtenu, je ne me suis pas rendue compte de l'impact que ça allait avoir. Et lorsque l'on m'a donné le scénario en entier, il n'y avait rien que je puisse préparer car je ne savais rien de ce qui allait arriver. On me l'a donné le premier jour de tournage, donc je le prenais au jour le jour, comme ça venait, plus qu'autre chose. Avant que le film ne soit montré à Cannes, je n'avait pas réalisé quelle importance ça allait prendre.

    AlloCiné : A propos du scénario, il paraît qu'Andrea Arnold ne le donne pas vraiment à l'avance. A-t-il été plus facile pour vous, qui débutez, de prendre le rôle comme il venait ? Ou avez-vous été anxieuse ?

    J'ai été un peu anxieuse, oui. Je pense que c'était en partie parce que je ne savais pas comment mon personnage devait se comporter, quel genre de personne elle était, je ne savais rien sur elle. Il a fallu que je devine comment elle agirait... Andrea nous donnait la scène le jour d'avant, parfois le jour-même, donc c'était un peu dur mais c'était passionnant.

    AlloCiné : Mia est une adolescente. Vous aussi. Que partagez-vous avec ce personnage ?

    Ce qui m'a aidé tout au long de Fish Tank, c'est que Mia a vécu dans l'Essex toute sa vie, comme moi, et en grandissant là-bas j'ai rencontré des gens comme elle, qui n'avaient pas de relations proches avec leurs familles . J'ai ressenti de la sympathie envers elle, car elle est jeune, elle se sent seule, et quand sa mère a un nouveau petit ami, elle ne sait pas comment le prendre, elle ne sait pas si Connor est une figure paternelle ou plus que ça. C'était assez intense mais après tout... Si je pense à ma vie, nous sommes très proches avec ma mère, j'ai trois petites soeurs que j'aime. C'était assez compliqué de jouer Mia, justement parce qu'elle a des relations difficiles avec sa famille. D'un côté, c'était grisant.

    AlloCiné : C'est la première fois que vous jouez dans un film. Qu'est ce qui vous a marqué sur le tournage ? Quels souvenirs en gardez-vous ?

    J'ai plein de souvenirs. C'était la meilleure expérience de ma vie, après le fait d'avoir eu mon enfant bien sûr. Je pense que le meilleur, c'est le fait d'avoir vu les gens qui travaillaient sur le tournage. Avant, je regardais juste un film comme ça. Maintenant, je ne regarderai plus jamais un film de la même manière, parce que je sais combien il y de personnes autour, ce qui se passe dans l'envers du décor, tout ce qui doit être fait pour le réaliser... Un truc qui m'a marqué c'est la "triche", au cinéma, on triche, c'était marrant de le faire, je ne savais pas. Je suis encore en train de m'habituer à tout ça, tout n'est arrivé qu'une seule fois, la projection du film à Cannes, quand j'ai eu mon bébé, voyager partout pour la promotion, tout ça est unique pour moi.

    AlloCiné : Quelle a été la scène la plus compliquée à tourner pour vous ?

    Il y a deux scènes que j'ai trouvé difficiles. La scène de sexe avec Michael Fassbender. Et l'autre, c'est celle avec les gens du voyage, quand ils tentent de m'attaquer. En fait, c'était le plus dur car ils se sont servis de la méthode Stanislavski (approche psychologique d'un rôle). Ils jouaient et ne sortaient pas de leurs personnages alors je les croyais horribles. J'ai fini par m'enfuir en pleurant, et ils sont venus s'excuser. Et alors, j'ai su qu'ils n'étaient pas ce qu'ils jouaient. C'était assez dur car je n'avais pas réalisé que c'était des personnes jouant un rôle. En fait, c'était vraiment des gens charmants. Bien sûr, la seconde scène la plus dure était celle avec Michael. C'était compliqué parce que je n'avais rien fait de ce genre avant, mais il me l'a rendue plus facile car il a beaucoup plus d'expérience que moi, et je me suis dit que lui aussi devait se sentir mal comme il est plus âgé, que je suis plus jeune...

    AlloCiné : Le personnage de la mère dans le film est très particulier. C'est un personnage très dur. Maintenant que vous êtes mère à votre tour, la percevez-vous autrement ?

    Oui. Je ne crois pas que la mère réalise vraiment ce qu'elle a fait. Elle pousse sa fille à bout, jusqu'au dernier moment. C'était plutôt dur, évidemment il y avait plusieurs scènes où Mia et sa mère se crient dessus. Mais, maintenant que je suis mère, le film m'a fait réaliser ce que je ne veux pas pour ma fille. J'aimerais qu'elle ne se sente jamais aussi mal que Mia, si vous voyez ce que je veux dire, car Mia est toute seule, elle n'a pas d'ami, elle n'a rien. Je ne veux pas que ma propre fille ressente ça. Donc oui, j'ai eu tendance à voir les choses sous un autre angle. Je ne savais pas que j'étais enceinte, je l'ai seulement découvert après le tournage. C'était assez dingue. Dès que j'ai été mère, je pensais tout différemment, c'était plutôt déstabilisant. (...)

    AlloCiné : Parlons de Cannes. Vous n'y étiez pas, mais en avez-vous eu des échos ?

    C'était énorme pour moi, vraiment fou. Je ne pensait pas que le film allait prendre cette ampleur jusqu'au ce qu'il soit sélectionné à Cannes. Quand il a été montré à Cannes, c'était la première fois qu'il était projeté quelque part, et il a eu de très bons échos, je suis vraiment très heureuse de la façon dont ça s'est passé. Je pense que par dessus tout, je voulais montrer à Andrea que je pouvais le faire. Désormais, c'est plus à moi même que je veux prouver quelque chose. Mais avant tout, il fallait lui prouver, à elle, parce qu'elle a pris un risque énorme, je n'avais jamais joué dans rien avant, elle m'a tiré de la rue, et évidemment c'était super pour moi de jouer le rôle principal dans un film. Ça a du être dur pour elle, car elle aurait pu avoir un acteur expérimenté, comme Michael et Kierston, ils ont fait des films avant, je n'avait rien fait de tel. Donc je voulais absolument lui montrer que pour elle, je pouvais le faire. Et quand le film a été à Cannes, et qu'il a gagné le Prix du Jury, j'étais hyper contente pour Andrea, et du fait que j'avais été capable de le faire pour elle.

    Avez-vous des projets pour la suite ?

    J'ai lu plusieurs scénarios, plusieurs choses, mais je pense que c'est juste une question de choisir le bon rôle désormais. Je veux faire quelque chose de différent de Fish Tank, un personnage différent. Pour voir jusqu'où je pourrais aller, ce dont je suis capable. Mais j'aimerais vraiment continuer à jouer. Vraiment. J'ai tellement aimé ça.

    AlloCiné : Pour les gens qui n'ont pas vu le film, comment décririez-vous Fish Tank?

    S'ils aiment les films réalistes, Fish Tank n'est pas un conte de fée hollywoodien, c'est sur la vraie vie des britanniques. Si Fish Tank fonctionne, je pense que c'est parce qu'il montre des gens dans tout leurs états : heureux, tristes, se sentant absolument seuls. Je pense que ça en dit beaucoup sur la vie à travers peu de gens. C'est plutôt... Il faudrait que je trouve le mot juste : c'est un film assez intense.

    Propos recueillis par Judith Godinot à Paris le 1er septembre 2009

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