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    Cannes 2014 : "Les Nouveaux Sauvages" vus par Ricardo Darin et son réalisateur Damián Szifron

    Révélé par le thriller "Dans ses yeux", Ricardo Darin est présent sur la Croisette cette année pour le films à sketchs "Les Nouveaux Sauvages". Une comédie barrée de Damián Szifron qui a fait rire les festivaliers...

    Warner Bros. France

    Vous êtes conscient d'avoir posé un Ovni à Cannes avec "Les Nouveaux Sauvages" ?

    Damián Szifron : Non, bien évidemment. Et c'est un grand honneur d'être présent ici. C'est la première fois que je montre le film. Et les réactions dont on me parle sont les premiers retours que j'ai sur le film, en dehors de l'équipe.

    Le film est extrêmement riche. Beaucoup de thèmes et de genres sont abordés. Et la vraie cohérence se révèle une fois la lumière rallumée. C'est extrêmement étonnant...

    Ricardo Darin : C'est très exactement ça. Le réalisateur a tellement d'idées dans la tête... Et vous savez, le film n'est qu'une toute petite expression de ses idées ! D'un point de vue cinématographique, on peut dire qu'il est complètement fou. Il a dû faire une énorme sélection pour ne raconter au final que six histoires. C'est incroyable.

    Le film est composé de sketchs, tous différents dans la forme et le genre. La cohérence générale ne se révèle finalement qu'à la toute fin, et même bien après le film terminé... Comment avez-vous construit le film ?

    Damián Szifron : J'ai tourné deux séries et deux films avant Les Nouveaux Sauvages. Ma dernière série remonte à 2006. Lorsque je travaillais sur la série, j'écrivais et je tournais en même temps, toujours en décalé puisque je filmais un épisode écrit bien auparavant... et j'écrivais un épisode ultérieur au même moment. J'étais très fatigué par cet exercice. J'ai donc voulu consacrer mon temps, ou plutôt une partie de mon temps, à l'écriture. Je me suis mis à imaginer un film de science-fiction, qui s'est peu à peu transformé en trilogie, puis en série. Parallèlement je développais d'autres projets, notamment un western et une comédie romantique. Je me suis perdu dans mon propre labyrinthe de travail... et j'avais toujours des nouvelles idées qui surgissaient ! Je me suis décidé à comprimer ces nouvelles idées, et cela a donné ces "contes sauvages" (ndlr : la traduction littérale du titre original "Relatos Salvajes"), qui étaient des contes cinématographiques. Je savais déjà ce que je devais filmer. Quand j'ai réuni ces histoires dans un seul volume, le titre du film m'est venu instantanément. C'est ainsi que ce long-métrage est né.

    Au-delà de la cohérence thématique générale, il est étonnant de voir comment le film réussit à garder une cohérence visuelle, malgré des épisodes radicalement opposés.

    Ricardo Darin : Damián Szifron est un professionnel de la mise en scène. On pourrait même dire qu'il est obsessionnel. Et quand je dis cela, c'est positif, un compliment. Damián a par exemple beaucoup d'humour. Il rigole beaucoup sur le plateau, y compris pendant le tournage d'une scène. Il est comme un enfant qui rigole en racontant une histoire. C'est un fou ! (rires) Mais c'est un fou qui sait exactement ce qu'il a en tête et ce qu'il veut. Il est très précis et veut l'obtenir à l'image. Et son image est ultra composée. regardez le premier plan, mais aussi le 2ème et le 3ème. Damián a sa prise précise en tête et nous recommençons jusqu'à ce que nous l'obtenions. Et cela concerne aussi bien l'image évidemment, mais aussi la musique des paroles, l'intonation... tout ce qui fait une image cinématographique.

    Votre film est d'une maitrise absolue de l'image. J'ai en tête l'image du personnage de Ricardo Darin assis dans le café, observant dehors la fourrière en train de prendre sa voiture. Composition du cadre, mouvement du comédien, la profondeur de champ...

    Damián Szifron : Si vous regardiez mes films antérieurs, vous n'auriez sans doute pas la même impression. Ce film est une libération pour moi en ce qui concerne la réalisation. Je me suis libéré. J'avais peut-être avant l'impression qu'un film était "fini" une fois le scénario bouclé. J'avais le film en tête et je pensais pouvoir le reproduire à l'image. Maintenant non. Lorsque j'ai terminé le script de ce film, je me suis dit qu'il fallait le laisser de côté en quelque sorte et me concentrer pleinement sur la mise en scène. Cette expérience a été tout à fait nouvelle. Je ne dirais pas que j'ai été plus exigeant, mais j'ai ressenti davantage de désir. Le désir d'utiliser les matériaux et les outils du cinéma pour raconter ces histoires. Et c'est sans doute pour cela que le film a davantage de relief.

    Le film commence très fort. Avec le plus drôle des crashs d'avion. Le sketch dans lequel vous apparaissez marque une rupture dans la tonalité. Vers un ton plus sombre...

    Ricardo Darin : Je suis tout à fait d'accord. Mais je ne pouvais pas en avoir conscience avant. Tout simplement parce que "mon" sketch était théoriquement le dernier du film. C'est au montage que Damián a décidé de le placer finalement au milieu, pour enclencher justement cette transition tonale et parce que placer le sketch du mariage à la fin du film était la solution la plus logique en terme de rythme, car il s'agit de la plus longue séquence, mais aussi parce l'histoire du mariage a en son coeur une ouverture positive, ou tout du moins une lueur d'espoir.

    La bande-annonce des "Nouveaux Sauvages" :

     

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