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    Cannes 2015 : "Je suis triste que mon personnage de La Loi du Marché n'existe pas"
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 12 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    "C’est la première fois de ma vie qu’un personnage m’émeut, je suis triste qu’il n’existe pas". Vincent Lindon et le réalisateur Stéphane Brizé se livrent avec émotion sur La Loi du marché, un film social poignant, au cinéma aujourd'hui.

    Il y a des interviews qui vous marquent plus que d'autres, et celle-ci, assurément, en fera partie. En demandant de rencontrer ensemble le réalisateur Stéphane Brizé et Vincent Lindon, son acteur fétiche (La Loi du marché est leur 3e film ensemble), nous espérions que leur complicité rende cette interview un peu spéciale, sorte un peu des sentiers battus de la promo. Le résultat est allé au-delà même de nos attentes, Vincent Lindon et Stéphane Brizé nous ayant fait partager un très beau moment de l'émotion à vous donner la chair de poule, au fou rire ultra-communicatif (voir plus bas) !

    Visiblement très touché par le personnage de Thierry, un chômeur qui accepte un travail d'agent de sécurité dans un supermarché, Vincent Lindon nous a en effet confié que c'était comme une obligation pour lui d'accepter ce rôle. Il va même plus loin : "c’est la première fois de ma vie qu’un personnage m’émeut, je suis triste qu’il n’existe pas". Un personnage qui lui a "fait un bien énorme", qui l'a "rendu beaucoup plus fort".

    Une grande énergie a présidé la fabrication de ce film

    Depuis sa génèse, La Loi du Marché est un projet à part. "Si on base sur le temps que tout ça a pris, c'est-à-dire à petit plus d'un an, pour écrire, tourner, monter le film, et se retrouver ensemble à faire cette interview, il y a effectivement une grande énergie qui a présidé dans la fabrication de ce film", détaille Stéphane Brizé, réalisateur, et co-scénariste avec Olivier Gorce. 

    BORDE-MOREAU / BESTIMAGE

    "Avec Stéphane, on a jamais l'impression qu'il y a du travail, poursuit Vincent Lindon. Il y en a énormément, mais j'ai l'impression que c'est quelqu'un qui avance couche par couche. En fait, ça démarre depuis très longtemps : d'abord, c'est le troisième film où il me prend pour interpréter le rôle principal. Ce n'est pas rien pour un acteur, de la part d'un metteur en scène, et Stéphane en particulier.

    Stéphane avait une envie farouche d'amener une nouvelle proposition de cinéma

    Ensuite, je me souviens qu'il y a maintenant presque deux ans, Stéphane avait une envie farouche d'amener une nouvelle proposition de cinéma. Il l'a approché et ça n'a finalement pas abouti. Ca s'est calmé, mais cette envie s'est durcie en même temps. Après, on s'est parlé d'une idée, et on a vu qu'on avait quelque chose qui nous obsédait tous les deux, dans le travail, dans le monde du travail. C'est comme si les deux personnages qu'on avait fait ensemble étaient un chemin, un entonoir obligaoire d'épuration pour arriver, lui, à cette proposition de mise en scène,  et moi à devenir ce personnage de Thierry. Après, c'est allé extrêmement vite, mais je crois que c'est une envie qui a commencé bien avant."

    "Ce film là, il n'aurait pas été possible ensemble, s'il n'y avait pas eu les deux autres avant, complète Stéphane Brizé. Il y a une façon de travailler qui nécessite un espace de confiance. Ca n'aurait pas pu être un premier film. Il fallait se connaître, s'être reniflé avant."

    Stéphane Brizé et Vincent Lindon, un duo complice, qui nous a aussi offert un très beau moment, en partant dans un fou rire communicatif. Nous allions aborder la façon dont le réalisateur a dirigé Lindon, magistral dans ce nouveau film. Quand soudain...

    Mais pourquoi ont-ils éclaté de rire ? 

    Quant à la matière première du film, Stéphane Brizé indique que "c'est de l'invention". "On invente une histoire. Ce n'est pas quelque chose qui a été vécu par quelqu'un. Ce n'est pas le biopic de... Mais après, la majorité des histoires sont nourries par le réel. Je n'ai aucun imaginaire, j'ai un bon sens de l'observation. Il y a des choses qui s'installent, et au bout d'un moment, ça devient un sujet nécessaire. Puis, ça se transforme en histoire. Une histoire, c'est comme la fabrication d'un moteur. Ca n'arrive pas comme ça. On a une idée, et pendant des mois et des mois, avec un scénariste, on construit l'histoire. C'est la matière vivante du quotidien qui nous nourrit."

    La bande-annonce de La Loi du marché de Stéphane Brizé, projeté en compétition officielle hier à Cannes, et aujourd'hui dans toute la France :

     

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