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    SOS Fantômes : "Je voulais une vraie origin story avec un monde où il n’y avait pas de fantômes"
    Emmanuel Itier
    Emmanuel Itier
    -Correspondant
    Basé à Los Angeles, Emmanuel Itier accompagne AlloCiné sur les sorties américaines, en assurant interviews/junkets et couverture d’événements US.

    Alors que la bande-annonce de "S.O.S. Fantômes" a été dévoilée la semaine dernière, le réalisateur Paul Feig dévoile à AlloCiné son approche et sa vision du long métrage, attendu sur les écrans le 10 août 2016. Morceaux choisis.

    AlloCiné : Comment avez-vous convaincu Sony de vous confier cette franchise ?

    Paul Feig (réalisateur) : Ivan Reitman, le réalisateur des films originaux, m’a contacté alors que que je tournai Spy : à l´époque, il avait un scénario qui devait être une suite aux deux premiers films. C’était un honneur pour moi, mais je ne voyais pas comment faire une suite, surtout parce qu’Harold Ramis venait de mourir... Et Bill Murray ne voulait pas le faire donc cela semblait être insoluble. Mais Amy Pascal, l'ancienne patronne de Sony, ne m’a pas lâché et voulait vraiment que je prenne en main cette franchise. J'étais fasciné par le concept de comiques combattant le paranormal avec l’aide de la science. Et un jour, j’ai eu le déclic : pourquoi ne pas enrôler toutes ces femmes extrêmement drôles que je connais des mes films précédents pour rebooter le film sans en faire une suite, en proposant un hommage qui n’a pas de lien véritable avec les deux autres films. L’idée, c’est que New York n’avait pas encore eu de fantômes et que la technologie pour les combattre n’existe pas. Je voulais vraiment partir de zéro et créer ma propre origin story avec ces femmes qui vont vraiment se découvrir des talents de chasseurs de fantômes et mettre au point une nouvelle techonologie pour faire face à ces créatures qui prennent d’assaut la ville. L’année dernière, alors que j’étais sur le point d’aller au Comic-Con, j’ai rappelé Amy pour lui faire part de mon idée et elle a sauté dessus. Je n’ai jamais eu un film approuvé de la sorte en une conversation ! Et nous avons immédiatement pensé à engager Katie Dippold, qui avait écrit Les Flingueuses et Spy pour moi.

    Sony Pictures Releasing France
    Les SOS Fantômes ont marché parce qu’ils avaient choisis les meilleurs comiques de l’époque : nous avons fait de même

    Pourquoi avoir pris des femmes pour mener le film ? Est-ce que cela change la donne ?

    Non, je ne crois pas que cela change quoi que ce soit et le scénario aurait très bien pu être interprété par des acteurs masculins. Simplement, je connaissais toutes ces actrices tellement drôles. J'ai donc j’ai saisi l’opportunité pour apporter quelque chose de frais au concept de Ghostbusters. Les premiers films ont marché parce qu’ils avaient choisis les meilleurs comiques de l’époque, et nous avons fait de même. Il se trouve juste que ce sont des femmes. Mais le film n’est en rien féministe et l’humour est surtout universel. Que vous soyez un homme ou une femme, vous allez vous tordre de rire, et sursauter de temps à autres ! En fait, je connais tellement de femme hilarantes que la difficulté résidait dans le fait de trouver l'équipe idéale : Kristen Wiig, Melissa McCarthy, Kate McKinnon and Leslie Jones. Ca n'a pas été facile d’arriver à cette combinaison car je ne voulais pas qu’elles se fassent de l’ombre entre elles, tout en ayant chacune une personnalité hors du commun. Ca m’a pris deux ou trois mois, et sans même une seule audition. Leslie Jones ce fut un coup de foudre en regardant le Saturday Night Live, par exemple. Avec Melissa McCarthy, je pensais qu’elle ne serait pas disponible tant elle travaille... mais en fait, c’est elle qui a vraiment voulu le rôle !

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    Y-a t’il eu beaucoup d’improvisation avec toutes ces comiques ?

    Cela dépend d’une scène à l’autre et de l’ambiance du moment. Mais c’est vrai que tout le monde s’est vraiment lâché pendant le tournage. Même Chris Hemsworth est devenu un improvisateur hors pair ! Franchement, il nous a vraiment impressionnés. Vous verrez notamment la scène où il passe un entretien d'embauche face aux filles : il est vraiment hilarant !

    Ce film est un hommage aux films des années 80 et à Ivan Reitman

    Est-ce que l’histoire est similaire au premier film, est-ce qu'il y a un rapport ?

    Non, pas vraiment. C’est le même esprit et le même concept, mais c’est une histoire nouvelle et différente. Les personnages des quatre filles sont totalement originaux. Le personnage de Kristen Wiig, par exemple, a vu un fantôme quand elle était gosse et tout le monde pensait qu’elle était folle : mais ses amies croyaient en son histoire et ensemble elles sont devenues des "fans" de fantômes. Toutes ces amies, des années plus tard, vont se rendre compte que ce qu’elles croyaient est vrai et que New York est maintenant la proie d’une invasion de mauvais esprits. Comme je l’ai dit précédemment, ce film est un hommage aux films des années 80 et à Ivan Reitman qui a tellement eu d’influence dans ma carrière. La scénariste et moi sommes avant tout des fans de Ghostbusters, donc nous avons fait en sorte que l’on retrouve beaucoup de choses qui étaient dans le premier film, comme les fusils à protons des Ghostbusters, la voiture (qui est en fait un corbillard car la famille de Leslie Jones est dans les pompes funèbres), etc... 

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    Le ton est similaire aux premiers films ?

    Absolument, c’est une comédie d’horreur : il y a donc des moments effrayants. En tout cas, c’est l’équilibre que je recherchais entre l’humour et la peur. Je ne suis pas un fan de cinéma d’horreur mais j’aime ce qui est angoissant, envoûtant. Et avec un humour noir bien décapant. Tels sont les ingrédients du nouveau Ghostbusters.

    Quels sont les thèmes abordés ?

    Pour moi, ce qui se trouve au coeur du film c’est la légitimté que tout le monde recherche, la reconnaissance de l’autre. C’est vraiment l’histoire de quelqu’un qui veut montrer qu’elle n’est pas folle et qu’elle a eu raison en croyant en l’existence des fantômes. Le personnage de Kristen Wiig, Erin Gilbert, se bat pour être reconnue pour sa croyance au surnaturel. Tout comme nous qui nous nous battons dans notre vie pour être reconnus pour telle ou telle chose. C’est le combat de chacune de nos vies que de vouloir être apprécié à notre juste valeur et de trouver notre place dans la société.

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    Evidemment, une autre chose que nous avons gardée est la chanson d’origine de Ray Parker Jr.

    Est-ce que les acteurs originaux sont dans le film ?

    Absolument ! Tous les acteurs d’origine ont un caméo. Dan Aykroyd fut le premier avec qui je me suis entretenu, il soutenait totalement notre film. Il nous a même envoyé des idées. Bill Murray a hésité avant de finalement nous rejoindre. Il est formidable. Evidemment, une autre chose que nous avons gardée est la chanson d’origine de Ray Parker Jr., sauf que nous allons en faire une version différente et remixée.

    Quel a été le plus grand défi pour vous ?

    Eviter de rire pendant une prise ! Elles sont toutes tellement drôles que je devais tout faire pour ne pas exploser de rire et ruiner telle ou telle prise. Sinon, le plus gros défi a été le nombre d’effets spéciaux au coeur du film. C’est vraiment la première fois que j’ai autant de scènes avec des effets pratiques ou digitaux... et parfois les deux. J’ai vraiment été prudent dans l’élaboration des fantômes pour que le CGI vienne simplement renforcer ce qui est créé véritablement. Chaque fantôme est d’abord un acteur en costume, et ensuite en post-production nous le changeons digitalement. En fait, les acteurs portent des costumes recouverts de lampes LED permettant ainsi à la lumière de se refléter. Cela rend l’apparence plus réelle et ça permet aussi aux actrices d’avoir à jouer en face d’un vrai personnage et non une balle de tennis sur fond vert. Même le fameux fantome "Slimer" (Bouftou en VF, NDLR) était une vraie marionnette que nous modifions en post-production avec un peu d’effets digitaux. Mais au départ, il existe pour de vrai.

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    Je suis sûr que le studio aimerait développer une franchise ou une trilogie

    Est-ce que des choses étranges se sont passées pendant le tournage ?

    Je vais vous décevoir car vraiment rien d’effrayant ne s’est produit. Ce fut le tournage le plus tranquille et amusant de ma carrière jusque-là ! En fait, le planning était parfaitement huilé : nous tournions 10 heures pas jour en continu sans pause déjeuner. On appelle ça un tournage en French Hours. Cela nous permet de garder l’énergie tout au long de la journée et d’avoir des journées beaucoup moins longues que les 12 à 14 heures habituelles.

    Est-ce que l’idée est de créer une nouvelle franchise ?

    Je suis sûr que le studio aimerait développer une franchise ou une trilogie. Mais tout ceci dépendra du succès de ce premier film. Mais pour moi, l'essentiel était de faire CE film et de ne penser à rien d’autre. C’est à Ivan Reitman de penser en terme de "Ghostbusters Universe" et de penser à la suite…

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    Je voulais une vraie origin story avec un monde où il n’y avait pas de fantômes

    Comment appréhendez-vous les réactions des fans, notamment ceux qui sont contre ce reboot ?

    Je suis très ouvert à tous les fans et mon compte Twitter en atteste. Après, il y a deux types de fans : ceux qui sont agressivement contre le fait que je fasse ce reboot. Et honnêtement, il n’y a pas de réponse possible à leur donner... sauf que je pense qu’ils ont tort et espère qu’ils aimeront le film que nous avons fait. Et puis il y a ceux qui voulait une véritable suite et non un reboot. Et je peux les comprendre, mais j’essaye de leur faire comprendre que je voulais une vraie origin story avec un monde où il n’y avait pas de fantômes. J’espère aussi qu’en voyant notre film, ce groupe de personnes sera envoûté et aimera ce que nous avons créé. Je veux vraiment dire que j’ai fait ce film en tant que fan. Et je veux que ce film soit fait pour une nouvelle génération de fans. Notamment les filles qui vont maintenant pouvoir s’identifier aux héroïnes, tout comme les garcons avec les héros dans les films des années 80.

    Propos recueillis par Emmanuel itier en mars 2016 à Los Angeles

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