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    Présidentielle - "Nouvelle Vague", "A bout de souffle", "Tirez sur le pianiste" : les candidats donnent un titre de film à la campagne 2017
    Camille Marigaux
    Camille Marigaux
    Journaliste Culture, Politique et International à France Culture et RFI, Camille Marigaux collabore avec AlloCiné et Boxoffice Pro sur la campagne présidentielle en partant à la rencontre des différent·e·s candidat·e·s à l'élection autour de leur programme culturel et goûts cinéma/séries.

    Pour AlloCiné, les candidat(e)s à l'élection présidentielle dévoilent leurs goûts en politique-fiction et leur programme culturel.

    Nathalie ARTHAUD

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    Candidate... et spectatrice

    • Un film ou une série politique incontournable ?

    Le film Les Camarades, la série The Mill

    • Le meilleur Président de cinéma ou de séries ?

    Vous ne trouvez pas que ce sont les politiciens qui sont de piètres acteurs dans cette élection présidentielle ?

    • Le titre de film qui illustre le mieux cette campagne présidentielle ?

    "A bout de souffle"… comme le cirque électoral.

    • Quel épisode de la vie politique française ferait un bon film ?

    Les récents rebondissements dans les affaires politiques que ce soit à droite, à gauche où à l’extrême droite inspireront peut-être des réalisateurs tant la réalité peut surpasser la fiction.

    • Parmi les films, séries ou téléfilms traitant de la politique française, quelle a été selon vous la meilleure et la plus fidèle incarnation d'un(e) homme / femme politique ayant existé ?

    J’ai beaucoup aimé le film Comme des Lions qui présente non pas une personnalité politique mais un groupe de femmes et d’hommes de la classe ouvrière qui font de la vraie politique en défendant leur droit à vivre décemment.

    • Quel acteur/actrice pour vous incarner à l’écran ?

    Tout acteur ou actrice qui aurait envie de personnifier la révolte, l’engagement, l’envie de changer le monde.

    • La réplique de cinéma qui vous résume le mieux ?

    "Peu importe ce qu’on pourra vous dire, les mots et les idées peuvent changer le monde"Le Cercle des Poètes disparus

    • Vos 3 films cultes

    Suffragettes, parce qu’il montre des femmes, des ouvrières qui se battent et qui s’organisent pour gagner des droits.

    - Patients, pour le courage et l’envie de vivre des personnages qui jouent le rôle de personnes atteintes d’un handicap.

    - Amy, parce qu’il raconte la vie d’Amy Whinehouse, comment elle a été traitée comme une marchandise, broyée à 27 ans par un système pour faire de l’argent sur son talent.

    La Culture, parent pauvre de la campagne 2017

    • Quel est votre programme de politique culturelle ?

    Dans la société d’exploitation capitaliste régie par l’argent roi, avec son cortège d’inégalités sociales, la culture n’est pas accessible à tous. Elle est finalement réservée à ceux qui en ont les moyens économiques et qui en ont les habitudes sociales. En sont exclues les classes populaires, ceux qui ont des petits salaires, des petites retraites qui ne leur permettent même pas d’accéder au cinéma. Alors que dire alors de l’opéra, des salles de concert ou des sites historiques et culturels ? Ceux qui possèdent les grands groupes capitalistes qui fabriquent de la culture, ces Bouygues, Bolloré, Drahi et autres Dassault l’utilisent, comme ils utilisent la téléphonie ou la production automobile pour faire des profits. Car pour ces groupes capitalistes, la culture est une marchandise… Pas pour moi !

    • Quelle serait votre première mesure pour la Culture ?

    Aujourd’hui, le budget public de la culture ne représente que 1 % du budget de l’Etat. Cette part est insuffisante au regard des chantiers qu’il faudrait accomplir pour rendre la culture gratuite et accessible pour tous. Il faudrait consacrer l’agent public à l’éducation, à la culture au lieu de le distribuer, à perte, au grand patronat. Et cela nécessite de se battre, de mener un combat pour libérer la culture des appétits de profits de ces capitalistes pour qu’elle soit gratuite, accessible à tous et non pas réservée à une élite économique ou intellectuelle. Ce combat, c'est aussi le sens du programme que je défends dans cette campagne électorale.

    Financement du cinéma français

    • Un système à bout de souffle ?

    Le cinéma est aussi une marchandise. C’est la domination du capital sur le cinéma qui lui coupe le souffle, c’est-à- dire qui limite sa créativité. Car celle-ci ne peut s’exprimer qu’en toute liberté, sans domination aucune, et encore moins celle de l’argent roi.

    • Faut-il repenser le régime des intermittents du spectacle ?

    Nous avons soutenu la lutte des intermittents du spectacle contre le patronat du secteur. Cette lutte qui dure depuis 2003, a abouti à l’accord du 28 avril 2016. Beaucoup de travailleurs intermittents avaient vu là, à juste titre, un recul sous la pression de leur mobilisation et aussi de celle, plus générale, de l’ensemble des salariés et de la jeunesse contre la loi travail. Mais l’accord signé en avril a été remis en cause en juin d’un claquement de doigts du Medef. Les intermittents se sont donc remobilisés, et à juste titre. Oui, il faut permettre aux intermittents, aux artistes, techniciens et à tous les salariés de la culture et du divertissement de vivre sans subir la précarité et la pauvreté qui est souvent le lot d’une grande partie d’entre eux. Contre ces grands groupes qui utilisent l’embauche d’intermittents, comme TF1 ou Lagardère et qui font de confortables bénéfices, nous soutenons le combat de ces travailleurs. Dans la culture, comme dans les autres secteurs, nous sommes pour l’interdiction des licenciements, pour l’embauche massive et pour la répartition du travail entre tous, sans diminution de salaire.

    • Quelles obligations pour les nouveaux acteurs (Netflix, Amazon…) ?

    Netflix ou Amazon sont des grands groupes capitalistes dont la seule loi est celle du profit. Ils vendent du divertissement comme d’autres vendent des voitures ou des avions de chasse. Les vrais acteurs de la création artistique, les artistes, les scénaristes, etc. doivent pouvoir vivre décemment de leur activité.

    • Faut-il encadrer les investissements étrangers dans l'exploitation française ?

    Je ne me pose pas la question du cinéma en termes de pays isolés et rivaux : la littérature est mondiale, le théâtre, la musique, la peinture, la sculpture aussi. C’est ce qui fait la richesse de la culture en général comme celle du cinéma. Je suis donc opposée à tout discours sur un cinéma "bien français" ou à toute forme de chauvinisme et de repli nationaliste.

    Accessibilité au Cinéma

    • Le cinéma est-il trop cher en France ?

    Le cinéma, s’il était gratuit serait accessible à tous les publics. L'industrie du cinéma, comme son nom l'indique, a pour vocation exclusive de faire des profits. Les firmes exigent que leurs artistes soient écoutés ou vus par un public payant, et payant cher. Tant pis donc pour ceux qui ne peuvent pas payer, tant pis pour les artistes qui ne rapportent pas assez.

    • Quelle accessibilité pour les personnes handicapées dans les salles de cinéma ?

    Quant à l’accessibilité physique, la loi handicap de 2005 prévoyait l'obligation d'accessibilité des établissements recevant du public pour le 1er janvier 2015. Mais quels changements réels dans la société ? L'échéance a été reportée de 3 à 9 ans. Pour les beaux discours, les mots creux les responsables politiques se poussent en avant sur la scène mais quand il s’agit d’appliquer la loi ou de contraindre les entreprises à appliquer les normes d’accessibilité, tous s’inclinent devant les prétendues difficultés matérielles voire financières que les entreprises privées mettent en avant pour repousser les travaux. L’argent existe. Les récents chiffres des bénéfices des entreprises du CAC 40 et la publication de la fortune des milliardaires montrent qu’il serait possible de régler cette question d’accessibilité et ce, rapidement.

    Piratage & Streaming

    • Quelles mesures pour adapter le code de la propriété intellectuelle au digital ?

    La création, comme les autres activités humaines ne devraient pas être soumises aux lois du marchés. Les œuvres d’art, comme les matières premières ou les biens immobiliers sont l’objet de spéculations et elles sont ainsi captives du goût des puissants qui dirigent le monde et qui ont les moyens de s’acheter des œuvres d’art ou des entreprises. Pour être véritablement libre, la création artistique ne doit pas se plier aux lois de la propriété privée capitaliste. En tant que militante communiste, je suis pour une société débarrassée de cette appropriation capitaliste de l’art dont la conséquence est que tout s’achète, tout se vend, un tableau, un rapport sexuel, un organe, la parole d’un homme.

    • Faut-il amender Hadopi ?

    La loi Hadopi est censée défendre les intérêts des artistes qui ne vivent que de la diffusion de leurs œuvres. Mais c'est surtout une loi de défense de la propriété privée. Or la propriété privée, intellectuelle ou non, est très inégalement répartie. Dans le domaine du cinéma comme de la musique, de leur création et de leur diffusion, elle est concentrée dans les mains de quelques grandes entreprises, gérant les carrières des vedettes les plus connues. Ce sont surtout les profits de ces grandes compagnies qu'il s'agit de protéger et c'est ce que fait, tout à fait logiquement, la majorité au pouvoir. En revanche, cette loi n'aide guère la plus grande partie des artistes, ceux qui vivent de leurs cachets.

    La France et les Séries

    • Soutenez-vous le(s) projet(s) de création d’un Festival International des Séries ?

    Un festival international des séries auraient le mérite de faire connaître ou redécouvrir des séries de qualité telles que The Mill ou The Wire.

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