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    La educación del rey : "Les gens sont bons, les gouvernements sont de la merde"
    Vincent Garnier
    Vincent Garnier
    -Rédacteur en chef
    Cinéphile omnivore, Vincent « Michel » Garnier se nourrit depuis de longues années de tous les cinémas, sans distinction de genres ou de styles. Aux côtés de Yoann « Michel » Sardet, il supervise la Rédac d’AlloCiné et traque les Faux Raccords.

    Pour son premier long métrage, "La educación del rey", l'Argentin Santiago Esteves s'inscrit dans la veine social du Film Noir et propose une vision désenchantée d'un pays gangrené par la corruption.

    Urban Distribution

    Le titre, La educación del rey (littéralement "L'Education du Roi"), peut sembler ironique. Quel sens a-t-il pour vous ?

    Santiago Esteves : Dans ce cas, le titre était la première chose à apparaître. Juan Manuel Bordón, mon co-auteur, est venu un jour avec ce titre et les deux personnages principaux, Rey et Carlos. Juan Manuel avait cette idée de gardes de sécurité et de voleurs, qui forment la classe armée de notre temps. Et je pensais que le contraste entre un titre qui semblait mythique et une histoire très contemporaine en Argentine était un point de départ très motivant. De là, nous avons travaillé à la construction d'une trame classique maître/élève, en utilisant des éléments du Film Noir et du Western, en nous concentrant également sur le côté émotionnel de la relation entre Rey et Carlos. Nous ne voulions pas être ironiques, parce que l'ironie peut mettre de la distance entre les spectateurs et les personnages. Or nous voulions rester proches des personnages. Mais à la fin, ce que je trouve tragiquement ironique, c'est que Rey a quelque chose en commun avec un roi : l'endroit où il est né conditionne sa vie.

    Votre film s'inspire d'un fait divers réel ?

    Bien que l'histoire de la rencontre entre Rey et Carlos soit complètement fictive, l'histoire des flics utilisant de jeunes garçons pour commettre des vols est une triste réalité de notre pays. Nous avons eu un cas terrible en 2009 : Luciano Arruga, 16 ans, a disparu après avoir refusé de travailler pour des policiers locaux. Presque six ans plus tard, après une mobilisation d’envergure de sa famille et de certains membres de la communauté, il a été retrouvé sans vie. Cette histoire a influencé la nôtre pendant le processus d'écriture.

    Selon vous, le Film Noir est-il le genre idéal pour parler de politique ?

    Je pense que c'est l'une des grandes leçons du Film Noir, et nous voulions inscrire notre film dans cet héritage. Nos personnages et leurs motivations sont le reflet d'une société brisée. Tous les jours, les médias nous montrent une effrayante caractérisation de ce qui est en réalité la frange la plus vulnérable de notre propre peuple, suggérant que les délinquants vivent dans un monde parallèle au nôtre. Je pense que nous avons réussi à construire un personnage dont le lieu de naissance ne condamne pas à la criminalité, et dont le développement dépend d'un réseau complexe d'interactions sociales.

    Votre fim propose une vision très sombre de l'Argentine et de ses institutions...

    En Argentine, nous avons un problème historique avec les forces de sécurité. La corruption est hors de contrôle, et quand ils répondent au pouvoir politique, c'est généralement pour le mal du peuple. Je crois en quelque chose qui a été dit dans le dernier film d'Aki Kaurismaki : les gens sont bons, les gouvernements sont de la merde. Explorer cette question est une responsabilité du cinéma actuel.

    La bande-annonce de "La educación del rey" :

     

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