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    Soleil battant : "un film intimiste, de paysages et de grands espaces" selon Clara et Laura Laperrousaz

    Face aux étoiles de "Star Wars 8", "Soleil battant", premier long métrage français de Clara et Laura Laperrousaz joue la contre-programmation. Un film sombre et intimiste à la fois, nourri par les paysages et le soleil du Portugal. Rencontre.

    Alfama Films

    AlloCiné : Soleil battant est votre premier long métrage. Quel est votre parcours cinéphile ? Comment avez-vous eu envie de devenir cinéaste ?

    Clara Laperrousaz, coréalisatrice et coscénariste : Notre père est réalisateur. On a baigné dedans enfant. Nous sommes beaucoup allées en salle de montage, à défaut d'être allée plus sur les tournages. Il tournait en général à l'étranger, assez loin. Ça nous a formé l'oeil, une forme de correspondance dans le travail de montage...

    Laura Laperrousaz, coréalisatrice et coscénariste : Et [cela nous a formé] une curiosité, car il y avait des conversations autour de films. Nous sommes beaucoup allées au cinéma étant petites. Clara a fait des études de philosophie, et moi j'étais aux Beaux Arts de Paris, où elle m'a rejointe. Nous n'avions pas à l'esprit pendant assez longtemps de basculer vers le cinéma à proprement parler.

    C.L. : En te rejoignant aux Beaux Arts, on a commencé à écrire pour le cinéma et à co-réaliser. C'est sûr qu'ayant lutté longtemps contre le sang, on est venue à faire du cinéma avec une grande exhalation.

    L.P. : Pour autant, cela nous a intéressées d'être dans un circuit d'études littéraires et philosophiques dans le cas de Clara, et qu'elle me rejoigne aux Beaux Arts et d'être entourées de regards d'artistes, de plasticiens. Ça nous a beaucoup nourri…

    C.P. : ... Plutôt que de faire une école de cinéma.

    L.P. : On s'est posé la question à un moment de savoir si on ferait une autre école de cinéma, ou si en cours d'études, on basculerait vers une école de cinéma. Mais finalement, on se disait que c'était tout à fait précieux de ménager cette période, ce type de regards. On sera rattrapées tôt ou tard par le monde du cinéma…

    C.P. : Et puis, on baignait dedans déjà.

    Est-ce qu'il y a des films qui vous ont marqué particulièrement, qui ont été en quelque sort déclencheurs ?

    C.P. : Le cinéma de Bergman en général est très cher à nos coeurs,Tarkovski…

    L.P. : Carmelo Bene, John Ford, John Cassavettes…

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    Quel a été le point de départ du film ? Quand on vous voit ensemble, on croirait presque que vous êtes jumelles, mais ce n'est pas le cas !

    C.P. : On a un lien gémellaire. On est jumelles avec 2 ans et demi d'écart ! C'est un peu particulier mais c'est vrai. C'est ce qui nous lie. Évidemment, dans ce film, il y a un matériau intime : le secret de cette famille est le secret de la notre. Très clairement, on s'est inspirées de ce qu'on avait pu vivre. Mais on a voulu en faire un véritable film de cinéma. C'est une fiction et nous avons construit les choses pour qu'il y ait de la mise en scène, que les plans soient tous absolument construits, comme s'il s'agissait de tableaux.

    L.P. : Pour nous, c'est du cinéma à la fois en terme de récit, de mode narratif puisqu'il y a énormément de choses qu'on a créé de toutes pièces, des décalages, des transpositions… Et en effet, comme le disait Clara, cela nous intéressait beaucoup de pouvoir réfléchir en terme de plans, de longueur de plans, de valeur de plans, et qui résonnent différemment les uns par rapport aux autres selon ce qu'on imaginait du travail de montage aussi.

    Il y aussi toute une construction, tout un travail autour du contraste dans ce film…

    C.P. : Oui, exactement. Le thème est sombre, mais on voulait appeler ça Soleil battant et que la joie porte le film tout du long via ces petites filles, et aussi par l'intermédiaire de ces paysages absolument splendides de l'Alentejo [au Portugal]. On a construit le film dans cet esprit d'un western en technicolor, d'un point de vue image. C'était toujours très chaud, très saturé, très contrasté, très brillant. Et ça amène une lumière qui se poursuit tout au long du film.

    L.P. : On a imaginé tout ça dès l'écriture. C'est un axe qui nous tenait incroyablement à coeur, qu'il puisse y avoir cette poésie des paysages, cet onirisme, cette joie, cette luminosité à l'image.

    C.P. : Tout cela est soutenu aussi par le travail de la musique. C'est une composition originale.

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    Il y a beaucoup de sensualité aussi…

    C.P. : C'est vraiment dans ce sens qu'on voulait faire exister ce couple. Elle est mère de ces deux jumelles, mais elle est aussi femme et il y a une sensualité, un côté charnel et sensoriel dans ce film. C'est un film qui travaille aussi sur les éléments, sur la chaleur, sur la peau des acteurs.

    L.P. : Sur l'eau aussi qui est l'un des thèmes majeurs du film. Il y a, comme ça, un cycle de l'eau qui évolue à travers le film. Tout cela était très important dès l'écriture, d'avoir des marqueurs dès cette étape. (...) Le film est construit sur un socle émotionnel avec un matériau intime. Cela pourrait être considéré comme un huis clos intimiste mais on voulait en contre point lui offrir une espèce d'immensité avec ces paysages. Nous avions à coeur de construire, en même temps qu'un film intimiste, un film de paysages, de grands espaces. 

    Est-ce que ça a été compliqué de faire ce premier long métrage ? D'autant que vous n'êtes pas passées par une école de cinéma, comme vous l'expliquiez plus tôt.

    C.P. : Ce n'était pas ça le problème ! On a traversé des épreuves très compliquées que beaucoup de réalisateurs traversent. Pour un premier film, le plus compliqué c'est de trouver l'argent pour le financer. Nous avons eu l'avance sur recettes finalement. Nous avons eu des fonds régionaux que nous avons finalement dû abandonner puisque nous avons tourné au Portugal.

    L.P. : C'était pour garder cette lumière, car le tournage a été décalé. Il fallait absolument pour nous que le tournage soit gorgé de lumière, de chaleur. Nous avons donc décalé géographiquement notre film au Portugal.

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    Pour l'anecdote, votre film sort face à Star Wars…

    C.P. : Ce sont les étoiles contre le soleil ! Espérons que les étoiles embrasseront le soleil ! Que Soleil battant saura trouver sa voie.

    L.P. : [De savoir que nous sortions face à Star Wars], nous étions à la fois terrifiées et amusées. Il y a de la place pour deux types de films extrêmement différents.

    C.P. : Oui, ce sont deux types de cinéma, et c'est vrai que Noël approche, que ça correspond aussi aux dates de Hanoucca… Ce sont des fêtes sur la lumière donc on s'est dit que ça allait parer notre soleil battant de quelque chose de très positif.

    L.P. : Et que la sortie soit plongée dans le début de l'hiver était intéressant pour nous : puisque vous parliez des effets de contraste, en effet, restons dans le contraste !

    C.P. : C'est plongé dans l'été donc on s'est dit que les spectateurs pourraient être attirés par ça.

    Préparez-vous déjà un nouveau film ?

    C.P. : Oui, nous sommes en phase d'écriture d'un film qui là aussi comportera deux sœurs mais qui seront beaucoup plus âgées. On ne travaillera plus avec des enfants. C'est un film qui ira plus franchement vers le fantastique.

    L.P. : Une grande part sera donnée à nouveau à la puissance des paysages.

    La bande-annonce de Soleil battant :

     

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