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    J'ai 2 amours sur Arte : François Vincentelli dans un sous-Clara Sheller dont on peine à tomber amoureux

    Arte diffuse ce jeudi 22 mars à 20h55 la mini-série "J'ai 2 amours", emmenée notamment par François Vincentelli, Julia Faure, et Camille Chamoux. Une comédie de mœurs pas franchement réussie, qui nous ferait presque regretter "Clara Sheller"...

    Benoit Linder/Arte France/Italique Productions

    De quoi ça parle ?

    À 40 ans, Hector, médecin urgentiste à Strasbourg, est en couple avec Jérémie depuis cinq ans. Ensemble, ils ont un projet d’enfant avec leur amie Anna, homosexuelle en proie à un pressant désir de maternité, qui s’est installée chez eux après une rupture douloureuse. Mais alors qu’ils viennent d’entamer un protocole d’insémination artificielle en Belgique, Hector recroise à l’hôpital son premier amour, Louise. Vingt ans après leur séparation, ils retombent dans les bras l’un de l’autre. Bientôt, il comprend qu’entre ses deux amours, il ne veut pas choisir. Combien de temps pourra-t-il garder le secret de sa double vie qui le rend heureux et l’oppresse à la fois ?

    J'ai 2 amours, avec François Vincentelli, Julia Faure, Olivier Barthélémy, Camille Chamoux, Catherine Salée, Yelle, Robin Egloffe, ...

    Jeudi 22 mars à 20h55 sur Arte (3 épisodes) et d'ores et déjà disponible en intégralité sur le site de la chaîne.

    Ça ressemble à quoi ?

    Ça vaut le coup d'oeil ?

    Présentée par Olivier Joyard, son créateur et scénariste, comme une série "sur la duplicité, l'ambiguïté, et le mensonge", J'ai 2 amours est une expérience sérielle dont on ressort pour le moins partagé, à l'image de la dualité des sentiments du héros qu'elle s'attache à raconter avec plus ou moins de succès au fil de ses 3 épisodes de 52 minutes. Partagé car c'est une mini-série qu'on a envie d'aimer, voire d'applaudir, tant elle fait souffler un petit vent de fraîcheur sur le paysage audiovisuel français actuel, en traitant de thématiques ultra contemporaines et en faisant la part belle à des personnages bien dans leur époque, qui affichent des sexualités diverses et s'éloignent des clichés encore trop répandus pour ressembler à des vrais gens, qu'ils soient hétéros, gays, lesbiens, ou bisexuels.

    Mais malheureusement, passé un premier épisode plutôt plaisant, qui voit Hector (François Vincentelli) se confronter aux aléas de ses désirs et s'enfoncer peu à peu dans une double vie de mensonges, J'ai 2 amours s'effondre et s'impose comme une proposition maladroite, qui ressemble davantage à un très très long film qu'à une vraie mini-série. La faute au format 3x52 minutes un peu bâtard cher à Arte ? Peut-être. Ce qui est certain c'est que ce format n'aide pas la série, tant il semble empêcher toute profondeur au niveau des personnages. D'autant plus qu'il n'était pas le format envisagé au départ par Olivier Joyard, comme le confiait la productrice Hélène Delale au festival de La Rochelle en septembre dernier :

    "Au départ c'était un 12x26 minutes. On a eu beaucoup de discussions avec Arte il y a 5 ans, qui se lançait dans le 3x52 minutes. On a fini par se mettre d'accord sur ce format mais on a dû réajuster beaucoup de choses car les lignes des personnages étaient beaucoup plus denses. Il y a eu un travail où on a épuré les personnages". Et c'est bien là que le bât blesse. La psychologie des personnages fait défaut à la série. On ne parvient jamais à s'attacher à Hector ou à Julia. On y parviendrait presque avec Jérémie, incarné avec justesse par Olivier Barthélémy, mais le compagnon du héros reste malheureusement toujours trop en retrait. Et surtout, on ne croit jamais à ces histoires d'amour. On ne voit pas ce qu'Hector peut bien trouver à l'antipathique Louise (Julia Faure), et on peine à percevoir l'amour qui est censé unir Hector et Jérémie. Bref, on suit J'ai 2 amours sans jamais vraiment s'investir ou se soucier de l'issue finale de cette histoire.

    Benoit Linder/Arte France/Italique Production

    Et lorsque retentit le générique de fin du troisième et dernier épisode (le plus faible de la série), on se dit que malgré un aspect actuel indéniable et un excès de modernité plus ou moins louable (on devrait adorer les références aux séries, et notamment à Friday Night Lights - un clin d'oeil à l'autre métier d'Olivier Joyard, qui est journaliste et critique séries - mais même cela sonne malheureusement assez faux), J'ai 2 amours, à force d'effleurer ses sujets, n'apporte pas grand-chose de neuf par rapport à Clara Sheller, dont la diffusion s'est pourtant achevée il y a près de dix ans sur France 2. Une série dans laquelle François Vincentelli incarnait déjà un homme bisexuel tiraillé entre un homme et une femme mais qui, même si elle était loin d'être parfaite (surtout en saison 2), avait au moins le mérite de nous offrir des personnages attachants et plus fouillés.

    Heureusement, outre sa thématique et son refus des clichés dans la sexualité de ses personnages, J'ai 2 amours est tout de même sauvée par quelques points forts, dont plusieurs séquences vraiment très drôles (on retient notamment une scène de sexe très bien écrite et bien jouée entre Jérémie et Anna), par la bande-son rythmée par les morceaux de Yelle, et par les prestations au top, dans des rôles un peu plus secondaires, d'une Camille Chamoux en grande forme et de Catherine Salée dans le rôle de Françoise, la collègue médecin et amie d'Hector. C'est mieux que rien, mais pas suffisant pour effacer le fait que l'on ne comprend pas très bien ce qu'Olivier Joyard et son co-auteur, Jérôme Larcher (Baisers cachés), ont cherché à nous raconter.

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