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    The Crossing, The Handmaid's Tale, Black-ish : la télévision de l'Amérique de Trump en trois séries

    "The Crossing", "The Handmaid's Tale", "Black-ish" : focus sur trois séries très différentes qui interrogent l'Amérique de Trump. Chacune à sa façon.

    ABC / Hulu

    En novembre 2016, Hollywood, majoritairement démocrate, était secoué par un séisme inattendu : Donald Trump été élu à la présidence des Etats-Unis. Une saison plus tard, quel impact cela a-t-il eu sur la création et sur les productions télévisuelles ? Les séries se sont-elles davantage politisées ? Comment s'y prennent-elles ?

    Plusieurs séries ont abordé frontalement l'élection de Trump, des Simpson à American Horror Story. Beaucoup accentuent leur discours politique, d'American Crime à Grey's Anatomy. Si on remarque qu'un vent politique soufflait déjà sur les séries la saison dernière, on observe que plusieurs d'entre elles tentent cette saison de questionner un visage de la société américaine en se concentrant sur un sujet fort. Focus sur trois séries très différentes qui interrogent l'Amérique de Trump, chacune à sa façon. 

    The Crossing

    Le genre a toujours été un bon moyen de faire de la politique. Pour The Crossing, qui commence ce soir sur ABC, il s'agit d'aborder la crise des migrants par le prisme de la science-fiction. Des réfugiés de guerre, échoués par la mer, demandent asile dans un petit village de pêcheurs de l'Etat de Washington, au Nord-Ouest des Etats-Unis. Fait étrange, ils ont la nationalité américaine et le conflit qu'ils fuient n'a pas encore eu lieu...

    C'est d'ailleurs la vue de la photographie de l'Irakien Laith Majid débarquant sur l'île grecque de Kos avec sa famille en 2015 qui est à l'origine de The Crossing. Si l'on en croit le pilote, la série devrait surtout s'intéresser au voyage dans le temps, et en filigrane à la question de l'accueil et du rejet de l'autre car pour les créateurs, le genre est un moyen de raconter l'Amérique d'aujourd'hui. A force de penser que l'ennemi, c'est l'autre ou celui qui vient d'ailleurs, on oublie que l'ennemi  le plus dangereux, c'est souvent soi-même. 

    La bande-annonce de The Crossing :

    The Handmaid's Tale

    Aussi étonnant que cela puisse paraître et bien qu'elle revête une résonnance particulière dans sa diffusion post-élection, la saison 1 de The Handmaid's Tale était écrite avant l'arrivée de Trump au pouvoir. D'ailleurs, le roman dont elle est adaptée date de 1985. Pourtant, la série, très lucide sur son temps, dit beaucoup d'un mal qui sévit depuis des siècles dans les sociétés occidentales : la violence contre les femmes. Et il n'est certainement pas anodin que la série coïncide avec l'accession à la présidence par un homme à la misogynie décomplexée et qui s'oppose ouvertement au droit à l'avortement. 

    En accord avec le roman, c'est la voie de la dystopie qu'emprunte The Handmaid's Tale : dans une société  totalitaire au très bas taux de natalité, les femmes sont divisées en trois catégories : les Epouses, qui dominent la maison, les Marthas, qui l'entretiennent, et les Servantes, dont le rôle est la reproduction. 

    A l'origine conçu comme une mini-série, le show a été renouvelé pour une deuxième saison. Une décision qui, elle, a peut-être bien été prise en réaction à l'élection de Donald Trump. On attend donc avec impatience de découvrir ce que cette deuxième saison nous réserve en s'émancipant du chemin tracé par le roman de Margaret Atwood. 

    La bande-annonce de la saison 2 de The Handmaid's Tale, qui arrive le 26 avril sur Hulu :

    Black-ish

    La communauté afro-américaine a souffert tout au long de l'histoire des Etats-Unis et depuis l'élection de Donald Trump, on observe que les supprémacistes blancs ne se sont jamais senti aussi libres. La sitcom Black-ish, sur le network ABC, a choisi le ton de l'humour et de la série familiale pour aborder, notamment, les nombreux problèmes qui touchent la communauté noire dans l'Amérique d'aujourd'hui. Elle suit le quotidien d'Andre "Dre" Johnson, cadre ayant très bien réussi, et de sa famille à travers les quiproquo, les querelles et les dilemmes moraux que l'on retrouve habituellement dans les sitcom, à cela près que la couleur de peau des personnages et leur culture noire constitue véritablement l'identité du show. Le dilemme de Dre Johnson, c'est de se demander si, en donnant à ses enfants une vie privilégiée si différentes de sa propre enfance appauvrie, ils ne risquent pas de perdre leur héritage culturel.

    La série a déjà abordé de front le sujet des violences policières et en janvier 2017, la série a proposé un épisode génial en réaction à l'élection de Trump (ce n'est pas la seule, d'ailleurs) qui n'a laissé personne indifférent. A la fin de l'épisode, lorsque Dre est accusé par ses collègues de n'être pas assez horrifié par le résultat, il livre un discours poignant sur le morceau de Nina Simone "Strange Fruit" : "Les Noirs se réveillent tous les jours en espérant que leurs vies vont changer, même si tout ce qui nous entoure semble nous dire le contraire, dit-il. (...) Je suis habitué à ce que les choses ne se passent pas comme je le voudrais. Excusez-moi d'être un peu choqué de ne pas avoir vu tant d'indignation quand les pires choses arrivaient à tout mon peuple depuis que nous sommes arrivés entassés et enchaînés dans des bateaux. J'aime ce pays, autant, et même peut-être plus, que vous. N'oubliez jamais ça."

    Pour le créateur de Black-ish, Kenya Barris, la question de l'identité ethnique et culturelle est plus taboue que jamais et ce n'est qu'en en parlant librement que l'on peut espérer faire évoluer les choses. 

    La teaser de l'épisode de l'épisode 12 de la saison 3 de Black-ish, "Lemons" :

     

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