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    La Tendre indifférence du monde : "La culture française est la liberté et la recherche"

    Un drame kazakh francophile, où l'on cite Camus entre corruption et mariage forcé : c'est "La Tendre indifférence du monde", passé par la section Un Certain Regard au Festival de Cannes. Rencontre avec son réalisateur Adilkhan Yerzhanov.

    Arizona Distribution

    La belle Saltanat et son chevalier servant Kuandyk sont amis depuis l’enfance. Criblée de dettes, la famille de Saltanat l’envoie dans la grande ville où elle est promise à un riche mariage. Escortée par Kuandyk qui veille sur elle, Saltanat quitte son village pour l’inconnu. Les deux jeunes gens se trouvent entraînés malgré eux dans une suite d’événements cruels et tentent d’y résister de toutes les façons possibles.

    AlloCiné : Comment présenteriez-vous La Tendre indifférence du monde, qui relève à la fois du drame, du conte et même du film burlesque pas certains aspects ?

    Adilkhan Yerzhanov : Je ne le limiterais pas à un genre spécifique. Disons que j’identifie le film comme une légende d’amour, avec ses règles et son cadre folklorique.

    Le film propose un constat assez sombre sur l'état du Kazakhstan, comme si, à l'image du personnage de Kuandyk à un certain moment de l'histoire, le pays avait perdu sa conscience et vendu son âme...

    Beaucoup de choses dans le monde aujourd'hui ont perdu leur apparence humaine, sont devenues pragmatiques et, je dirais, trop logiques. Bien sûr, dans la recherche du profit, quelque chose de moral a disparu de notre société. Je crois que l'amour peut aider à garder ou du moins retrouver cette conscience.

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    Dès lors vos deux héros semblent condamnés à devoir subir ou "partir", sans rien pouvoir changer à leur situation personnelle ni à la situation du pays en général. C'est un point de vue assez désespéré.

    Je crois qu'une sorte de malédiction Samouraï est la seule vertu qu'une personne puisse garder pour toujours. C’est la philosophie de Camus, sa raison de se rebeller.

    Justement, parlons de Camus et de la culture française qui traverse ce film. Que représente cette culture pour vous ?

    Tout d’abord, c’est le cinéma et la peinture. Et bien sûr, c'est la littérature. Seuls les réalisateurs français peuvent se permettre de faire des oeuvres d'avant-garde à notre époque commerciale, à l’instar de la peinture du XIXe siècle. Pour moi, la culture française est la liberté et la recherche, ce qui est fondamentalement la même chose. Je pense que le cinéma français est un point de référence pour tous les cinéastes, et le Kazakhstan ne fait pas exception.

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    Parlez nous de votre approche graphique : chaque plan du film est un tableau, et il y a un décalage surprenant entre la beauté formelle et le fond assez glauque et désespéré.

    Je ne peux pas passer le temps du film sur de simples cadres illustratifs. Je dois m'assurer que chaque plan est autonome et y injecter le maximum d'informations. Quant à la beauté, ce n'est pas une fin en soi : c'est une sorte de protestation contre la banalité.

    La Tendre indifférence du monde, actuellement au cinéma

     

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