Mon compte
    Qui est Tiphaine Daviot, l'héroïne de HP sur OCS ?
    Julia Fernandez
    Julia Fernandez
    -Journaliste Séries TV
    Elevée à « La Trilogie du samedi », accro aux séries HBO, aux sitcoms et aux dramas britanniques, elle suit avec curiosité et enthousiasme l’évolution des séries françaises. Peu importe le genre et le format, tant que les fictions sortent des sentiers battus et aident la société à se raconter.

    Dans HP, elle tient le rôle de Sheila, jeune interne qui se retrouve confrontée à la réalité de l'hôpital psychiatrique. Retour sur le parcours d'une jeune comédienne à la carrière prometteuse.

    Séries TV : l'école OCS

    Après une formation théâtrale, Tiphaine Daviot débute à la télévision dans des rôles secondaires sur Commissaire Magellan et RIS sur TF1. Elle décroche ensuite un rôle récurrent dans Lazy Company sur OCS, créée par Alexandre Philip et Samuel Bodin, avant d'enchaîner sur Dead Landes (France 4), l'unitaire Coup de Foudre à Bora Bora sur TF1, et les deux premières saisons de Zone Blanche sur France 2, avant de revenir à l'écurie OCS avec Alphonse Président. Ironie du sort, c'est également sur une création OCS qu'elle décroche son premier grand rôle principal avec HP : "On a eu une presse incroyable, on ne s'attendait pas à ça. C'est très varié et plutôt unanime, et les retours public sont hyper bons ! J'ai l'impression que c'est une série qui plait à beaucoup des gens assez différents. Il doit y avoir un petit truc universel dedans."

    Une premier rôle exigeant à porter sur une saison entière, dans lequel elle a pourtant vite pris ses marques :"J'étais quasiment de tous les plans ! Le travail était très intense, tout était crossboardé, c'était 10x26 minutes dans le désordre total. C'était un sacré exercice de faire que tout se raccorde sur le plan émotionnel, avec les contraintes d'un petit budget et d'un rythme intense. On tournait 8 minutes utiles par jour, ce qui est très dense - ça représente un épisode tourné en deux jours et demi. Et en même temps ça crée un mouvement qui n'est pas désagréable, surtout pour le comédien, d'autant plus qu'on avait la chance de tourner dans un hôpital avec deux caméras. En tant qu'acteur, on est tout le temps sollicité, et tout le temps dans la concentration. Il faut énormément produire, mais au moins ça vit ! Avoir un premier rôle pour la première fois et devoir porter une série comme ça, il y a évidemment la peur de se planter, mais aussi un vrai confort : on est tellement immergés dedans, on est tellement imprégnés dans le rôle qu'on peut pas se disperser. En comparaison, je trouve que les seconds rôles génèrent plus de stress : on a envie de montrer plein de choses, mais on a pas le temps. Dans un premier rôle, on connaît toutes les équipes, on se sent comme à la maison... C'est assez agréable en fait, je veux bien en faire plein !"

    L'hôpital en crise

    La comédienne ne redoutait pas la diffusion quasi-simultanée de HP et de la série médicale Hippocrate sur Canal +, malgré les nombreux points de connexion entre les deux séries sur le poids des responsabilités donnés aux internes, les coupes budgétaires subies par l'hôpital public et le besoin vital d'empathie envers les patients : "Pas tellement, car je ne pensais pas qu'on parlerait autant d'HP! C'est ma quatrième série OCS, donc je commence à connaître... J'adore ce que fait Thomas, je vais voir tous ses films" (Elle avait d'ailleurs joué dans le long-métrage du même nom de Thomas Lilti.) "Je n'avais pas peur de la comparaison parce qu'on ne parle pas de la même branche de médecine, et à la fois il y a un socle commun qui est finalement très humain. Ca ne parle un peu que de bienveillance. Et ça parle aussi d'un hôpital en crise, de gens qui se débattent là-dedans et qui font ça par passion, parce que sinon ce serait compliqué. Ils sont dévalorisés, on leur met des bâtons dans les roues, mais ils ont cette bienveillance et cette envie d'aider, d'être à l'écoute et de se surpasser." Montrer des institutions en crise doublé d'un besoin croissant d'empathie et de bienveillance : deux séries qui reflètent parfaitement leur époque. "Maintenant, il faudrait s'attaquer à l'école !" déclare Tiphaine en riant.

    Comédie et cinéma de genre

    Au cinéma, elle oscille entre le film de genre potache et la comédie : on l'a aperçue aux côtés de Dany Boon dans Eyjafjallajoküll, La vie très privée de Monsieur Sim, L'Ascension, et plus récemment Demi-soeurs aux côtés de Sabrina Ouazani et Alice DavidGirls with Balls, qu'elle a tourné en 2017, "c'est vraiment du millième degré." Comédie gore réalisée par Olivier Afonso mettant en scène une équipe de volleyball féminine, le film n'a pas encore trouvé de distributeur français. Dans le même registre de sport à la sauce horrifique, elle apparaît également dans Goal of the Dead, où une horde de zombies vient pertuber un match de foot.

    Sa prestation remarquée dans Les Bigorneaux(prix du meilleur court-métrage aux Césars 2018) lui a un peu plus ouvert les portes de l'Acamédie, et a marqué une rencontre professionnelle et amicale avec la réalisatrice Alice Vial, qui écrit actuellement son prochain long-métrage et a fait partie de la même promotion de l'école de la Fémis qu'Emilie Noblet, la réalisatrice d'HP (avec qui elle a réalisé des épisodes de la websérie Loulou.) Les futurs projets de la comédienne l'emmèneront notamment sur Netflix, où elle collabore à nouveau avec Samuel Bodin sur un projet original : "Je suis actuellement en tournage sur une série Netflix qui s'appelle Marianne. C'est du fantastique/horreur, sur les sorcières. C'est plus sérieux dans le ton, ça fait assez peur." Un thème dans l'air du temps puisque les sorcières font leur grand retour dans les séries et la pop-culture : "Complètement ! Au festival des Arcs (où elle était membre du jury, ndlr), j'ai rencontré plein de gens qui m'ont justement dit travailler sur des projets de sorcières. Il y a vraiment un revival ! C'était hyper à la mode dans les années 1990, et puis ça a disparu. C'est lié au féminisme en partie, avec des personnages de femmes fortes, mais c'est aussi une mode cyclique, on l'a vu avec les vampires!" 

    Une prédisposition particulière pour les fictions de genre ? "J'ai fait pas mal de genre, c'est vrai, je ne sais pas pourquoi d'ailleurs ! Mais j'adore ça, même en tant que spectatrice. J'ai un long en prévision dans un an, dans le registre de l'horreur – pour changer !- le prochain film de Patrick Ridremont, un comédien belge qui fait son deuxième long. Il sera seulement tourné en novembre prochain car il joue actuellement dans la série Unité 42. Il y aura la deuxième saison d'HP début 2020, et je suis aussi sur En Famille sur M6, une comédie réalisée en plateau, ce qui change totalement les conditions de tournage !"

    Indie gore, séries d'auteur, comédies grand public; Tiphaine Daviot confirme être inclassable dans ses choix. " Tant mieux, pourvu que ça dure ! "

    Place aux jeunes

    Ses références côté séries ? "Six Feet Under, qui est incroyable, Breaking Bad, Friends, parce qu'elle m'a nourrie, et parce que la comédie c'est ce qu'il y a de plus dur à faire; Code Quantum quand j'étais plus petite et qui m'a retourné le cerveau, X-Files... En France, la série possède un côté plus risqué et "sexy" que le cinéma parfois. On y voit plus de prise de risques, notamment au niveau du genre abordé." 

    Les diffuseurs commencent aussi à comprendre qu'il faut laisser la place aux jeunes, surtout chez les auteurs. "Aujourd'hui en France, on assiste à l'émergence d'une génération de scénaristes et de créateurs biberonnés aux séries; inconsciemment, on se dit que la France est un peu à la traîne, alors qu'on a pourtant des talents. On a tendance aussi en France à laisser tomber le scénario, parce qu'on a pas des pools de scénaristes comme aux Etats-Unis, on a pas les mêmes budgets non plus évidemment, mais un bon scénario, c'est quand même un peu la base. Ce sont des jeunes plein de références qui les mettent en oeuvre... Sur HP, c'est un trio de créatrices par ailleurs ! Emilie [Noblet] a précédemment travaillé sur Irresponsable, qui a bien marché sur OCS" (elle avait réalisé le pilote de la série à la Fémis, ndlr.) " Emilie elle est très fine, et ça fait du bien la finesse."

    Irait-on vers plus de parité dans les fictions françaises ? "Sur HP en tout cas, on a beaucoup de femmes à toutes les étapes de création, complètement par hasard : autrices, réalisatrices, productrice, directrice de production, toute une équipe d'ingés son féminine, ce qui est très rare! Et bien sûr, une héroïne forte."

    Propos recueillis le 19 décembre 2018

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Sur le même sujet
    Commentaires
    Back to Top