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    Mouche sur Canal+ - Camille Cottin : "C'est ce côté trash qui m'avait énormément séduit dans la série" [INTERVIEW]

    Adaptation tricolore signée Jeanne Herry ("Pupille") de la série britannique "Fleabag", Mouche démarre ce soir sur Canal+. Rencontre avec ses interprètes principaux, Camille Cottin, Suliane Brahim et Benjamin Laverhne.

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    Connaissiez-vous Fleabag, la série créée par Phoebe Waller-Bridge dont est adaptée Mouche ?

    Camille Cottin, interprète de Mouche : J'ai découvert Fleabag pendant que j'étais sur le tournage de Larguées à la Réunion il y a deux ans. Ma soeur m'avait dit de regarder la série car elle nous identifiait à l'héroïne et à sa soeur : "C'est nous, il faut que tu regardes !" Mais entre Mouche et Louise, je suis plutôt Louise en réalité... (rires)

    Benjamin Lavernhe, interprète de "Dents de castor" : Moi je ne connaissais pas du tout, je n'en avais jamais entendu parler, et je l'ai vu une fois avant le tournage. Je me suis posé la question de ce qu'il faut voir ou pas, par rapport au rôle qu'on joue, pour ne pas imiter... Mais je crois que ça m'a aidé de la voir quand même, de voir ce qu'apportait l'acteur, ça nourrit un peu. Et puis j'ai adoré la singularité de la manière dont cette histoire est racontée, le ton, le style d'humour très cash, et la galerie de personnages. Il y a ce petit décalage, ce n'est pas totalement réaliste. Et elle (Phoebe Waller-Bridge, ndlr), j'ai cru vraiment que c'était son histoire, apparemment non mais ça paraît tellement intime ! C'est cette précision qui fait que ça parle à chacun d'entre nous.

    Mouche est une adaptation très proche de l'originale; en quoi le fait de l'avoir vu vous a-t-il aidé ou limité ?

    Suliane Brahim, interprète de Louise : Le fait que ce soit en français, notamment; j'ai également vu Fleabag une fois, et le style de jeu anglais est très particulier, c'est différent de l'aborder avec le français. Jouer la comédie en anglais ou en français ce n'est pas pareil, surtout avec des situations comme ça, la langue anglaise est plus mélodique. Il fallait trouver comment aborder les choses différemment au niveau de la langue, et ça nous mettait ailleurs tout de suite. On pouvait s'inspirer du jeu anglais, mais le singer aurait été impossible. Il fallait qu'on trouve notre propre rythme pour les personnages, en particulier dans les scènes à deux qui sont nombreuses, et c'est ce qui m'a plu dans la série. Ça matchait toujours entre deux personnages, et ça on l'avait pour nous.

    Benjamin Lavernhe : Ça marche hyper bien en français. Moi j'ai découvert le texte en lecture et je ne me suis pas du tout dit que c'était une traduction littérale. L'humour est hyper bien retranscris. C'est comme une pièce de théâtre en fait, c'est comme si on avait la chance de jouer un bon texte et des bons dialogues.

    Camille Cottin : Ça arrive de faire des remplacements au théâtre. (rires)

    Benjamin Lavernhe : Et en plus c'est un peu théâtral comme écriture ! 

    Camille Cottin : C'est tiré d'un seul en scène, à l'origine.

    Benjamin Lavernhe : Peu de gens connaissent la série originale ici; je trouve que c'est une super idée de la faire venir en France et de la faire découvrir aussi à une génération. C'est très générationnel; tous les gens autour de moi qui venaient passer le casting était hyper emballés. C'est vraiment une série enthousiasmante pour les acteurs, peut-être plus qu'une autre encore, avec des scènes à deux ou trois, et des dialogues irrésistibles. Elle a beaucoup de poésie aussi, c'est à la fois très cru et hyper délicat.

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    Ce côté cru, parfois trash dans certaines séquences comiques, vous faisait-il peur ?

    Camille Cottin : Je dis que je me fais enc*** dès le début, je joue cartes sur table ! (rires) Moi c'est ce côté trash qui m'avait énormément séduit dans la série. Quand je l'ai découverte en tant que spectatrice, j'ai adoré, et quand on m'a proposé de reprendre le rôle il y a eu une peur, parce que je suis une fan inconditionnelle de cette fille (Phoebe Waller-Bridge, ndlr), de sa plume, de son jeu... Ce qui m'a frappé, c'est la vélocité avec laquelle elle passe de la caméra au personnage, et ce rythme presque à la Feydeau. Donc il y avait l'excitation de jouer une partition superbe, mais avec une certaine appréhension de trahir l'excellence de son travail. Je me suis rassurée en me disant qu'on faisait partie de la même équipe, et le fait que ce soit Jeanne Herry (la réalisatrice , ndlr) qui l'adapte a achevé de me mettre en confiance. Elle avait une idée très précise de la direction d'acteurs et de la cohésion à instaurer, elle a agi comme un chef d'orchestre.

    Benjamin Lavernhe : C'était pas évident de choper le code de l'humour propre à la série dans les premières scènes. Notamment la séquence du bus qu'on a tournée le tout premier jour : on se regarde puis Camille s'adresse à la caméra, et nous on est sensés ne pas la voir, le temps s'étire...

    Camille : Et du coup pendant que je parle à la caméra, tu restes dans le personnage et tu continues à vivre ! (rires)

    Benjamin Lavernhe : C'est drôle parce qu'à l'écran on ne voit pas du tout le partenaire de jeu en galère. Heureusement d'ailleurs.  

    Par rapport à vos personnages, qu'apportez-vous en plus des acteurs originaux ? Quelles sont les différences principales ?

    Suliane Brahim : Tant pour Fleabag que pour Mouche, tous les personnages sont vus de son prisme à elle. On ne quitte jamais son point de vue. Nous étions toujours en interaction avec Camille et sa façon de jouer, la façon dont elle pouvait nous regarder ou parler de nous en aparté, ça agissait sur nous. Le personnage de Louise n'existe que par le regard de sa sœur.

    Camille Cottin : Je n'ai aucune idée de ce que je dégage, et c'est trop difficile de me comparer à Phoebe. J'ai fait de mon mieux pour raconter cette histoire avec ce que je suis et la direction de Jeanne, c'est le résultat d'une alchimie. Mais ce que ça donne, je ne sais pas !  

    Suliane Brahim : C'est aussi une série qui parle des difficultés émotionnelles et relationnelles dans la famille. C'est beaucoup de huis clos, même les personnages qui ne font pas partie de la famille s'y incrustent... On a créé nous aussi notre petite famille, avec Didier Flamand et Anne Dorval, qui agissait sur nous, sur le rythme de chacun.

    Benjamin Lavernhe : Avec Jeanne, on ne parlait que de l'histoire, pas des personnages ou de la fidélité à la série anglaise. On avait ce texte, avec ses codes, ses apartés, et il fallait qu'on joue ensemble cette histoire. C'était ça notre job.

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    La série utilise beaucoup de codes théâtraux; or vous êtes tous les trois passés par le théâtre ou issus d'une formation classique(Benjamin Lavernhe et Suliane Brahim sont résidents de la comédie française). Cela a-t-il été un plus pour vous ? 

    Camille Cottin : C'est vrai que Jeanne elle-même a fait beaucoup de théâtre, je ne pense pas que ça a été délibéré, mais je sais que Phoebe avait joué au théâtre avec Olivia Coleman, et c'est comme ça qu'elle s'est retrouvée dans la série; je savais qu'elle faisait beaucoup de théâtre, qu'elle avait une troupe. Effectivement il y a aussi une parentalité très forte avec le théâtre dans notre casting.

    Suliane Brahim : Je sais qu'au moment de passer les essais, étant donné que je fais principalement du théâtre et moins de télévision ou de cinéma que vous deux, c'est ce qui m'a donné envie du rôle. Il y avait un truc qui me plaisait dedans, et c'était le côté théâtral justement, ce côté sans-gêne, impudique, dans le rapport à l'image, on s'en fout en fait de ce qu'on dégage, ça permet beaucoup de liberté dans le jeu.

    Camille Cottin : Et en même temps, c'est très précis. Il y a quand même une technique et un rythme familiers avec le théâtre. Et l'aparté est un code ultra-théâtral : s'adresser au public, revenir dans la scène... Jeanne était très exigeante sur la précision dans le texte.

    Suliane Brahim : La règle, c'était "texte su". Au rasoir, vous voyez ? (rires)

    Benjamin Lavernhe : C'est à la fois réaliste et surréaliste, justement dans le style de vocabulaire utilisé, dans le langage, il y a des phrases très riches et très crues à se farcir tout en restant crédible et naturel. Le théâtre est toujours une richesse, c'est sûr. 

    Quelles scènes ont été les plus cocasses à tourner ?

    Camille Cottin : Une en particulier dans l'épisode 5 avec Anne Dorval, dans laquelle son personnage parle de son exposition de sculptures à partir de moulages de pénis avec une voix très transparente, puis qui reprend son fort accent québécois pour dire à Mouche de laisser tomber son café, et je n'en pouvais plus de rire. C'est une très grande actrice, et une partenaire merveilleuse de douceur et de professionnalisme. Aussi, je n'avais jamais autant baisé devant des gens et en regardant une caméra ! (rires) Aussi, je suis très sensible à la démarche de Phoebe Waller-Bridge de parler de manière très franche et sans tabou de la sexualité du personnage, mais sans aucune nudité pour autant. Il y a quelque chose de très féministe là-dedans, on va très loin dans le propos mais il y a une vraie élégance dans la forme. 

    Selon vous, Fleabag est-elle représentative de la génération des trentenaires ?

    Camille Cottin : J'ai l'impression que les trentenaires aujourd'hui sont moins ancrés que ne l'étaient les générations précédentes. Professionnellement on peut changer plusieurs fois de métier, les femmes ont des enfants plus tardivement... On prend plus le temps de se construire. En reflétant cela, la série fait preuve de modernité.

    Mouche est diffusée à partir du lundi 3 juin à 21h sur Canal+ puis disponible en intégralité sur MyCanal. Découvrez la bande-annonce :

     

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