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    Certains l'aiment chaud a 60 ans : comment Marilyn Monroe a rendu fou Billy Wilder sur le tournage
    Corentin Palanchini
    Passionné par le cinéma hollywoodien des années 10 à 70, il suit avec intérêt l’évolution actuelle de l’industrie du 7e Art, et regarde tout ce qui lui passe devant les yeux : comédie française, polar des années 90, Palme d’or oubliée ou films du moment. Et avec le temps qu’il lui reste, des séries.

    Les rapports entre Billy Wilder et Marilyn Monroe ont été compliqués sur le tournage de la comédie culte "Certains l'aiment chaud". Pour les 60 ans de la sortie du film, retour sur les déboires entre le réalisateur et la star.

    AGENCE / BESTIMAGE

    Lorsque Certains l'aiment chaud entre en pré-production, Billy Wilder et son coscénariste veulent la chanteuse, danseuse et actrice Mitzi Gaynor dans le premier rôle féminin. Mais Marilyn Monroe a veut du projet et insiste pour obtenir le rôle. Le studio, devant l'intérêt porté par la star, accepte.Une fois Marilyn et Tony Curtis, engagés, il est possible à Wilder de recruter Jack Lemmon pour le deuxième rôle masculin, acteur que le studio jugeait pas assez important pour tenir le haut de l'affiche du film.

    Wilder avait déjà travaillé avec Marilyn sur Sept ans de réflexion (1955) et l'actrice avait fait exploser le budget à cause de ses retards et de son comportement sur le plateau. Dans Certains l'aiment chaud, elle sera Sugar, chanteuse et joueuse de ukulélé accompagnant le groupe de jazz dans lequel sont réfugiés Joe et Jerry (Lemmon et Curtis), pour échapper à la Mafia. Le tournage commence le 4 août 1958 dans les studios californiens de la MGM et de The Lot. D'autres scènes seront tournées à Florida Beach et dans "l'hôtel del Coronado", qui en a depuis fait un argument marketing.

    En 1958, Marilyn Monroe revient à Hollywood après avoir passé un an et demi sur la côte Est pour vivre tranquillement son mariage à l'écrivain Arthur Miller. Certains l'aiment chaud est son premier tournage depuis un moment, mais Billy Wilder va se confronter à nouveau à la Marilyn de Sept ans de réflexion. L'actrice met des dizaines et des dizaines de prises à enregistrer des scènes simples, comme le raconte Jack Lemmon :

    Le comédien reconnaît également que certaines scènes ont à l'inverse été d'une simplicité biblique et que Marilyn n'avait pas toujours besoin de s'y reprendre à 50 fois pour tourner une scène. Mais Billy Wilder, qui n'avait pas un tempérament facile, pestera à propos des journées entières de travail perdues à cause des retards, absences et caprices de Marilyn. Du reste, elle arrive souvent sans connaître son texte.

    Sur le plateau, Marilyn n'est pas seule. Son mari Arthur Miller et Paula Strasberg (confidente et coach de Marilyn) tentent d'influencer la façon dont se déroulent certaines scènes et plusieurs biographes de la star vont jusqu'à dire qu'elle faisait exprès de louper ses répliques afin au final de pouvoir les jouer de la façon dont elle l'entendait.

    Avant la sortie du film, alors que le film est en montage, le réalisateur donne une interview à Joe Hyams dans le New York Herald Tribune dans laquelle il se plaint publiquement des retards de Marilyn, et lorsqu'on lui demande s'il retravaillera avec elle, il est cinglant : "J'ai discuté de cette idée avec mon docteur et mon psychiatre et ils me disent que je suis trop vieux et trop riche pour m'infliger ça à nouveau".

    Ses retards chroniques et son manque de préparation nous ont coûté 18 jours de tournage, des centaines de milliers de dollars et beaucoup de migraines !

    Athur Miller lit l'article et contacte Wilder pour lui demander des excuses. Ce à quoi le metteur en scène lui répond à propos de Marilyn (cité dans Arthur Miller de Christopher Bigsby) : "ses retards chroniques et son manque de préparation nous ont coûté 18 jours de tournage, des centaines de milliers de dollars et beaucoup de migraines" et ajoute "son plus grand problème est qu'elle ne comprend pas les problèmes des autres. Si vous faites un rapide sondage parmi les acteurs et l'équipe au sujet de Marilyn, [vous] verrez son flagrant et accablant manque de popularité".

    Park Circus

    Lorsque le film sort, la critique comme le public sont au rendez-vous, et le film est un succès. Les années passant, Wilder s'adoucira. Dès 1960, il déclare au micro d'Art Buchwald (Herald Tribune) : "[Marilyn] n'est un perroquet. Tout le monde peut apprendre un texte, mais il faut une véritable artiste comme elle pour venir sur le plateau sans connaître son dialogue et pourtant donner la performance qu'elle donne !". Le journaliste lui rappelle alors ses propos précédents, critiques envers l'actrice, et Wilder confie : "j'étais sous l'influence des barbituriques, je souffrais d'une forte tension artérielle et j'avais eu un lavage de cerveau". Et il est avéré que Wilder était souffrant sur le plateau au moment du tournage de Certains l'aiment chaud.

    La hache de guerre sera définitivement enterrée quand bien plus tard, à l'American Institute en 1976, Wilder dira à propos du travail avec Monroe : "Ce n'était pas facile. C'était l'enfer. Mais ça valait le coup une fois que vous projetiez le film". On confirme, Billy.

    La série "Urban Myths" a consacré un épisode aux relations entre Marilyn (Gemma Arterton) et Wilder (James Purefoy) sur "Certains l'aiment chaud" :

     

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