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    Un Si Grand Soleil : le commissariat " avait besoin d'un peu de femmes" pour sa scénariste
    Julia Fernandez
    Julia Fernandez
    -Journaliste Séries TV
    Elevée à « La Trilogie du samedi », accro aux séries HBO, aux sitcoms et aux dramas britanniques, elle suit avec curiosité et enthousiasme l’évolution des séries françaises. Peu importe le genre et le format, tant que les fictions sortent des sentiers battus et aident la société à se raconter.

    Alors qu'un nouveau personnage féminin, la capitaine de police Elise Borrel, a rejoint "Un Si Grand Soleil" fin novembre, Allociné a interrogé l'une des co-scénaristes de la quotidienne de France 2.

    Capture d'écran/FTV

    Le personnage d'Elise, interprété par Malya Roman, a rejoint récemment Un Si Grand Soleil. Avez-vous contribué à son élaboration ?

    Stéphanie Tchou-Cotta, scénariste : J'ai écrit son arrivée au commissariat, mais je n'ai pas élaboré l'histoire - comme toujours c'est Olivier (Szulzynger, ndlr) qui s'occupe de concevoir les grandes lignes des histoires avec son équipe, en revanche c'est moi qui me suis occupée de la dialoguer quand elle est arrivée. 

    Souhaitiez-vous rétablir un peu la parité au sein d'un commissariat très masculin ?

    Oui, c'était un peu trop masculin comme environnement, on avait besoin d'un peu de femmes là-dedans. Le duo Manu/Alex incarné par Moïse Santamaria et Benjamin Bourgois fonctionne très bien, je trouve aussi Yvon Back super dans le rôle de Becker, je trouve que c'est un comédien extraordinaire. Sauf qu'effectivement à eux trois ça faisait beaucoup d'hommes, et par ailleurs la seule femme qu'on avait dans le commissariat, Stéphanie (Rebecca Truffot) est simplebrigadière, et on est obligé pour l'instant d'avoir ce type de personnage-"fonction" qui n'ont pas forcément d'intrigue propre. On voulait mettre une femme flic au même niveau que Manu et Alex, qui soit capitaine; c'était important qu'on redistribue un peu ça. On avait le personnage de Cécile dans l'arène judiciaire (Marie-Gaëlle Cals), mais c'est vrai qu'à l'intérieur du commissariat c'était trop masculin.

    Qui est Elise, exactement ? Quelles sont ses caractéristiques ?

    On est encore en développement sur ce personnage, mais on a établi que c'était quelqu'un qui avait souffert du machisme dans son précédent commissariat, où elle était la seule femme, et qui est donc plutôt remonté contre le sexisme ambiant. Je pense qu'en ce moment on l'est un peu toutes (rires), ça fait plutôt écho à ce qui se passe dans notre société. On l'a présenté comme quelqu'un qui va pouvoir tenir tête à des personnages comme Manu, qui peuvent être un peu machos. Un machisme ordinaire, dont les hommes ne se rendent pas forcément compte par ailleurs, mais auquel on fait face tous les jours. Pour nous c'était intéressant d'avoir ce personnage d'Elise assez remonté là-dessus, et qui n'a pas du tout envie de laisser passer des trucs. Dans les mois à venir, on va également développer d'avantage sa rencontre avec Sofia, et sa vie privée au-delà du commissariat.

    Depuis la fin de sa relation avec Jo (Valérie Kaprisky), Sofia n'avait justement pas eu d'autres intrigues amoureuses. Bilal (Malik Elakehal) non plus d'ailleurs depuis sa rupture avec Simon, or ce sont les seuls personnages LGBT de la série... 

    Oui c'est vrai; après je ne fais pas de différence - et c'est peut être un problème - entre les relations amoureuses selon leur orientation sexuelle. Ce qui fait que je ne me suis pas rendue compte qu'il n'y en avait pas dans Un Si Grand Soleil depuis un moment. Mais effectivement Bilal et Sofia n'avaient personne depuis longtemps ! Mais c'était bien pour nous à ce moment-là de la diffusion que Sofia vise quelque chose de positif qui puisse la projeter vers l'avenir, c'était le bon moment pour qu'elle ait une histoire. Si on n'écrit que des histoires d'amour qui se passent bien on se retrouve vite coincés pour écrire un feuilleton quotidien (rires), mais pour l'instant pour Elise et Sofia ça va être une jolie période. On avait envie d'une histoire un peu longue pour Sofia, et lui associer une histoire d'amour avec l'entrée d'un personnage au commissariat est apparue comme une bonne idée à Olivier Szulzynger, mais il fallait le temps d'installer ce personnage. En revanche, on est pas dans une optique de ne pas installer  un couple homosexuel stable dans la série, nous n'avons aucun problème là-dessus ! Encore une fois, ce sont des questions de timing. 

    Après avoir traité le thème des violences faites aux femmes l'an dernier avec le personnage de Mo, quel recul plus général avez-vous avec la manière dont sont présentés les personnages féminins de la série ? Certains personnages secondaires féminins peuvent être traités de façon assez manichéennes...

    Je ne sais pas si c'est de l'ordre d'un machisme intégré, ou est-ce qu'on raconte juste des histoires ? Ça ne me dérange pas que les femmes soient vénales, rien ne me dérange dans les personnages féminins tant qu'on ne me raconte pas des histoires de petites princesses. (rires) On doit pouvoir faire des personnages féminins fondamentalement libres, qui sont tout aussi complexes qu'Elizabeth Bastide (Chrystelle Labaude) par exemple. C'est mon personnage préféré ! Elle est hyper libre, tout en ayant un rapport débordant de maternité envers son fils... Mais cette liberté a un coût en tant que femme, souvent au prix de la solitude. Mais si Elizabeth ne vit pas des choses qui mettent sa liberté fondamentale en danger, alors on perd quelque chose du personnage. Manon (Mélanie Robert), sa petite-fille, qui est une adolescente forte avec un caractère affirmé, peut ainsi se faire retourner le cerveau par un garçon dont elle est tombée amoureuse. Il faut mettre les personnages féminins en danger, c'est important ! 

    Découvrez la rencontre entre Sofia et Elise dans Un Si Grand Soleil :

     

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