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    Reda Kateb prépare son 1er long métrage sur le Rire médecin : "porter l’éclairage sur ces héros inconnus"
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 12 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    Après le court métrage Pitchoune, Reda Kateb écrit actuellement son premier long métrage, dans lequel il mettra en lumière les clowns de l'association le Rire médecin. Il nous a accordé un premier entretien sur ce projet.

    Bestimage

    5 ans après le court métrage Pitchoune, présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, Reda Kateb prépare un premier long métrage qu'il écrit actuellement avec la scénariste Fadette Drouard.

    Adapté du livre de Caroline Simonds, fondatrice de l'association le Rire Médecin, le film s'intéressera au parcours d'une jeune femme, artiste de cirque de rue, découvrant le travail des clowns professionnels du Rire Médecin. Vite -peut-être trop vite- entrée dans l'association, elle se retrouve à l'hôpital au contact des enfants, des malades, des soignants et des familles, à qui ces clowns tentent inlassablement d'apporter de la joie à travers le jeu. Au gré de leurs rencontres, elle va se reconnecter aux autres, et à son art, laissant infuser en elle l'humanité et l'empathie que le nez rouge lui apporte.  

    Reda Kateb a accordé à AlloCiné un tout premier entretien sur ce projet.

    AlloCiné : Diriez-vous que ce premier long métrage s’inscrit dans la continuité du court métrage que vous aviez fait en 2015, Pitchoune ?

    Reda Kateb : D’une certaine manière, oui, parce qu’il y a toujours des clowns, et parce que le ton est un peu celui que j’aimerais donner à mon film. Mais en même temps, je ne joue pas dedans. J’ai vraiment envie de me concentrer complètement sur l’observation des autres, et la mise en scène. J’avais beaucoup aimé faire les deux dans mon court métrage. C’était cohérent par rapport à l’histoire que je voulais raconter, qui correspondait à des choses que j’avais pu vivre quelques années avant de commencer à faire du cinéma. 

    Ici, c’est un projet qui est beaucoup plus tourné vers les autres. Tout a commencé pour moi à la lecture du livre de Caroline Simonds qui a fondé l’association le Rire Médecin, en France. C’est un livre un peu sous la forme d’une chronique, d’un journal d’une femme clown à l’hôpital (Le Rire Médecin: Journal du docteur Girafe), édité chez Albin Michel). 

    A la lecture de ce livre, j’ai vraiment senti que j’avais des images, qu’il y avait tout de suite quelque chose de très fort, qui a même fait que j’ai mis un certain temps à le lire. Je lisais quelques pages et c’était tellement fort et puissant que je le refermais et j’y pensais. Ensuite, on a noué une relation avec Caroline Simonds que j’ai pu rencontrer. Puis, je suis allé à l’association du Rire médecin assister à des modules de formation chez eux, et j’ai fait des immersions à l’hôpital. J’ai suivi des clowns dans leur journée. A chacune de ces immersions, je savais que j’avais envie de faire un film qui se passerait dans ce milieu là.

    Ces observations ont commencé il y a un an à peu près. Petit à petit, une histoire a germé dans ma tête, et c’est cette histoire que j’ai commencé à écrire. On est vraiment au début du chantier de l’écriture. C’était important pour nous d’officialiser ça. La chose est lancée, le chantier est parti. Mais c’est en même temps assez vertigineux pour moi de me lancer là-dedans. Heureusement, je suis très très bien accompagné. J’ai trouvé une coscénariste, Fadette Drouard, avec laquelle j’ai l’impression qu’on travaille très bien. 

    Je n’avais pas vraiment de velléité à réaliser à nouveau. D’ailleurs, après ce court, j’ai eu quelques opportunités, mais je n’avais pas d’histoire qui me tenait à cœur. Je n’avais pas envie de faire un film pour faire un film.  C’est Robin Boespflug de Pyramide, avec qui j’avais pris un verre de manière amicale, qui m’a demandé si j’avais des projets de réalisation, qui avait vu mon court. Je lui ai dit « non, non, je n’ai aucun projet de réalisation ». Et subtilement, il m’a quand même fait passer ce livre. Il a touché juste, car en le lisant, je me suis dit il fallait que je fasse quelque chose dessus.  

    Diriez-vous que c’est aussi cette période qu’on vit cette année très particulière qui vous a encouragé à avancer dans ce projet, et d’avoir peut être un peu plus de temps devant vous pour vous y consacrer ?

    Tout le monde me disait, si tu as envie d’écrire, c’est le moment. Mais en même temps, j’avais du mal à commencer à écrire seul un scénario. En revanche, j’ai écrit dans ma tête, de manière pas très volontaire, mais comme une chose un peu constante qui m’accompagnait. Je pense avoir un peu construit la colonne vertébrale de mon histoire pendant cette période là. En tout cas, c’est sur cette base là qu’on développe maintenant l’histoire.

    C’est un peu à double tranchant, parce que comme le film va se passer en partie à l’hôpital, des gens me disaient "après cette période, est-ce que tu es sûr qu’on aura envie de voir des choses à l’hôpital ?". Mais cette chose est tellement singulière, unique. Pour y être allé, quand la magie vient par le travail réalisé par les clowns et la réception par les enfants, on n’est plus à l’hôpital. L’imaginaire prend le dessus. Il y a quelque chose de l’ordre du magique qui peut intervenir dans les lieux compliqués, anxiogènes.

    Enfin, il y avait aussi dans la continuité du film Hors Normes d'Eric Toledano et Olivier Nakache, qui a été vraiment une aventure très très forte pour moi au-delà de pas mal de films que j’ai pu tourner, pendant la préparation, le tournage, la promo. Il y avait l’envie à nouveau de porter l’éclairage sur ces héros inconnus, mais qui au quotidien font quelque chose d’incroyable dans le plus grand secret.

    Avez-vous une idée du casting et de la période de tournage, ou est-ce trop tôt pour le dire ?

    Sur la période de tournage, c’est beaucoup trop tôt. Je ne sais pas si l’écriture va aller vite ou lentement, mais en tout cas, je ne partirai pas au tournage sans qu’on ait une feuille de route dont je sois pleinement satisfait. Ca peut aller vite comme prendre très longtemps. Je ne sais pas à ce stade.

    C’est trop tôt également pour parler du casting, même si en fait, pour quasiment chacun des rôles, j’écris en pensant à des gens. Certains savent que je pense à eux. D’autres ne savent peut être même pas que j’existe. J’ai beaucoup échangé avec Eric Toledano et Olivier Nakache. Je me souviens d’un petit documentaire sur eux où ils disaient : "écris en pensant à quelqu’un, de toute façon, tu ne l’auras pas, mais au moins, ça t’aura aidé à écrire". Mais de penser ensemble à des acteurs avec ma coscénariste, c’est déjà être dans une chose commune qui nous inspire.

    Je suis très content d'être parti dans cette aventure, qui est très excitante, et un peu vertigineuse en même temps. On en parle aujourd’hui, et on ne va pas en parler après pendant très longtemps. La prochaine fois qu’on en parlera, c’est quand on aura un film à présenter aux gens !

    #TousAuCinéma - Reda Kateb

    Propos recueillis par téléphone le vendredi 23 octobre 2020 

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