Golden Globes : après la controverse, la HFPA explique ses plans pour plus de diversité

La veille de la Cérémonie de remise des prix des Golden Globes, plusieurs personnalités lancaient sur les réseaux sociaux le #TimesUpGlobes dénonçant le manque de diversité au sein de la Hollywood Foreign Press Association (HFPA). Cette association regroupe 87 journalistes spécialisés dans le cinéma américain dépendant de publications étrangères aux Etats-Unis. Et pas un seul de ces journalistes n'est noir. Une information révélée par le Los Angeles Times suite au tollé des nominations.

La sélection de la HFPA avait en effet été vivement critiquée cette année lors de l’annonce des nominations. Plusieurs professionnels et spectateurs regrettent notamment l'absence de films et séries pourtant encensés comme I May Destroy You de et avec Michaela Coel ou encore Da 5 bloods de Spike Lee, tandis que la série Emily in Paris est nommée dans 2 catégories (Meilleure série musicale ou comique et Meilleure actrice dans une série musicale ou une comédie).

Très vite la HFPA réagit et 3 membres de l'association, présents lors de la remise des prix, avouent que la "HFPA a du travail à faire sur elle-même". Un porte-parole déclare d'ailleurs à Sky News : "Nous nous engageons pleinement à faire en sorte que nos membres soient le reflet des communautés du monde entier qui aiment le cinéma, la télévision et les artistes qui les inspirent et les éduquent. Nous comprenons que nous devons faire appel à des membres noirs, ainsi qu’à des membres issus d’autres milieux sous-représentés, et nous nous emploierons immédiatement à mettre en œuvre un plan d’action pour atteindre ces objectifs dans les meilleurs délais."

Lors de la remise de prix, certains lauréats ont d'ailleurs insisté sur le manque de diversité, à l'instar de Sacha Baron Cohen, récompensé du Golden Globe du Meilleur acteur dans une comédie pour Borat 2, qui débute son discours par un : "Merci à la toute blanche Hollywood Foreign Press!". Lors de son discours de remerciements, Jane Fonda ajoute : "Faisons tous un effort pour que toutes les histoires aient une chance d'être vues et entendues".

Une semaine après la controverse, la Hollywood Foreign Press Association a donné plus de détails sur ses plans d'inclusivité, via un post Twitter : "Nous avons engagé un expert indépendant en matière de diversité organisationnelle, d'équité et d'inclusion pour nous conseiller et nous guider. Entre autres tâches importantes, cet expert vérifiera nos statuts et nos conditions d'adhésion pour nous aider à nous prémunir contre toute pratique d'exclusion et à obtenir une adhésion plus diversifiée."

En plus d'embaucher un "expert indépendant" et de définir des plans de sensibilisation, la HFPA ajoute qu'elle engagera également, à la manière des entreprises hollywoodiennes, un cabinet d'avocats tiers pour "examiner les politiques de la HFPA afin de s'assurer que nous sommes en phase avec les meilleures pratiques de l'industrie et que nous les dépassons dans des domaines critiques". En travaillant avec le cabinet d'avocats, la HFPA cherche à mettre en place "un processus solide" où tout membre peut signaler des violations des normes éthiques ou du code de conduite avec "la certitude qu'il fera l'objet d'une enquête complète et équitable".

L'association souligne enfin : "Notre mission en tant que groupe diversifié de journalistes de plus de 40 pays différents a toujours été de couvrir le divertissement et le cinéma, de faire progresser le travail critique des organisations caritatives liées au divertissement, et d'élever les futurs professionnels du cinéma et de la télévision de tous les horizons, unis par leur passion et leur amour communs pour le cinéma et la télévision.

Mais nous devons faire plus et nous le ferons. Ce sont les premières mesures que nous prendrons ouvertement au cours des 60 prochains jours et nous mènerons d'autres actions sur la base des recommandations issues de ces premiers examens et évaluations. Nous nous engageons à atteindre ces objectifs afin d'accroître la transparence de notre organisation et de construire une communauté plus inclusive."

Les bons mots ne suffisent pas. L'horloge fait tic-tac.

Une déclaration qui n'a, semble-t-il, pas convaincu. Pour preuve, la réaction de la réalisatrice Ava DuVernay qui répond via son compte Twitter : "Le conseil d'administration va donc superviser sa propre réforme ? Le même conseil qui supervise et bénéficie des pratiques actuelles et qui a sciemment perpétué les pratiques corrompues et l'inégalité raciale de la HFPA pendant des décennies ? J'ai compris."

Quelques minutes après le post de la HFPA, la présidente de Time's Up, Tina Tchen a publié une déclaration fustigeant l'association et lui reprochant d'avoir fait trop peu et trop tard : "Donc NBCUniversal (ndlr : les diffuseurs des Golden Globes), Dick Clark Productions et la HFPA viennent de déclarer qu'ils ont un plan pour résoudre les problèmes qu'ils ont ignorés pendant des décennies. Nous n'en sommes pas si sûrs. Au nom des nombreux artistes qui comptent sur nous pour tenir la HFPA en haleine face au racisme, au manque de respect, à la misogynie et aux prétendues transactions financières corrompues des Golden Globes, nous devons voir des détails spécifiques, des calendriers de changement et des engagements fermes. Les bons mots ne suffisent pas. L'horloge fait tic-tac".