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    Afghanistan : "Si je survis, je veux faire un film sur ce que traverse mon pays" confie la réalisatrice Shahrbanoo Sadat
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 12 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    La réalisatrice afghane Shahrbanoo Sadat ("L'Orphelinat", "Wolf and Sheep") livre un témoignage fort dans les colonnes de The Hollywood Reporter. "Si je survis, je veux faire un film sur ce que traverse mon pays" explique-t-elle.

    Capture d'écran / Youtube - La Quinzaine des réalisateurs

    "Si je survis à ce qui est en train de se passer et que j'ai l'opportunité de faire d'autres films, mon cinéma aura changé pour toujours", confie la réalisatrice Shahrbanoo Sadat. Ce témoignage fort est à lire sur le site de The Hollywood Reporter qui s'est entretenu avec la cinéaste afghane, dont les trois premiers films ont tous été sélectionnés à Cannes, et qui s'est fait un nom sur la planète cinéphile.

    Avec Vice Versa One, Wolf and Sheep, et L'Orphelinat, Shahrbanoo Sadat raconte de film en film la vie de son pays, avec un regard de cinéaste qui, jusqu'ici, s'employait à ne pas raconter l'Afghanistan uniquement sous le prisme du drame, et essayait de témoigner d'un quotidien plus ordinaire. 

    A notre micro, au moment de la sortie de L'Orphelinat en 2019, elle en disait davantage sur sa démarche de réalisatrice, ne voulant pas "donner la priorité à la guerre" : "Pour moi c’était vraiment important de parler de la vie des habitants de Kaboul à cette époque (les années 80, Ndlr). Mes précédents films montraient également la vie quotidienne en Afghanistan."

    "Je ne veux pas donner la priorité à la guerre parce que dès qu'on évoque mon pays c’est pour parler de la guerre. Et la vie des habitants, les petites histoires, sont mises de côté au profit des drames. Je trouvais important de parler de la vie des gens qui vivent dans ce pays. Ce qui m’intéresse c’est l’état d’esprit dans lequel sont les habitants et les survivants."

    L'Orphelinat : la vie d'une école en Afghanistan à la fin des années 80

    "J’habite à Kaboul, il s’y passe des tas de drames chaque jour. Quand vous sortez de chez vous, vous n’êtes pas sûr de revenir. On sait tous qu’il y a la possibilité de se faire tuer dans la journée lors d’un bombardement, mais on vit avec" confiait-elle dans un entretien AlloCiné à retrouver ici.

    Aujourd'hui, son regard a changé, comme elle le précise à The Hollywood Reporter : "Je me sens comme si j'observais, je regardais l'injustice et quelque chose de réellement horrible, et je sens que j'ai besoin de mémoriser ce que nous sommes en train de vivre dans ma chair, m'en souvenir pour le mettre dans des films plus tard, de le partager avec le monde. Si je survis à tout ça, je ferais des films sur ce qui s'est passé", poursuit-elle.

    "Vous pouvez faire des films et apprendre du passé (...). Connaitre notre passé est notre seul espoir pour le futur de l'Afghanistan". Et d'ajouter : "j'imagine que s'il y a une chose positive à tirer de tout ce désordre, c'est l'énergie qui nait de cette colère. Je peux faire des films, d'autres peuvent écrire, d'autres peuvent organiser. Il y a tellement d'énergie et nous devons en faire quelque chose."

    Comme le précise The Hollywood Reporter, la priorité de Shahrbanoo Sadat est à présent d'obtenir des informations pour quitter l'Afghanistan avec sa famille.

    La bande-annonce de L'Orphelinat, dernier long métrage en date de la cinéaste, sorti en 2019 :

     

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