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    Star Wars Visions sur Disney+ : pourquoi la culture japonaise est au cœur de la saga depuis le début ?
    Clément Cusseau
    Clément Cusseau
    -Rédacteur
    Après des études en école de cinéma, il intègre la rédaction d’AlloCiné en 2011. Il est actuellement spécialisé dans les contenus streaming et l’actualité des plateformes SVOD.

    Pourquoi la série animée "Star Wars: Visions", développée en collaboration avec de célèbres studios d'animation japonais, renvoie aux origines même de la saga créée par George Lucas ?

    Lucasfilm, Ltd.

    La sortie cette semaine de la série animée Star Wars: Visions est un événement à plus d'un titre. Anthologie permettant à sept studios japonais d'explorer la célèbre saga au travers de neufs courts métrages originaux, la nouvelle production originale Disney+ est également un hommage à la culture nippone, source d'inspiration principale de George Lucas, le créateur de Star Wars.

    Star Wars: Visions
    Star Wars: Visions
    Sortie : 2021-09-22 | 18 min
    Série : Star Wars: Visions
    Presse
    3,8
    Spectateurs
    3,3
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    Dès la sortie du premier opus Un Nouvel espoir en 1977, plusieurs critiques américains ont pointé les similitudes entre son intrigue et celle d’un film japonais alors peu connu du grand public, La Forteresse cachée d’Akira Kurosawa (1958).

    Les deux longs métrages retracent en effet les aventures d’un ancien héros de guerre dissimulé derrière une identité secrète, d’une princesse au caractère bien trempée et de deux compagnons de route picaresques (de simples paysans chez Kurosawa, des droïdes chez Lucas). Une référence parfaitement assumée par le cinéaste américain, qui avouera avoir été grandement influencé par l'oeuvre de son confrère japonais.

    On sait également qu'à l'origine, George Lucas souhaitait confier le rôle d'Obi-Wan Kenobi à Toshirô Mifune, l'acteur fétiche de Kurosawa; face à son refus, le réalisateur avait même tenté de le convaincre en lui proposant d'incarner Dark Vador mais - peu convaincu par le scénario du film - la star japonaise lui avait exprimé en retour un "non" ferme et définitif.

    En 2013, Mika Mifune, la fille du comédien, a révélé dans une émission japonaise que s'il avait accepté le rôle, Mifune serait apparu à visage découvert, laissant ainsi présager un Dark Vador complètement différent de celui que nous connaissons aujourd'hui.

    Comparatif des films Star Wars et La Forteresse cachée :

    Il ne s’agit d’ailleurs pas du seul emprunt fait au cinéma japonais par ce premier opus de Star Wars ; l’armure de Dark Vador est en effet grandement inspirée des tuniques des guerriers samouraïs, tandis que le terme Jedi – qui désigne les chevaliers du côté lumineux de la Force – est dérivé du jidai-geki, genre cinématographique typiquement japonais désignant les productions historiques chevaleresques (sorte d’équivalent de nos films de capes et d’épées). Les tenues des Jedi sont par ailleurs grandement inspirées des kimonos japonais arborés aux 17ème et 18ème siècles.

    La culture japonaise a également inspiré la prélogie

    Lucasfilm Ltd.

    Dans la prélogie, l'apparence de la reine Amidala dans La Menace fantôme est un renvoi direct aux costumes et maquillages du théâtre kabuki. Quant au concept de padawan, les élèves formés par les maîtres jedi, s’il ne renvoie pas directement au vocabulaire japonais, difficile en revanche de ne pas y relever l’inspiration des fonctions du senpai et du kōhai, qui marquent le respect exprimé par un jeune élève japonais vis-à-vis d’un aîné au Japon.

    La souveraine de Naboo incarnée par Natalie Portman a également recours dans ce même film à des doublures afin de pouvoir mener incognito des missions de reconnaissance, notamment sur la planète Tattooine où elle fait la rencontre du jeune Anakin Skywalker. Ce subterfuge lui permet de renforcer son dispositif de sécurité, ses suivantes (incarnées notamment par Keira Knightley et Sofia Coppola) jouant le rôle de cibles publiques puisque l’apparence de la jeune reine sans son maquillage et ses apparats n'est pas connue de ses ennemis.

    Un procédé qui rappelle bien évidemment l'intrigue du film Kagemusha d'Akira Kurosawa ; dans le folklore japonais, le kagemusha était le nom donné au sosie officiel chargé d’assurer le remplacement d’une personnalité lors de ses apparitions publiques.

    Dans le long métrage de 1980, il s'agit d'un simple voleur que l’on propulse doublure du daimyo Takeda Shingen, afin que la nouvelle de sa mort ne soit pas ébruitée aux oreilles des clans rivaux. Faut-il par ailleurs rappeler que Kagemusha est coproduit par George Lucas ?

    Les héritiers de Lucas eux aussi influencés par le Japon

    Lucasfilm, Ltd.

    Le rachat de la société Lucasfilm Ltd. par Disney a-t-il mis fin à cette tradition ? Pas le moins du monde ! Durant la promotion des Derniers Jedi, le réalisateur Rian Johnson a révélé s’être grandement inspirés de maître japonais, Akira Kurosawa bien entendu, mais également Hideo Gosha dont le film Trois Samourais hors-la-loi a eu une influence directe sur les chorégraphies des combats au sabre-laser dans l'Episode VIII qu'il a mis en scène.

    La culture japonaise occupe également une grande place dans le spin-off Rogue One, notamment par le biais du personnage de Chirrut Îmwe campé par l'acteur chinois Donnie Yen, vraisemblablement inspiré par le célèbre bretteur aveugle Zatoichi. Une référence assumée par ce dernier, qui soulignait d'ailleurs dans un entretien accordé à nos confrères de Première la grande tradition des combattants non-voyants dans l'univers des arts martiaux.

    Plus récemment, J.J. Abrams justifiait le retour du casque de Kylo Ren dans L’Ascension de Skywalker en évoquant le concept du Kintsugi, une méthode traditionnelle utilisée pour réparer les bols en céramique à l’aide d’une poudre dorée pour rendre à l’objet son aspect esthétique mais aussi symboliser sa vie passée en célébrant sa "renaissance".

     

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