Mon compte
    HP saison 2 sur OCS : comment rester humain dans un système qui ne l'est plus

    Ce soir sur OCS, Tiphaine Daviot renfile la blouse de Sheila, jeune interne en psychiatrie dépassée par un hôpital en crise et le burn-out de son collègue Jimmy (Raphaël Quenard) pour une saison 2 de "HP" plus sombre et chaotique - plus adulte aussi.

    Après une première saison couronnée du Prix de la meilleure série 26 minutes au Festival de la fiction de la Rochelle en 2018, HP, comédie dramatique créée par Angela Soupe et Sarah Santamaria-Mertens avec la collaboration de Camille Rosset (co-scénariste d'Irresponsable) est de retour pour une saison 2 qui démarre le 4 novembre sur OCS.

    Prenant le relais d'Emilie Noblet à la réalisation sur cette saison (celle-ci se consacrant désormais à une autre comédie, Parlement, pour Francetv Slash), les deux créatrices poursuivent l'exploration intime de leur héroïne, interne débordée par le manque de moyens d'un service psychiatrique rendu exsangue par des consignes de rentabilité absurdes, mais aussi par le burn-out de son co-interne et mentor de la saison 1, Jimmy, terrassé par la pression et une addiction aux benzodiazépines.

    Entre un co-interne interné et un hôpital sous pression financière, comment rester humaine au sein d’un système qui ne l’est plus ?

    "La psychiatrie, c'est un milieu dont on entend jamais parler, c'est un truc un peu honteux et pourtant, dès qu'on en parle autour de nous, tout le monde y a eu affaire de près ou de loin" souligne Tiphaine Daviot, l'interprète de Sheila que l'on a récemment vue à l'affiche du film Fragile d'Emma Benestan ou encore du téléfilm L'Ami qui n'existe pas sur France 2.

    "Autant on a vu beaucoup de séries sur le milieu hospitalier avec des choses assez concrètes à combattre, des virus, des cancers, des opérations, des choses comme ça, autant avec la psychiatrie, on est purement sur de l'humain, et il y a moins de cures "efficaces". On est plutôt sur de l'écoute, de la compréhension, et c'est ce dont parle la première saison : il y a beaucoup d'intuition en jeu.

    Pour l'actrice, cette approche de la psychiatrie dans HP ouvre d'autres horizons sur la notion de norme. "On est dans une société qui dicte ses règles, mais est-ce que ce sont les bonnes ? Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de faire autrement ? On soigne des gens, mais est-ce que ce n'est pas la société qu'il faudrait plutôt soigner?"

    HP
    HP
    Sortie : 2018-12-06 | 22 min
    Série : HP
    Avec Tiphaine Daviot, Raphaël Quenard, Marie-Sohna Condé
    Presse
    3,9
    Spectateurs
    3,8
    Streaming

    "C'est la ligne directrice qu'on a gardé de la saison 1, en essayant d'interroger ça pour tous les personnages, et parler de l'hôpital en crise" pour Sarah Santamaria-Mertens. Une thématique faisant forcément écho avec la crise sanitaire mondiale qui a eu lieu en 2020.

    "Au moment de l'écriture de la saison 2, on parlait avec des internes qui n'arrêtaient pas de nous dire qu'ils allaient craquer, qu'ils n'en pouvaient plus, que c'était difficile. Et ça s'est avéré encore plus vrai avec le COVID qui s'est rajouté par-dessus" ajoute la réalisatrice.

    Signant toujours le scénario des dix épisodes, Sarah Santamaria-Mertens et Angela Soupe ont également pris la direction artistique de cette saison, toutes deux ayant fait leurs armes sur des webséries (Fluide sur Arte pour la première et Les Textapes d'Alice pour la seconde.)

    "Pour la saison 1, ça ne s'y prêtait pas nécessairement et ce n'était pas un problème en soi, mais le fait de réaliser la saison 2 (du à une conjecture d'emploi du temps post-COVID pour Emilie Noblet, nldr) était un bel aboutissement pour nous" se réjouit-elle.

    Cette saison parle aussi une perte de contrôle pour son héroïne, Sheila, qui se laisse transporter par ce qui lui arrive. "Dans sa vie sentimentale, ça a un peu foiré à la fin de la première saison, et sa vie intime en a pris un coup. Les contours de sa vie ont un peu explosé, et là je pense qu'elle se laisse complètement prendre par le métier et qu'elle ne se fie plus qu'à son intuition, alors qu'au départ elle avait tendance à partir de la théorie. Elle se laisse complètement absorber par ça comme un papier buvard, et ne maîtrise plus grand chose", analyse Tiphaine Daviot.

    Au moment de l'écriture de la saison 2, on parlait avec des internes qui n'arrêtaient pas de nous dire qu'ils allaient craquer, qu'ils n'en pouvaient plus, que c'était difficile. Et ça s'est avéré encore plus vrai avec le COVID qui s'est rajouté par-dessus

    Pour le coproducteur de la série, Marc Missonnier, "les digues qui existaient entre patients et soignants craquent dans la saison 2." Une porosité qui se propage jusque dans la mise en scène, plus sombre et chaotique que la saison précédente, avec des néons défectueux qui plongent les personnages dans une semi-pénombre et donne une impression de navire en plein naufrage.

    "Avec ces lumières qui clignotent, on a vraiment voulu faire vivre l'hôpital et ses murs de façon très organique", rapporte Sarah Santamaria-Mertens. "On était beaucoup plus sur un registre de comédie en saison 1, et pour cette saison 2 on a demandé au chef-opérateur de faire en sorte qu'à l'image on aie un rendu beaucoup plus "drama", plus sensuel aussi" renchérit Angela Soupe.

    Car cette nouvelle saison traite aussi de l'exploration de la sexualité de Sheila, confrontée au célibat mais surtout à l'arrivée d'une nouvelle infirmière, Baya, jouée par Holy Fatma, qui va troubler la jeune interne en l'emmenant sur des territoires inexplorés.

    Toujours aidé de leur consultant Clément Latorre, interne en psychiatrie, les deux créatrices ont eu à coeur de garder une part de vraisemblable dans les différentes représentations des patients et soignants illustrés dans la série. "Même si c'est romancé, et qu'on est pas dans Hippocrate, il faut que ça reste crédible et qu'on ne raconte pas n'importe quoi sur le métier de soignant" rappelle Tiphaine Daviot.

    Pour l'actrice, la fiction permet de mettre en lumière un milieu hospitalier méconnu. "Si on peut apporter un autre regard dessus, montrer aux gens comment ça fonctionne et de quoi on y parle vraiment, c'est super."

    "Près d'une personne sur cinq a déjà fait un séjour en hôpital psychiatrique, et pourtant ça reste un tabou", constate Sarah Santamaria-Mertens. "Alors que ce sont des personnes comme nous, et ça peut arriver à n'importe qui."

    HP saison 2, chaque jeudi à 20h40 sur OCS

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Sur le même sujet
    Commentaires
    Back to Top