Mon compte
    Pénurie de salles en Iran

    Le gouvernement iranien se trouve aujourd'hui face à une pénurie de salles, capables de répondre seulement à la moitié de la demande.

    Le cinéma iranien a le vent en poupe. Trois réalisations persanes ont été primées au dernier festival de Cannes. En Iran, les cinéphiles sont de plus en plus nombreux. Mais si la République islamique peut se réjouir de l'aura de son cinéma en occident, le succès du 7e Art en interne est beaucoup plus problématique. Non pas pour des raisons politiques, mais simplement matérielles.

    Les 400 salles de projection, concentrées dans Téhéran et d'autres grandes villes comme Ispahan, Meched et Chiraz, ont une capacité d'accueil globale de 200.000 places. Seulement, ce sont 190.000 spectateurs supplémentaires qui se bousculent au portillon. Et en majorité des jeunes, qui représentent plus de 50% de la population persane. Seifollah Dad, vice-ministre de la culture, a donc annoncé samedi dans le journal du gouvernement qu'il était nécessaire de doubler la capacité d'accueil des cinémas iraniens.

    Seifollah Dad relance ainsi un débat auquel l'Etat iranien avait prétendu offrir une solution l'an passé. Le gouvernement avait alors fait savoir qu'il projetait de construire une centaine de salles de projection. A ce jour, aucune information relative à une quelconque ouverture de chantier n'a été publiée. Et à l'heure ou les multiplexes à néon fleurissent dans nos campagnes, les cinéphiles iraniens se bousculent à l'entrée de salles vétustes...

    La nouvelle avait cependant son importance, puisque depuis la révolution instiguée par Khomeyni en 1979, aucune nouvelle salle de projection n'avait été ouverte. Bien au contraire, certaines des salles existantes ont été transformées en locaux pour accueillir des organismes d'Etat.

    Autre difficulté enfin, les 400.000 cinéphiles ne pèsent pas bien lourd sur 64 millions d'habitants. Public et professionnels comptent sur le soutien du président Mohammed Khatami, qui avant d'arriver au pouvoir en mai 1997, était ministre de la Culture pendant dix ans.

    Ce problème met en lumière tout le paradoxe du cinéma iranien. Secteur artistique le plus créatif du pays, le 7e Art de la République islamique rafle les prix dans les festivals. Dernièrement, Un temps pour l'ivresse des chevaux de Bahman Ghobadi, Djomeh de Hassan Yektapanah – tous deux Caméra d'Or – et Le Tableau noir de Samira Makhmalbaf (Prix du jury) se sont distingués à Cannes.

    M.C.B.

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Commentaires
    Back to Top