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    Sexe et violence à Venise

    Les films de jeudi 30 août ont abordé très frontalement sexe, violence ou encore conséquences d'une guerre. Une entrée en matière résolument noire.

    Alberto Barbera, le directeur du Festival de Venise, nous avait prévenu : le cru 2001 marque le retour vers un cinéma de la réalité. Soochwieen boolmyung (Address unknown) du Coréen Kim Ki-Duk, concourant pour le Lion d'or, traite des conséquences de la guerre de Corée sur les adolescents vivant actuellement dans le pays. "D'après moi, la société coréenne en 2001 est brouillée par la rage et la cruauté à un point tel qu'elle est prête à exploser. Quelle en est l'origine ? Pour essayer de répondre à cette question, j'ai introduit des éléments historiques dans mon travail", confie le réalisateur qui avait été sélectionné à Venise l'an dernier avec L'Ile. Son film suit trois jeunes gens : l'un est le fils d'une prostituée et d'un GI, l'autre a perdu son père pendant la guerre, et le troisième est le fils d'un vétéran du conflit coréen.

    Autre film basé sur la réalité : Bully, lui aussi en lice pour le Lion d'or et qui sera également présenté à Deauville. Le cinéaste Larry Clark (Another day in paradise) a adapté très fidèlement un fait divers survenu en 1993 aux Etats-Unis. Un adolescent, Bobby Kent, se fait sauvagement assassiné par ses camarades. Le cinéaste trace un portrait acerbe de la middle class américaine et n'épargne rien aux spectateurs : viol, meurtre, tournage d'une vidéo pédophile par Bobby avec son soi-disant meilleur ami. En 1995, Larry Clark avait réalisé Kids, un film sur la vie d'adolescents de Manhattan, qui avait été présenté à Cannes.

    Plus léger que les deux précédents, Y tu mama tambien (Et... ta mère aussi !) était le troisième film de la section officielle Venise 58 présenté hier. Le cinéaste mexicain Alfonso Cuaron revient tourner dans son pays après avoir réalisé De Grandes espérances avec Ethan Hawke et Gwyneth Paltrow. Il décrit l'apprentissage sexuel de deux adolescents de 17 ans dont la vie est régie par leurs hormones. L'un, Tenoch, est issu d'une famille aisée tandis que l'autre, Julio, est issu d'un milieu modeste. Lors d'un mariage, ils rencontrent Luisa, la trentaine. Après avoir appris de mauvaises nouvelles, elle décide de tout quitter et de partir avec eux sur les routes à la découverte de la Baie du ciel. Le film, qui a battu tous les records de recettes au Mexique pour un film mexicain en devançant Amours chiennes, est très fin malgré des scènes de sexe assez crues. "Certains vont adorer, d'autres se sentir réellement offensés. Personnellement j'espère qu'il arrivera tout cela. Excités, heureux, contents, amusés, ennuyés, attristés. Je ne crois pas que ce soit une nouvelle façon de montrer le sexe à l'écran... c'est simplement un nouveau point de vue", explique le réalisateur. Le film sortira le 10 octobre en France.

    Faust revisité

    Les deux films présentés hier dans le section "Cinéma du présent" abordent le mal de vivre. Tuhog (Larger than life) du Philippin Jeffrey Jeturian conte l'histoire d'un réalisateur à la recherche d'un succès. Il persuadera une mère et sa fille d'adapter le récit de leur viol par le même homme, qui n'est autre que leur père et grand-père. Le producteur acceptera le projet à une condition : le film devra être du porno soft. Les deux femmes se sentiront trahies et salies. "Jusqu'où le réalisateur va-t-il faire un compromis sur son art sans sacrifier son intégrité ?", questionne le cinéaste. Quant à Hai xian (Seafood), il évoque une prostituée qui essaiera de mettre fin à ses jours. Le film, sélectionné à la dernière minute, est réalisé par le Hong-Kongais Zhu Wen qui avait écrit le scénario de Seventeen years de Yuan Zhang, prix du meilleur réalisateur à Venise en 1999.

    Hors compétition, les festivaliers ont pu voir Fausto 5.0 de Isidro Ortiz, Alex Ollé et Carlos Padrissa. Les réalisateurs espagnols revisitent le mythe de Faust. Fausto, un prestigieux médecin, rencontre Santos, un ex-patient à qui il ne donnait que quelques mois à vivre huit ans plus tôt. Ils partent à la découverte d'une ville rongée par un virus. Cette version diffère radicalement de la confrontation entre le bien et le mal qui caractérise l'oeuvre de Goethe. Faust 5.0 met plutôt en opposition la raison et l'instinct.

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