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    11'09''01: retour sur le 11 septembre 2001

    "11'09''01" ou le point de vue de 11 onzes réalisateurs sur le plus gros attentat de l'histoire moderne. En salles aujourd'hui, le film fait polémique.

    Les Américains avaient sans doute une autre idée en tête que celle choisie par Alain Brigand, Jacques Perrin, Nicolas Mauvernay et Jean de Trégomain pour commémorer les attentats du 11 septembre 2001. Ils ont réunis onze films d'une durée égale de 11 minutes et 09 secondes et réalisés par des grands noms du cinéma international comme Sean Penn, Ken Loach, Youssef Chahine ou Shohei Imamura. Le résultat est 11'09''01 september 11, onze réflexions très diverses autour des évènements.

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    Le producteur Alain Brigand à l'origine du projet est revenu sur la genèse de ce film un peu particulier lors d'une rencontre entre cinq des réalisateurs et le public organisée le 9 septembre à la Fnac forum des halles: "L'idée était de donner un contrepoint au cinéma d'une image télévisuelle choc, de tourner les caméras vers d'autres pays pour voir la réception des événements dans le reste du monde. Le film permettait d'inscrire notre travail dans le temps, d'avoir une distance favorable à la réflexion."

    En quelques semaines, de nombreux cinéastes sont approchés pour former une liste de onze noms de cinéastes venus du mond entier. A l'exception des contraintes de temps et de budget, les réalisateurs sont libres de traiter le sujet à leur manière. Il n'est donc pas étonnant de retrouver les obsessions et le style de chacun des réalisateurs dans ces onze films plus proches de leurs univers que d'une idée commune d'hommage aux victimes.

    Comme l'explique Samira Makhmalbaf, chaque cinéaste avait conscience de n'apporter "qu'un point de vue parmi d'autres", ce qui servi de prétexte à la cinéaste iranienne ainsi qu'à Danis Tanovic, Amos Gitaï et à Idrissa Ouedraogo pour revenir sur les tragédies de leur propre pays. Ken Loach et Youssef Chahine sont sans doute ceux qui sont allés le plus loin en critiquant ouvertement la politique extérieure américaine. Le cinéaste britannique fait un parallèle entre le 11 septembre et le coup d'Etat organisé par le général Pinochet avec l'aide de la C.I.A, le 11 septembre 1973. L'opération avait coûté la vie à plusieurs milliers d'hommes. Quant à Youssef Chahine, il ouvre le dialogue avec un kamikaze palestinien et un jeune égyptien engagé du côté américain au début des années 1980, lui aussi mort dans un attentat terroriste. Le réalisateur égyptien redonne même corps aux deux tours dans le cadre de la fiction de son film.

    Début de polémique aux Etats-Unis

    La présentation du film à Venise et sa sortie aujourd'hui dans une quinzaine de pays a soulevé quelques réactions dans la presse américaine. Un article publié il y a quelques semaines aux Etats-Unis dans Variety avait souligné la présence de plusieurs ségments antiaméricains. Sans avoir vu le film, le New York Post est allé beaucoup plus loin en attaquant Vivendi Universal pour avoir "financé un nouveau documentaire qui défend le terrorisme antiaméricain."

    Si le film est présenté aujourd'hui à Toronto, les producteurs n'ont pas souhaité distribuer le film aux Etats-Unis pour le moment. Alain Brigand tient à respecter "le deuil" des américains qui ne comprendraient pas la vision "décalée" qu'apporte le film sur les événements.

    Sean Penn, le seul américain impliqué dans le projet, s'est pour sa part déclaré très fier d'avoir participé au film tout en ajoutant que "certains des segments les plus critiques étaient les plus intéressants." Il a ajouté par ailleurs que l'Amérique ne se limitait pas à un petit groupe de "trois cents vieux hommes blancs." Claude Lelouch et Danis Tanovic ont pour leur part salué un film "poétique et humaniste plus que politique."

    Boris Bastide

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