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    L'Énergie positive des dieux : comment des jeunes autistes sont devenus chanteurs de rock
    Emilie Schneider
    Emilie Schneider
    -Journaliste
    Amatrice d’œuvres étranges, bizarres, décalées et/ou extrêmes, Emilie Schneider a une devise en matière de cinéma : "si c'est coréen, c'est bien".

    En salles depuis mercredi, "L'Énergie positive des dieux" est un documentaire qui suit le groupe de rock français Astéréotypie, composé de quatre chanteurs autistes.

    La Vingt-Cinquième Heure

    L'Énergie positive des dieux de Laetitia Møller

    De quoi ça parle ? Leur musique est une déferlante de rock électrique. Leurs textes assènent une poésie sauvage. Accompagnés de quatre musiciens, Stanislas, Yohann, Aurélien et Kevin sont les chanteurs du groupe Astéréotypie. Issus d’un institut médico-éducatif accueillant de jeunes autistes, ils dévoilent sur scène leurs univers détonants, encouragés par Christophe, un éducateur plus passionné d’art brut que de techniques éducatives. Leur aventure collective est un cri de liberté.

    L'Énergie positive des dieux
    L'Énergie positive des dieux
    Sortie : 14 septembre 2022 | 1h 10min
    De Laetitia Møller
    Presse
    3,6
    Spectateurs
    3,8
    Streaming

    “Aucun mec ne ressemble à Brad Pitt dans la Drôme”

    Constitué il y a une dizaine d’années à l’Institut Médico-Éducatif de Bourg-la-Reine, Astéréotypie est un collectif composé de huit artistes dont quatre chanteurs autistes (Stanislas Carmont, Yohann Goetzmann, Aurélien Lobjoit et Claire Ottaway - dernière arrivée dans le groupe qui succède à Kevin Vaquero) et 4 musiciens (dont Arthur B. Gillette et Eric Taffany, tous deux membres de Moriarty, et leur éducateur spécialisé, Christophe L'Huillier). Leur troisième album, intitulé Aucun mec ne ressemble à Brad Pitt dans la Drôme, est sorti en avril 2022. Le titre de leur deuxième album sorti en 2018, L’Energie positive des Dieux, donne son nom au documentaire.

    Rencontre

    C’est en mars 2015, au Centquatre à Paris, à l’occasion de Sonic Protest, un festival dédié à la musique expérimentale, que Laetitia Møller a découvert Astéréotypie sur scène. « En les découvrant ce soir-là, j’ai été saisie d’une violente émotion. Ce groupe que je savais composé d’autistes défiait toutes mes représentations. Ils dégageaient une énergie brute. Ils n’interprétaient pas la musique, ils l’incarnaient. » Ce qu’elle voulait avant tout retracer dans ce documentaire, c'était l’universalité de leurs textes : « je crois que ce qui m’a touchée ce jour-là, c’est qu’ils parlaient aussi de nous. Ils parlaient de ce qui nous entrave et de ce qui nous contient, de nos angoisses terrées, de la violence de l’adaptation sociale. Ils portaient en eux un souffle de liberté. »

    Une véritable démarche artistique

    L’autisme n’était pas le sujet premier de Laetitia Møller quand elle a entrepris L’Énergie positive des dieux. Sans pour autant nier son existence, ce qui l’intéressait, c’était la revendication d’une véritable proposition artistique du collectif, qui se produisait dans le milieu de la musique et non dans le réseau médico-social. « Cela les distingue de nombre de projets autour de la culture et du handicap. Je voulais traduire le processus créatif à l’œuvre dans ce collectif, les relations humaines qui y circulent et rendent possible cet affranchissement collectif. » Christophe L'Huillier, l’éducateur spécialisé à l’origine du groupe et guitariste, souligne qu’il ne s’agit pas de musicothérapie : « Entre chanteurs et musiciens, on a le même statut, on est signés sur le même label, payés et déclarés à la Sacem. Dès le départ, on a créé une association indépendante pour faire exister le groupe dans le monde ordinaire, en dehors de l’institution. »

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