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    Here and Now : que vaut la nouvelle série d'Alan Ball, créateur de Six Feet Under ?
    Corentin Palanchini
    Passionné par le cinéma hollywoodien des années 10 à 70, il suit avec intérêt l’évolution actuelle de l’industrie du 7e Art, et regarde tout ce qui lui passe devant les yeux : comédie française, polar des années 90, Palme d’or oubliée ou films du moment. Et avec le temps qu’il lui reste, des séries.

    "Here and Now", nouvelle série HBO créée par Alan Ball ("Six Feet Under", "True Blood"), s'est terminée dimanche soir aux Etats-Unis. L'occasion de faire le bilan de cette première saison. La série est disponible en France sur OCS.

    HBO

    DE QUOI ÇA PARLE ?

    Un professeur de philosophie, sa femme avocate, leurs trois enfants adoptifs (de Somalie, du Vietnam et de Colombie) et leur enfant biologique semblent mener la vie parfaite de la famille progressiste américaine. En réalité, ils connaissent des temps difficiles, car l'un des enfants commence à voir des choses que personne d'autre ne voit. Est-il mentalement malade ? Ou bien est-ce autre chose ?

    ÇA RESSEMBLE À QUOI ?

    ÇA VAUT LE COUP D'OEIL ?

    Le retour d'Alan Ball chez HBO était forcément attendu, après que leur collaboration a abouti à 5 saisons de Six Feet Under et 7 de True Blood. Les premières images faisaient saliver sur une chronique de l'Amérique d'aujourd'hui teintée d'éléments étranges, notamment la présence du signe "11 11" que l'un des personnages semble voir apparaître. Les premiers épisodes sont déconcertants puisqu'ils détaillent l'histoire personnelle de chaque membre de la famille (voire d'autres personnages) avec en guise de conclusion systématique, une manifestation finale et inexpliquée du phénomène 11 11.

    Cela a de quoi laisser pantois, d'ailleurs la critique américaine qui a jugé le show sur ses quatre premiers épisodes est globalement restée sur sa faim, ne voyant pas vraiment où la série voulait en venir. AlloCiné peut vous annoncer après avoir vu les 10 épisodes de cette saison 1 qu'effectivement, ce ressenti se confirme. On retrouve un peu de l'esprit de Lost dans cette première saison de Here and Now, avec des événements étranges survenant, des coïncidences trop troublantes pour n'être que cela et comme dans Lost, on comprend assez vite que les réponses ne viendront pas rapidement. Le final, loin de résoudre quoi que ce soit, ouvre plutôt sur davantage de questions.

    Mais force est de constater qu'il y a plusieurs choses réussies dans Here and Now et il faut saluer le talent de Ball et de ses scénaristes d'avoir réussi à croquer le portrait de cette famille américaine atypique. Elle est très attachante et garde intacte l'attention du spectateur pendant ses dix épisodes. Du reste, dès le pilote (réalisé par Alan Ball), tout est mis en place pour que l'on sache qui est qui et qui fait quoi, ce qui est une prouesse d'écriture assez remarquable.

    Surtout, le show parvient à mettre en avant les questions qui imprègnent l'Amérique actuelle. Le personnage d'Ashley permet d'aborder le racisme, l'antiracisme et l'autodéfense, celui de Duc le rêve américain, Kristen représente une jeunesse qui se cherche et les parents les soixante-huitards/hippies plus ou moins déçus. Déçus de la victoire de Trump et de la façon dont le capitalisme et le libéralisme imprègnent la société. On trouve aussi dans la série des discussions sur l'échec professionnel, la croyance religieuse, la montée en puissance des suprémacistes blancs, la sexualité : Here and Now ne recule devant aucun sujet.

    Deux des personnages les plus intéressants de la série sont le psy joué par Peter MacDissi et son fils Navid, joué par Marwan Salama. En traitant le jeune Ramon pour essayer de faire disparaître ses visions, le psy va constater que Ramon a des flashs de sa vie passée et notamment de sa mère que lui-même avait enfoui. Le mystère sur la nature de ces flashs va perdurer mais l'histoire personnelle et compliquée du psy s'avérer fascinante. De la même façon, son fils, un "genderfluid" musulman portant le hijab, est un personnage inédit dans l'histoire de la télévision américaine. La difficulté qu'il a à simplement vivre sa vie adolescente à quoi s'ajoutent les problèmes avec son père en font l'un des plus captivants de la série.

    Au final, les amateurs de mystères seront ravis, ceux qui aiment les personnages bien écrits et les problèmes de société aussi. Ils sont ici esquissés de belle façon et laissent le spectateur se faire son opinion. Si vous ne rentrez dans aucune de ces catégories et que vous ne supportez pas les questions sans réponse, il est certain que ce show n'est pas fait pour vous.

    Le choix de laisser beaucoup de questions en suspens pour son final est un vrai risque pour Alan Ball, car les mauvaises audiences de sa série (moins de 400 000 téléspectateurs en moyenne par semaine en diffusion "live") pourraient conduire HBO à l'annuler sans autre forme de procès. Les fans militent déjà auprès de la chaîne pour assurer son maintien à l'antenne l'an prochain...

    Greg et Audrey Bayer-Boatwright

    La famille Shokrani (le Dr Farid, Navid et Layla)

    Ashley et Kristen Bayer-Boatwright

    Duc et Audrey Bayer-Boatwright

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