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    Reality+, un court-métrage à la Black Mirror
    Chaïma Tounsi-Chaïbdraa
    Chaïma Tounsi-Chaïbdraa
    -Journaliste streaming
    Experte en binge-watching et plateformes de streaming, Chaïma Tounsi s’amuse tous les soirs à zapper sa télécommande sur Netflix, Disney+, Canal+...

    AlloCiné a rencontré Coralie Fargeat, gagnante des Audi Talents Awars 2013. Elle nous parle de son court-métrage Reality+, ses influences et ses futurs projets.

    AlloCiné : Pour ceux qui ne connaissent pas, pouvez-vous nous parler rapidement de Reality + ?

    Coralie Fargeat : Il s’agit d’un court-métrage de science-fiction. Le film se passe dans un futur proche où il est possible de se faire greffer une puce cérébrale appelée « Reality + ». En agissant sur les perceptions sensorielles, la puce permet de se voir avec le physique idéal que l’on veut refléter. Toutes les personnes équipées de la puce peuvent voir cette nouvelle apparence et inversement. Mais la puce ne peut être activée que pendant 12h par jour. Ce qui va entraîner un certain nombre de problèmes pour ceux qui la portent...

    AC : Comment avez-vous eu l’idée d’un tel sujet ?

    Coralie Fargeat : La course au physique parfait est de plus en plus présente et tyrannique dans la société actuelle. Nous sommes bombardés de messages qui semblent nous dire : hors perfection point de salut ! Je suis marquée par l’obsession et la violence que cela entraîne : des opérations de chirurgie de plus en plus extrêmes, dangereuses et de plus en plus jeunes pour ressembler à un idéal standardisé et uniformisé. J'ai eu envie de projeter cette thématique dans un univers de science-fiction, registre qui questionne justement fortement le rapport à l'humain. 

    AC : Quels sont vos références ?

    C.F. : Je suis une grande fan de films de genre en général et de science-fiction en particulier, des univers qui emmènent ailleurs et qui ont une forte identité visuelle. Pour Reality+ mes références vont des films de Cronenberg (comme eXistenZ) pour ce rapport à l’identité, au corps et à son intégrité, à des films comme Bienvenue à Gattaca, Total Recall, et plus généralement l’univers de Philip K Dick. Des univers qui mélangent justement un aspect technologique ludique à un vrai questionnement philosophique.

    Votre court-métrage pourrait parfaitement trouver sa place dans la série Black Mirror. Connaissez-vous ? Qu’en pensez-vous ?

    C.F. :Je suis flattée de cette comparaison! Black Mirror est pour moi l’une des meilleures séries de ces dernières années. Je trouve la série intelligente et audacieuse, extrêmement dérangeante et sans compromis. De la vraie bonne anticipation qui donne à réfléchir. Elle me rappelle les grandes heures de La Quatrième dimension.

    Quel a été votre parcours avant cela ?

    J’ai toujours voulu être réalisatrice. Après des études à Sciences Po j’ai commencé par être assistante réalisatrice pour des films américains qui ont été tournés en France. J’ai ensuite réalisé mon premier court-métrage, Le Télégramme, qui a été diffusé sur France 2 et a eu une belle carrière en festivals. Puis j’ai été admise à l'atelier scénario de la Fémis pour me former à l’écriture de long-métrage. Avec Reality+ j’ai pu véritablement montrer mes envies de réalisatrice pour la suite: des univers de genre tranchés qui font sortir du quotidien et laissent une grande place à la mise en scène. 

    Olivier Lefèvre

    Vous avez terminé Reality+ en janvier dernier. Où en êtes-vous maintenant ?

    C.F. : Le court-métrage tourne en festivals et je suis en train de terminer l'écriture de mon premier long-métrage. Ce sera un pur film de genre : un "Revenge Movie" à mi-chemin entre Kill Bill et Délivrance... Du sang, du sexe, de la sueur ! Un projet visuellement très excitant et totalement atypique dans le paysage cinématographique français. Le film est produit par M.E.S Productions et Monkey Pack Films et le tournage est prévu au deuxième semestre 2016.

    D’ailleurs, beau parcours que celui de votre court-métrage dans les différents festivals !

    C.F. :C’est une belle récompense de voir que Reality+ est aussi bien reçu partout dans le monde. Il vient de remporter son septième prix à New York (prix international du public au Shnit Festival) et a été sélectionné partout dans le monde (France, Etats-Unis, Japon, Mexique, Italie, Allemagne, Espagne, Danemark, Hongrie...). C’est très encourageant de voir que la science-fiction "made in France" peut rencontrer un public international !

    Avec Reality +, vous avez dû relever beaucoup de challenges techniques

    C.F. :Oui c’était un défi à la fois technique et artistique pour créer un univers d’anticipation impactant et crédible. Les effets spéciaux ont été un gros challenge, il y avait plus de 90 plans truqués ! J’ai travaillé avec une équipe aguerrie. Sébastien Drouin, le superviseur des VFX est un ancien du studio BUF (où il a supervisé des films comme Alexandre d’Oliver Stone ou 2046 de Won Kar-wai). Pour l’ambiance de la ville, je voulais amener l’idée d’une croissance en champignon, un côté étouffant et écrasant avec cette couche d’immeubles futuristes qui surplombe le cœur historique de la ville. Pour ce système d’incrustation dit de « matte paintings » j’ai travaillé avec Charles-Henri Vidaud, qui a donné vie à ce Paris du futur. Enfin il y a eu toute la partie de création des interfaces de la puce. Avec Gilles Pointeau, le motion designer qui a designé et animé les interfaces, nous avons eu la même réflexion que si nous lancions un vrai produit : imaginer une vitrine technologique, interactive et « user-friendly » pour séduire les utilisateurs !  Il fallait que l’ensemble des éléments soit cohérents et à la hauteur pour que le spectateur plonge dans un univers d’anticipation auquel on croit. Au final je me dis que le pari est remporté.

    Dans les coulisses de Reality+

     

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