Avis sur Clean, Shaven

C'est une plongée dans le schizophrénie que nous propose Lodge Kerrigan en voulant nous placer du point du vue du malade. Fatalement son film est dur à la vision car la tentative de restitution des hallucinations du héros nous met forcément mal à l'aise face à un monde que nous n'avons pas l'habitude d'appréhender. Pour soulager sa douleur ou conjurer ses peurs Peter recours à l'automutilation qui est montrée sans ménagement par Kerrigan. Parallèlement au parcours de Peter à la recherche de sa fille, un flic du coin poursuit un tueur en série dont on peut penser qu'il s'agit de Peter. L'intrigue policière n'est pas développée outre mesure, Kerrigan s'intéressant principalement à son personnage central et n'ayant pas fait le choix d'un film de divertissement. Dans son entreprise il est grandement soutenu par Peter Greene acteur de second rôles qui livre ici une prestation en tout point remarquable. Le duo arrive au résultat escompté de mettre en avant une maladie trop souvent méconnue et qui fait peur mais leur film n'est pas à offrir à tous les regards.

Clean, Shaven (1995) est un drame surprenant et atypique qui nous plonge au coeur de la vie tourmentée d'un schizophrène, le cinéaste nous faisant ressentir ces tortures physiques et psychiques (on vit à ses côtés, on ressent ses doutes, ses peurs, ses angoisses, ses frustrations et ses colères), Peter Greene nous offre toute une palette d'émotions, il est à la fois angoissant et impressionnant. La mise en scène y joue un très grand rôle, les dialogues se font rares et les plans s'enchaînent mollement pour mieux nous faire ressentir l'atmosphère lourde et oppressante vécue par le personnage central.
Une expérience visuelle qui devrait sans doute en déstabiliser plus d'un.

Film d'atmosphère, constitué d'images et de sons parasites, plongée inédite dans l'esprit d'un schizophrène... Le concept est plutôt original - bien qu'un peu racoleur - l'intrigue se laisse suivre avec intérêt et l'acteur Peter Greene nous livre une composition purement impressionnante. Pourtant - malgré ses qualités visuelles et dramatiques - le film bascule souvent dans la caricature expérimentale, tourne parfois au procédé jusqu'à se vider de sa substance. Certes les plans sont chiadés, la bande-son non moins recherchée et le montage intelligent... Cela n'empêche pas Lodge Kerrigan de se montrer un tantinet orgueilleux, réalisant son film dans un excès d'autosatisfaction : la fierté du cinéaste se fait sentir presque à chaque plan, semblant d'esbroufe vampirisant son indéniable talent. Clean, Shaven reste un film à découvrir - aussi bien pour sa rareté que pour son sujet traité de manière unique, quasiment dérangeante - preuve que la schizophrénie n'a jamais été aussi secouante. Intéressant.

Peter Winter, un dangereux schizophrène, s'est enfui de son hôpital psychiatrique pour retrouver la fille dont on vient de lui retirer la garde. Torturé par de terrifiantes hallucinations, il sombre peu à peu dans une violence destructrice, s'infligeant les pires sévices physiques...Lodge H. Kerrigan fait entrer le spectateur dans les méandres d'un esprit malade. Clean,shaven est une expérience unique en son genre. Jamais la schizophrénie n'avait été abordé de cette manière. Chaque plan de ce court film (1h15) est une réussite et constitue une piece d'un puzzle qui s'assemble fatalement. Le réalisateur nous fait ressentir ce que pense le personnage principal (incarné par le génial Pete Greene vu dans Pulp fiction et dans the Mask), ce qu'il éprouve et le spectateur essaie par la meme occasion de savoir le pourquoi de ses actes. Par une ambiance sonore exceptionnelle, on est directement plongé dans la peau ce schizophrène et jamais le réalisateur ne lachera le spectateur jusqu'à la dernière image quasi-surnaturelle et incroyablement poétique. Peter Winter est avant tout un etre humain. Un etre humain qui ne ressent plus rien, plus aucune émotion, plus aucune douleur. Pourtant on s'attache à ce personnage si ambigue, gravement malade car sa quete n'est que plus humaine : retrouver sa fille. Clean,Shaven est un film marquant, d'une réalisation glaciale aux interprètes inspirés et impliqués, d'une sensibilité quasi-tactile, aux images chocs qui nous font parfois détourner le regard devant leur caractère cruel. Pas de doute, Clean,Shaven est un des meilleurs films traitant de la schizophrénie. Bouleversant.

pour moi le cinéma est et reste avant tout un moment de délassement, certes parfois, il nous fait prendre conscience de sujets graves, l'intérêt du réalisateur, c'est avant tout, d'arriver à entrainer le spectateur vers cette voie qu'il a crée avec son film, or quel plaisir y-a-t-il à regarder certains films qui ont été faits dans le simple esprit d'ennuyer voire même dégouter le-dit spectateur,et c'est le cas ici avec ce film, un véritable ovni, on arrive jamais à comprendre le propos du réalisateur, tout est fait pour rébuter, heureusement que le film n'est pas long, seul point positif, le cinéma indépendant américain (si ce film en fait partie) est à contre-courant du cinéma classique hollywoodien, c'est parfait quand c'est bien fait, dans le cas contraire, c'est un désastre

"Clean, shaven" est un pur voyage au coeur de la schizophrénie où chaque plan, chaque scène de ce chef-d'oeuvre sont très bien pensés et évoquent plein de choses. L'acteur principal, Peter Greene, est excellent et bluffant. Un film aux scènes fortes, qui ne vous laissera pas indemne. Premier coup de maître de Lodge Kerrigan.

Philosophe par vocation, réalisateur par pragmatisme, Lodge Kerrigan réussit avec Clean, shaven une entrée fracassante dans le cinéma. Filmée du point de vue passablement halluciné d'un schizophrène, cette oeuvre radicale se signale par quelques scènes insoutenables mais, surtout, par son langage purement cinématographique.
Récompense: Fantasporto 1995, Directors' Week Award (Lodge Kerrigan), International Fantasy Film Special Jury Award.
Nominations:Independent Spirit Awards, 1995 et Sundance Film Festival 1994

Clean, Shaven: Impressionnante plongée dans le monde de Peter, schizophrène, ou plutôt dans le monde qui l'entoure et dont il a une perception "biaisée". "L'autre" est un soucis: pour Peter tous les autres nous veulent du mal. Et ce mal il cherche à l'extraire de lui-même (littéralement, avec quelques outils si il le faut d'ailleur).

Chez le flic qui le poursuit, et qui ne connait pas encore Peter il y a aussi cet obsession d'un "autre", présumé tueur de jeune fille, et qui laisse des traces, comme autant de "preuves". Les deux hommes sont liés, et le dernier voyage de l'un entraine inexorablement l'autre dans la folie. A ce propos, belle manière de décrire l'obsession ("Clean, Shaven" le voila ce titre énigmatique) maladive. Cette fois-ci on ne montre pas la folie d'un poursuivant qui ne peut saisir un poursuivit, mais d'abord un poursuivit qui dans son ultime fusion avec son poursuivant met à jour la folie de ce dernier. Pas nouveau dans le fond mais novateur dans la forme.
Qui sommes nous sans ce qui nous pousse à aller de l'avant ? Des âmes perdues nous répond Kerrigan: et la démonstration, en plus d'être envoûtante, et plutôt persuasive.