Première adaptation que je vois d’un classique littéraire souvent porté à l’écran, et je dois dire que je suis tombé sur une comédie assez anecdotique. Le métrage commence plutôt bien, avec le gag que j’ai trouvé le plus drôle du film (le train), sûrement car il est visuel sans chichi. Pour le reste, malheureusement le film n’est pas vraiment passionnant. Je dois dire que le postulat de départ est déjà assez peu clair, mais il débouche ensuite sur une intrigue redondante, qui tire en longueur, avec un peu toujours les mêmes ficelles (personne ne comprend Pryor) et un manque de finesse certain. Le final ne surprendra pas, et en réalité, le film ne réserve aucune véritable surprise car il n’y a aucun autre enjeu que savoir si Pryor va toucher le pactole, et là-dessus, le ton du film laisse planer 0 suspense. Pourtant il y avait des pistes à explorer, des trucs à faire, on sent parfois vaguement que le film essaye de les explorer (le bonheur passe-t-il par le quête des millions ?), mais non, il n’en suit aucune jusqu’à ce que ce soit intéressant.
Malgré son casting de comédiens spécialisés dans le genre, Hill n’arrive pas à diriger ses acteurs convenablement. John Candy en fait des caisses dans un rôle carrément pas exploité, Rick Moranis également est aux abonnés absents dans un rôle tiers, et l’essentiel du film repose sur Richard Pryor. Déjà un peu âgé, malade, fauché et drogué d’après Walter Hill, sa prestation est assez lente, assez molle, ce que son air « goofy » plutôt amusant n’arrive pas à compenser pleinement. On sent clairement que le film avait été écrit pour son « fils spirituel », alors en pleine bourre, Eddy Murphy, et clairement, il aurait apporté beaucoup de peps, de vigueur pour soutenir l’ensemble qui ne profite pas non plus d’une réalisation adéquate. Walter Hill a avoué avoir tourné ce film pour les tunes, et ça se sent. Pas du tout à l’aise dans le registre comique, il n’a aucun sens du gag visuel hormis avec le fameux train, il n’a aucun timing, il ne dirige pas ses acteurs, et l’ensemble est hautement planplan. Même la photo et les décors sont assez banals, et je dirais que le plus amusant c’est d’avoir laissé sa tenue de joueur de baseball à Pryor pendant la moitié du film, ce qui amène à des incrongruités visuels sympathiques. Quant à la bande son, elle est anodine.
Pour ma part, ce film est une comédie anecdotique qui a pourtant été, il me semble, le troisième meilleur démarrage au box office en 1985 aux Etats-Unis. Beaucoup moins dynamique à l’étranger, sûrement car le roman d’origine et Pryor y était bien moins connus, l’ensemble ne présente, à mon sens, qu’un intérêt de curiosité au spectateur d’aujourd’hui. Pas vraiment mauvais, mais pas enthousiasmant non plus. 2