Avis : Lettres d'Iwo Jima - Page 10

Film de guerre crépusculaire et ambitieux, à la fois spectaculaire et intimiste, Letters from Iwo Jima est le complément de Flags of our Fathers, Clint Eastwood optant cette fois-ci pour le point de vue Japonais. Cette version, caractérisée par une superbe photographie décolorée à la limite du noir et blanc, et avec un Ken Watanabe au top, est de loin la meilleure des deux. Super film.

Le grand Eastwood à encore frapper nous livrant un film de guerre intelligent du côté japonais et donc sans la vision classique américaine. En plus de cela, le film est incroyablement réaliste et presque poétique dans sa réalisation sous forme de récit et de lettres et grâce à sa BO discrète mais superbe. Le code d’honneur japonais et l’inutilité de la guerre sont mis en avant dans un film humain émotionnellement touchant. Un des meilleurs films sur la guerre.

Deuxième volet du diptyque consacré à cette bataille déterminante pour le sort de la guerre du Pacifique, "Lettres d'Iwo Jima" sort quatre mois à peine après "Mémoires de nos Pères" consacré au point de vue des Américains. J'avais assez peu aimé le premier opus, reprochant au scénario de Paul Haggis de se perdre dans un va et vient permanent entre la bataille et l'après-guerre, tout cela pour dénoncer de façon bien démonstrative la récupération politique de l'héroïsme des boys.

Le volant Japonais ne tombe pas dans ce travers, et respecte à la fois l'unité de temps et l'unité de lieu. Le film est découpé de façon très classique en deux parties à peu près égales consacrées respectivement à la préparation et au combat lui même, un peu comme dans "Les sept Samouraïs". La première partie permet de découvrir les deux personnages principaux, à l'opposé de la hiérarchie et pourtant unis par le sort réservé à leurs lettres : le général Kuribayashi et Saïgo, le boulanger devenu soldat. Elle nous fait aussi comprendre qu'au delà du sentiment partagé du devoir patriotique et du sens du sacrifice, l'armée japonaise est traversée par des corporatismes (la marine contre l'armée de terre) et des antagonismes (les deux officiers capables de montrer un peu de compassion et d'humanité ayant comme par hasard tous les deux vécu aux Etats-Unis).

Unité de lieu ensuite ; à part quelques flash-back fugitifs, destinés à éclaircir le passé des personnages et à montrer le militarisme et le contrôle policier de l'arrière, toute l'action se passe sur les quelques kilomètres carrés de ce bout de rocher, ou plutôt en dessous, puisque la plupart des scènes se déroulent dans les grottes creusées pour résister au pilonnage de l'île. Ce huis-clos permet de maintenir la tension dramatique, et mon évocation de Kurozawa n'est pas fortuite, si l'on pense par exemple à la communauté de destin entre les sept samouraïs et les défenseurs d'Iwo Jima, ainsi qu'à une façon de cadrer et d'éclairer les visages qui rappelle celle du réalisateur de "Rashomon".

"Mémoires d'une Geisha" était le premier film américain destiné au grand public tourné entièrement avec des acteurs asiatiques, mais il était quand même joué en anglais. Là, Clint Eastwood va au bout de la démarche et "Lettres d'Iwo Jima" vient de recevoir le Golden Globe du meilleur film en langue étrangère. "Tora, Tora, Tora" de Richard Fleisher et Kinji Fukasaku avait introduit la vision japonaise dans un film de guerre américain. Mais l'approche d'Eastwood est encore plus radicale, en consacrant tout un film au point de vue de l'ennemi ; et cette approche est d'autant plus intéressante quand on se rappelle que les Etats-Unis sont engagés aujourd'hui dans un autre conflit. Et quand le réalisateur raconte :"J'ai fait ces deux films en hommage à l'homme moyen. La moyenne d'âge des soldats américains était de 19 ans, celle des Japonais n'était pas très différente", cela renvoie à la jeunesse des soldats envoyés en Irak.

Malheureusement, on retrouve deux éléments qui m'avaient dérangé dans "Mémoires de nos Pères" : la photographie délavée aussi belle que la version colorisée de "La Vache et le Prisonnier", et la caméra parkinsonienne des scènes de combats, figure de style obligée depuis "Il faut sauver le soldat Ryan" (Spielberg est d'ailleurs le coproducteur de "Lettres d'Iwo Jima"). A ces défauts, j'ajouterai le reproche d'un certain manichéisme dans la peinture de l'opposition des bons, dont la nature généreuse se cristallise dans l'aide apportée à un GI blessé, et des méchants qui nous feraient prendre le capitaine Yonoi dans "Furyo" pour un philanthrope. Reste un beau film de guerre, paradoxalement plus américain par son clacissisme que le premier volet, et une vision de la guerre et des ses horreurs filmée au plus près des hommes, général en chef ou simple trouffion.

http://www.critiquesclunysiennes.com/

Mémoire de nos pères était très bon, Iwo Jima est excellent. Une sorte de huis clos où nous suivont les soldats Japonais terrés en attendant l'attaque Américaine. Les acteurs jouent très bien. Un des meilleurs Eastwood.

Encore une fois très classique mais très fort. Différent de son pendant américain, Lettres d'Iwo Jima n'en respecte pas moins ses protagonistes et son sujet. Clint rend compte de l'horreur de la guerre mais surtout de son absurdité, de sa stupidité mais pas forcément de son inutilité ("permettre à nos enfants de vivre en sécurité durant un jour de plus"). Les comédiens japonais ont une force incroyable, notamment évidemment Ken Watanabe en général moderne et humaniste entouré d'officiers aux méthodes archaïques et dépassées. Il n'en demeure pas moins qu'il reste étrange de voir ce film fabriqué par des Japonais mais dirigé par un Américain, dans le style classique américain. Peut-être serait-il nécessaire de voir un film 100% japonais sur le sujet.
Il n'en reste que l'entreprise d'Eastwood est honorable et respectueuse. Bravo à lui!

J'ai trouvé cette vision de la bataille d'Iwo Jima plus réussie que celle du côté américain. Un comble pour un réalisateur américain! Si non, Clint Eastwood a été plutôt bien inspiré pour nous faire ces deux films. Les acteurs sont aussi très bons et la photographie particulièrement sombre est une belle réussite je trouve et impose une ambiance au film.

Grand chef-d'œuvre en vue, magnificence du cinéma américain, Monsieur le réalisateur fait son meilleur, très beau, touchant, sincère, la guerre du pacifique comme vous ne l'avez jamais vu auparavant, ces soldats japonais sous un nouveau jour perçu sous cette angle.
C'est à inscrire, noter-le, ce n'est pas grave, on se laisse pas faire, une réorganisation complète, bonne mémoire d'éléphant cinéphile photogénique, c'est fait et au passé les règlements de comptes américains et japonais, l'amitié cordiale coexiste.

Quelle claque ! Ce film est magistral à tous point de vue. Montrer le coté japonais pour un américain était osé, mais Clint Eastwood n'est pas n'importe qui, et voir que ces japonais ne sont pas que des têtes brulées sans sentiments, mais des humains avec leurs codes et leur honneur, mais aussi leurs peurs et leur amour de la vie et de leur famille, c'est très réussi. Ce film est meilleur que "Mémoires de nos pères", et restera à jamais dans nos mémoires.

Autant j'ai trouvé "Mémoires de nos pères" complétement raté, au moins sur le sujet, finalement sans intérêt (ou purement américain). Autant "Lettres d'Iwo jima" est selon moi un pur chef d'oeuvre. Pour nous occidentaux, il est assez incroyable d'avoir de l'empathie pour "l'ennemi" et ce film est finalement une grande oeuvre humaniste contre la guerre quelque soit le coté ou l'on se place. Le scénario est bien ficelé et tient en haleine même si on se doute de la fin. La photographie est crépusculaire. Les acteurs sont tous merveilleux et charismatiques. Eastwood a évité le coté mielleux des productions hollywoodiennes (Soldat Ryan, Platoon etc.) et montré la guerre telle qu'elle est à savoir une souffrance physique et mentale. Bref, que du très bon. Un grand film. De grandes émotions.

Lugubre. Oubliés sur une île, les derniers samouraïs d'une armée trop ambitieuse nous donnent à tous une leçon d'humilité: D'abord, parce qu'ils nous montrent le courage avec lesquels ils abordent le déshonneur de la défaite. Ensuite, parce qu'ils démontrent que même au coeur des batailles les plus glorieuses, l'ennemi reste un homme capable d'humanité. Le tout dans une réalisation époustouflante. Même les blasés des films de guerre se laisseront toucher, tant il est dépaysant d'observer enfin le conflit du point de vue nippon. Un film pas forcément incontournable, mais certainement passionnant.

Encore meilleur que "Flags of our fathers". Bel hommage aux 30 000 soldats morts lors de cette bataille.

Clint est un maitre du cinema.
Ce film est bouleversant, tristement crédible, et totalement grandiose.
Un chef d'oeuvre.

On m'avait dit de tous les côtés que "Lettres d'Iwo Jima" était nettement mieux que "Mémoires de nos pères", qui m'avait passablement ennuyé, et après vérification par moi-même je confirme. Déjà au niveau de la narration, Eastwood, s'il se permet quelques petits flashbacks, n'en fait jamais trop dans ce domaine, contrairement à l'autre film du diptyque, et préfère à juste titre faire preuve de simplicité. Ensuite, on a un point de vue très passionnant car quasi-inédit où on voit Iwo Jima à partir des japonais, variant en plus les personnages "choisis" du récit qui va du simple soldat jusqu'au général, et permet de nous faire mieux voir leur mentalité totalement différente de la nôtre. Le jeu des acteurs, le spectaculaire, parfois à couper le souffle, de la mise en scène et la densité de cette dernière ainsi que quelques séquences très puissances font le reste.

Un superbe film sur la bétise de la guerre. Il montre un fois de plus que les hommes sont les mêmes partout et cet abord aussi juste par le côté japonais est inédit de la part d'un réalisateur autre qu'asiatique. Encore bravo à monsieur Clint qui nous sert là le second volet de son dyptique plus orienté sur les combats que le premier mais aussi plus cru et dur. Le bushido (la voie du samouraï) est très présent et l'embrigademment, la dévotion et le patriotisme japonais apparaît très nettement. Un pur moment de plaisir.

"Lettres D'Iwo Jima" est donc la seconde partie du dyptique réalisé par le maître Clint Eastwood sur la guerre d'Iwo Jima. Il faut tout d'abord signaler que ce second volet est bien supérieur au précédent.
Cependant, le même défaut persiste. Celui-ci étant la longueur excessive de ce film. Tout d'abord, le film met du temps à démarrer. Dès que la guerre commence, le spectateur est pris par l'histoire et ne pense donc plus au temps qui passait lentement avant. La fin est elle aussi, comme dans "Mémoires De Nos Pères", un tout petit peu trop longue.
Désormais, passons aux qualités qui sont vraiment très nombreuses dans ce film. La réalisation est vraiment parfaite. Cette fois-ci, l'ennemi est à découvert mais cela le rend encore plus effrayant que lorsque c'était les Japonais, l'ennemi. Clint Eastwood ne prend encore une fois pas du tout position pour l'un des camps. Il montre toujours l'inutilité et le caractère stupide de la guerre. Son message passe beaucoup mieux que dans le premier volet, la sensibilité est ici plus importante. Les scènes de guerre n'ont vraiment rien à envier aux grands films de guerre. Elles sont vraiment stupéfiantes et remarquables.
La lumière est encore très travaillée et est dans le teint jaunâtre. Elle colle tout à fait au film, couleur des vieilles lettres...
Enfin, ce film vaut aussi pour la fantastique interprétation de Ken Watanabe. Il prouve vraiment qu'il est le meilleur acteur japonais et est d'une justesse incroyable. Il est vraiment un très grand acteur.
Clint Eastwood signe donc avec "Lettres D'Iwo Jima" un très beau film, bien supérieur à la première partie.