The Edge of Love est un film britannique de John Maybury, qui a également réalisé The Jacket, et c'est donc sa deuxième collaboration avec l'actrice Keira Knightley. Le film est passé totalement inaperçu en France, sorti dans nos salles le 17 novembre dernier, facilement un an après sa sortie en Angleterre (je n'ai pas les dates exactes). Un film relativement ennuyeux et assez peu touchant. Un "Reviens-moi" revisité mais un peu loupé, même s'il contient de très bonnes choses au début mais surtout pendant les 40 dernières minutes, bien dramatiques. La première partie nous présente un peu les personnages. Les tons sont vraiment jolis à voir, on est au début des années 40 et l'ambiance (décors et couleurs) est très représentative. Les couleurs donnent un ton sépia pendant la majeure partie de ce début de film. Keira Knightley interprète Vera Phillips, une chanteuse de cabaret qui joue dans le métro tous les soirs. Le film démarre d'ailleurs là-dessus, avec une lumière entièrement concentrée sur la bouche pimpante de l'actrice, ce qui fait assez bizarre. L'ambiance colle parfaitement à l'époque, c'est clair, mais c'est assez étrange de voir l'actrice dans un tel rôle, à la fois très élégante et un peu précieuse. Un rôle qui ne lui va pas très bien (son jeu est plutôt quelconque), mais qui n'est pas non plus invraisemblable. Il faut bien l'avouer : ce n'est guère palpitant. Et pourtant, ça reste assez original et le talent de Sienna Miller est à l'honneur, elle surpasse largement Keira Knightley dans le rôle d'une femme un peu jalouse et malheureuse. Car évidemment, Caitlin est méfiante et même si une belle amitié s'est créée entre elle et Vera, celle-ci constitue une rivale pour son couple, d'autant que Dylan semble montrer des signes de nostalgie à l'égard de son premier amour. Bref, une histoire banale et qui n'a pas beaucoup d'intérêt. Le seul passage vraiment magnifique de cette première partie est le moment où le bar dans lequel se trouvent nos quatre personnages s'effondre. On a droit à un passage que j'ai trouvé sublime notamment grâce à la photographie (ces tons de couleurs sont vraiment magnifiques), lorsque William "tire" Vera de sous un cadavre et qu'ils parlent quelques instants à l'écart de la pagaille. Un passage pas tellement extraordinaire au niveau des dialogues, mais je ne sais pas, j'ai été touché par je-ne-sais-quoi, probablement cette beauté de l'image. Quoiqu'il en soit, William part à la guerre et on entame la deuxième partie du film qui elle, est clairement chiante. Pendant 20 minutes, on voit évoluer les relations entre Vera/Dylan/Caitlin et c'est terriblement fade. Les émotions ne passent pas, le scénario s'endort tranquillement et je me suis même dit "quand un réalisateur ne sait pas quoi raconter, voilà ce que ça donne !". Bien évidemment, tout ce passage sert de transition afin de nous faire revenir rapidement William de la guerre, mais quelque chose de plus passionnant aurait pu être travaillé. Cette partie vaut surtout pour l'interprétation de Sienna Miller, assez touchante (en tout cas, c'est elle qui fait passer le plus de choses). Pour le reste, à part un bref passage où on voit William se battre contre l'ennemi et participer à quelque chose de traumatisant, on n'a pas grand chose à se mettre sous la dent. Dylan Thomas est un personnage très peu intéressant, avec une fadeur qui n'a d'égale que le jeu d'acteur de Matthew Rhys, un assez mauvais élément du casting (je trouve). Bref, je ne vais pas débattre plus longtemps : c'est lent, même si ce n'est pas insupportable ni interminable comme je l'ai souvent lu. Ca passe quand même assez vite parce qu'on a envie de savoir comment ça va finir. Et c'est donc à partir de 1h05 que ça devient vraiment bon (alors qu'il ne reste que 40 minutes). Et finalement, cette heure n'aura servi qu'à donner de la profondeur à cette fin de film, qui est quand même honorable grâce au talent de Cillian Murphy. Cet acteur est excellent, d'un bout à l'autre du film, mais surtout à partir de cet instant. Le gars William revient de la guerre et le film aborde un sujet assez peu exploité au cinéma : le traumatisme après-guerre. Il est traité ici de façon exemplaire, touchante et poignante. Ca a en tout cas été mon ressenti. L'acteur est tout simplement troublant et émouvant dans le rôle d'un homme totalement détruit psychologiquement par ce qu'il a vu et ce qu'il a fait. Cette dernière partie du film est vraiment géniale, passionnante et tendue. Cillian Murphy, je me répète, est épatant et son personnage, complètement perdu, est attachant. Il est juste dommage que le film ait eu besoin de prendre 1h05 pour en arriver là. Il y avait matière à faire quelque chose de mieux, même si je n'ai pas trouvé le film désagréable (du tout). Par contre, je suis étonné qu'avec ce casting incroyable le film soit passé aussi inaperçu. Et même s'il traîne en longueur, il a son charme et ses atouts.