À l'apogée de son art avec le succès des Frissons de l'angoisse, Dario Argento sort ce qui sera le premier volet de sa "Trilogie des Trois Mères", le désormais culte Suspiria. J'entame donc le film, avec cette fameuse première scène culte où les deux étudiantes se font massacrées par une main sans visage, le tout dans une violence inouïe. Je l'avoue : cette scène est oppressante, terriblement bien filmée et esthétiquement quasi-irréprochable, bien que je ne supporte pas le sang chez le metteur en scène italien, bien trop gouache étalée. Par ailleurs, le sang, et plus particulièrement le rouge en lui-même, est un symbole omniprésent dans le long-métrage : les décors, l'hémoglobine, les couleurs, l'atmosphère, les allusions... Tout est rapporté au rouge et ce, dans une totale grandiloquence. La musique est vraiment magnifique, orchestrée par le groupe Goblin, cher à Argento ; à la fois poétique, inquiétante et terrifiante, elle fait partie intégrante du film. Cependant, le film se retrouve souvent infligé de dialogues ridicules qui plombent le rythme d'un burlesque involontaire, et ce qui est pour beaucoup un point d'orgue dans Suspiria, je trouve personnellement que les essais baroques de Dario Argento rend le film quelque peu incrédule et aurait ainsi bénéficié de meilleurs décors, plus sobres et moins emphasés. Mais après mûre réflexion, cela donne un charme au film. Pour ce qui est du scénario, il est à la fois banal mais prenant, original et suranné malgré un montage quelque peu étiolé. L'interprétation n'est pas très convaincante, le plus souvent surjouée comme dans une pièce de théâtre. Car au final, le long-métrage est un peu une pièce de théâtre filmée dans des décors très baroques, écarlates, démesurés. Au final, malgré ses défauts et ses trente ans passés, Suspiria reste effectivement un grand film de peur qui a sa place dans le cinéma dit 'culte'.