Avis sur Love Away

J'aurais aimé aimer. Mais non. J'aurais aimé aimer parce que Gael García Bernal et Michelle Williams sont deux bons acteurs, que je ne connais pas le réalisateur mais apparemment il a fait des bons films auparavant... Mais bon, Mammoth est une lourde déception. Le film se divise en trois parties : une à New York ; une en Thaïlande et une aux Philippines. Le réalisateur suédois tente donc de capter trois atmosphères bien distinctes dans trois pays qu'il ne connait pas. Et ça se sent. Car moi non plus je ne connais pas les Etats-Unis, la Thaïlande et les Philippines, mais bon, ce qu'il filme est quand même parfois embarrassant.
La partie à New York est peut-être la plus réussie. Enfin, je m'explique, la moins pénible. Parce qu'on y suit vainement les mésaventures d'une mère, de sa "femme à tout faire" et de la fille de la mère. Le metteur en scène cherche vainement à installer une sorte de nostalgie et d’amertume là dedans (la mère qui voit son fils s'éloigner car elle travaille trop ; elle a du mal à rester insensible face à l'horreur quotidienne qu'elle doit vire à son travail - elle bosse dans un hôpital) et je pense que Moodyson cherche à nous montrer comment une femme se retrouve, soudainement, le temps de l'absence de son mari, complètement perdue, paumée dans une ville - New York - presque déshumanisée. C'est un peu raté, mais au moins, ça mange pas de pain, c'est pas désagréable. C'est la partie la plus réussie car la culture de Moodyson est, à mon avis, plus proche de celle-ci et cette histoire aurait pu être racontée dans n'importe quelle grande capitale européenne - mais c'est vrai qu'avec New York ça en devient décuplé.
Bref, passons. Ensuite viennent les deux parties qui se passent dans des pays un peu plus éloignés : la Thaïlande et les Philippines. Là, on devient vite embarrassé. On dirait un catalogue photo de ce qu'on aimerait ne plus voir dans les films qui se passent là bas. Je ne sais pas ce qu'il faut retenir des réflexions proche du néant de Gael Garcia Bernal. Son arrivée en Thailande ressemble à une sorte de sous Lost in translation (il est perdu dans son grand hôtel, on lui envoie une "masseuse" etc...) jusqu'à ce que cela devienne un remake des vacances de l'amour, vu que le jeune homme décide de partir passer quelques jours sur une cabane en bois, sur une plage, dans laquelle il aura une aventure avec une jolie thaïlandaise du coin (je n'ose même pas m'aventurer sur cet imbroglio impressionnant sur comment la fille tient à tout prix à revoir Gael etc etc.).
Enfin, aux Philippines on voit la vie des deux garçons de la "femme à tout faire" de la mère (faut suivre !). Je ne sais pas quoi dire, j'ai trouvé que les histoires de tourisme sexuel, de misère affective, de misère sociale, de misère tout court, c'était assez embarrassant. Je ne pourrais rien dire de plus, c'est pas que c'est con de raconter ça, c'est juste que c'est terriblement mal fait, on y croit pas une seconde, on a l'impression que Moodyson a ouvert son livre de géographie sur les Philippines et s'est dit qu'il allait mettre tous les problèmes du pays condensés en 30 minutes (c'est la partie qu'on voit le moins je pense) et puis basta, avec ce qui me gène le plus dans le film, des réflexions vraiment très très pauvres et surtout très attendues.
Bref, à part la première partie pas trop désagréable le reste est vraiment embarrassant.

Tout à fait surpris que ce film n'a pas mérité une très grande distribution.

Quand tant de films inutiles, bidons et des navets comme Project X,le The Spring Breakers, ou C'est compliqué, gagnent de l'argent, il est vraiment triste que ce film est passé complètement inconnu.

Voyez ce film et vous comprendrez mon incrédulité. Ok, ce n'est pas un chef-d'œuvre, mais le fait demeure que c'est l'un des films décents j'ai vu ces derniers temps.

Peut paraitre long, mais porteur d'un message diffus sur la futilité de la course à l'argent dans les pays riches alors qu'une question de survie dans les pays pauvres. Dans les deux cas, l'oubli de la vie de famille, des valeurs essentielles, que la réalité cruelle ramène à la surface, pas assez longtemps cependant pour décider aux vraies (et radicales) réorientations de vie.
Certains y arrivent, mais en général, la majorité sacrifie sa vraie nature au confort douillet et aliénant du matérialisme moderne.

Je suis très étonné de voir qu'il n'y a toujours pas de critiques pour ce film. J'ai passé un très bon moment, je me suis pris d'affection pour les personnages, Michelle Williams est parfaite comme toujours, on voyage beaucoup et une très bonne BO. A voir.
7 nominations à la Berlinale et même pas sorti au ciné.. tsss